Je terminais mon discours les félicitant à nouveau. Puis, après quelques mains serrées je quittais l'amphithéâtre, retournant aux devoirs qui m'appelaient, il me restait encore beaucoup à faire.

Comme une grande partie des Outsiders, ou tout du moins je l'imaginais, je me dirigeais vers l'amphithéâtre situé au niveau -2. Pas vraiment par intérêt ni par obligation, mais plus parce que je n'avais rien d'autre à faire. De plus, quelque chose me chiffonnais. Ce "débriefing" sonnait faux dans mes oreilles. Si c'était un débriefing, pourquoi le rendre publique ? L'intérêt de ce genre de chose, c'est de le faire avec les membres de la mission, pour cibler ce qui était bien, ce qui devrait être amélioré, discuter des risques qui ont été pris et des actions dangereuses à ne surtout pas reproduire. Non vraiment, la raison pour laquelle tout un chacun pouvait y assister était bancale. Qui plus est, j'avais entendus des rumeurs comme quoi la mission d'intégration avait un peu foiré. Sur les sept membres qui composaient l'escouade lorsqu'elle avait quitté le bunker, la doc était revenue blessée, et trois n'était plus que des cadavres laissé à la merci des éléments et des charognards. Du moins, c'est ce qui disait.

C'est en partie pour savoir mais davantage pour tuer mon ennuie pesant et oppressant que j'avais pris la décision de me rendre à ce "débriefing". Je croisais beaucoup de monde, mais que des têtes qui me restaient toujours inconnues pour le moment. J'avais beau vivre désormais dans un environnement clos, je ne connaissais pratiquement personne. Le monumental blockhaus était constamment agité comme le serait une fourmilière. Les couloirs étaient remplis de va-et-vient incessants. Cette animation se faisait d'autant plus vive lorsque la reine était de sortie. Le seul moment où la ruche se calmait, c'était la nuit. On ne pouvait prendre du repos qu'en cette période.

Après avoir parcouru les couloirs de béton, je finis par arriver dans l'amphithéâtre. On ne pouvait pas dire qu'il y avait foule, mais on ne pouvait pas non plus affirmer que l'opération de com' du président était tombée à l'eau. La salle était comme le cerveau d'un militaire, presque vide. Des petits groupes disposés dans les gradins les remplissaient de façon disparate. Je choisis de m'installer à une place libre, loin des groupes formés, ce qui ne manquait pas. Vers le bas, proche de l'estrade, se trouvait un petit groupe de personnes dont l'un avait le bras en écharpe. Je pensais devoir attendre et me préparait à me battre contre l'attente mais le président fit irruption au bout de quelque minutes. Il se plaça au centre du podium et se mit à parler.

Je l'écoutais prononcer son discours ressemblant un peu à celui d'un politique. Avant de s'attarder sur les héros éphémère, il cita les objectifs accomplis avec plus ou moins de succès. Il évoqua le fait que notre champ des possibles se trouvait grandement agrandie grâce à cette mission. Ensuite, Il prit les cas des membres un par un. Mis à part le premier, qui avait l'air d'être le chef et dont le rapport semblant mitigé, le reste de l'escouade fut louanger par le président. Wayne Holden, Eleonor Edvarsen, Linh Rivera, John Carver. Ces noms appartenaient à ceux qui avaient été des premiers à avoir été de nouveau à la surface après la catastrophe. Cependant, ce qu'il dit concernant Jane Anderson me fit tiquer. La façon dont il avait tourné ses phrases laissait penser qu'elle ne faisait pas partie du Bunker A et qu'elle venait d'un autre abri. Après avoir finis de parler de la nouvelle, il se mit à citer le nom de ceux qui était morts à l'extérieur.

"Zélie Calstrein, Alexie Jensen, Arthur Blackbird. Nous nous rappellerons de ceux qui sont tombés, et continuerons le combat en leurs mémoires."

Même si l'intention était estimable, cette phrase sentait à plein nez l'opération de communication. Bientôt on se retrouvera avec des affiches "I Want You !" placardé sur les murs. Le président autoproclamé descendit de l'estrade et se dirigea vers le rang où se tenait l'escouade. Il serra les mains par pur protocole avant de sortir et de disparaitre. Le "débrief" semblait terminé. J'espérais pouvoir discuter avec quelqu'un, puisque ce récital de texte n'avait pas comblé mon ennui.

Jane ne comprenait pas le sens de ce qu'elle voyait. Elle avait été emmenée contre son gré dans une salle pour subir un discours aussi inutile que vide de sens. Elle aurait voulu se faire plus discrète pour en savoir le plus possible a propos du Bunker A. Elle connaissait bien la ville pour l'avoir parcourue plusieurs fois à la recherches de ressources particulières, mais la position excentrée du bunker A lui garantissait un certain anonymat. En fait de la d'ou elle venait, on avait émis l'hypothèse que ce bunker serait habité, et on ne l'avait pas pillé. Cette hypothèse se confirmait, et elle avait l'opportunité unique de découvrir de l’intérieur l'état d'avancement dans lequel évoluait cet proie/alliance potentielle. Les gens étaient sans armes, ne semblaient pas mourir de la faim, l'extraction d'eau semblait fonctionner, et elle avait commencé a se faire mentalement une carte stratégique des lieux. Poche de résistance potentielles, culs de sac, ressources a voler, tunnels a effondrer, ou placer des charges pour gagner un avantage stratégique certain.

On parla d'elle

Jane Anderson, tout d'abord je suis navré d'avoir appris que l'état de votre collègue c'est empiré, en espérant qu'il se remette rapidement de sa convalescence. Nous sommes cependant très heureux d'enfin pouvoir entamer un dialogue positif avec d'autres survivants. Et n'ayez craintes, le temps que la tempête se calme, vous serez ici notre invitée au Bunker A, une chambre vous sera également attribuée.

Elle grimaça un sourire forcé, et salua militairement. Autant leur faire croire qu'elle était une figure d'autorité, cela pourrait lui être utile. Elle avait son uniforme militaire galloné qu'elle portait sous sa combinaison. cela ferait illusion.
Il y eut quelques murmures,puis le discours prit fin.

Tout ceci n'avait aucun sens. On avait félicité une demi escouade d'avoir perdu l'autre moitié. La mission était u échec cuisant selon elle, et la raison même de ce discours en public l'agaçait. Elle regarda autour d'elle, la moitié des personnes étaient des jeunes qui avaient les cheveux teints avant de venir, désarmait décolorés, ils semblaient tous tatoués. Il y en avait même qui portaient des accessoires inutiles. Un type avait la moitié du crane rasé dans une coupe burlesque, Le doc qu'elle avait rencontré en mission était une gamine qui n'avait jamais du finir ses cours et devait être inapte au combat, il lui sembla voir dune dent de requin sur un grand dadais a l'air fier, un binoclard un peu bedonnant dégageait une odeur de thé. Pas un seul bon croyant dans cette assemblée dégénérée qui ne semblait pas au fait qu'au dessus d'eux le monde s'était effondré. Tout ça était risible. Elle sourit malgré les regards dérangés posés sur elle.
Elle avait regardé les plans, il n'y avait pas de chapelle, si elle en trouvait l'occasion, leu monde aussi s’effondrerait. Elle regarda la ventilation. Il faudrait idéalement saboter le filtrage d'air, tout le monde mourrait sans effusion de sang, et toutes les ressources pourraient être récupérés.

Une gamine au chaveux gras tira sur sa manche.

- "Madame, Madame, il y a des enfants de votre maison ? Je peux aller jouer chez vous ? "

Son animosité relative s'évanouit. Cette enfant avait le même regard que sa fille, la même innocence. Personne ne lui avait expliqué ce qui se passait dehors semblait-il. Jouer dans sa maison? Elle faisait surement référence au bunker. Elle se dérida naturellement.

J'ai une petite fille de ton age, elle est trop petite pour sortir jouer dehors, mais tu peux lui écrire une lettre si tu trouves de quoi écrire, ça te plairait?

Ses plans guerriers s'était évanouis devant le sourire de la petite fille, elle n'avait pas revu ses projets, mais dans l'instant, elle flanchait devant le visage sale de l'enfant. Cela ne dura pas, Jane n'était pas faible. Il faudrait la tuer aussi. Son sourire se figea.