Je ne m'entrainais que depuis une demi-heure lorsque mon entraineur fût appelé par un gradé. Je ne voyais pourquoi lui et pas un autre et ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Résultat, je n'ai fait qu'une toute petite partie de mes exercices. J'avais besoin de me défouler et ne pas pouvoir le faire me mettais en rogne. Avant de voir ce que j'allais faire, je décidais de faire des exercices de gainages. Au moins, ça m'occupera un moment. Pendant une quinzaine de minutes, je fis travailler tous les muscles de mon corps, et surtout les abdos. Durant ce laps de temps, d'autres binômes d'Outsiders et de coachs continuaient à s'entraîner au combat. Et ce sans aucun sexisme. Une femme pouvait entrainer un homme et inversement. On avait besoin des qualités de tout le monde. Ils enchainaient les prises et les coups avec plus ou moins de réussite et de fluidité. Les coachs encourageaient les Outsiders, leur faisais part de observations, corrigeant les erreurs qu'ils font en leur montrant le bon geste.

Je m'étais assis et je les regardais se battre. Mon regard passait d'un groupe à un autre, sans que je m'y attarde bien longtemps. Alors que j'allais renoncer à rester là à rien faire, quelque chose attira mon attention. Dans un des binômes, un enfant était en train de flanquer une correction à un entraineur faisant deux têtes de plus que lui. Il lui mettait coup sur coup sans qu'il puisse l'attraper. Je ne comprenais pas. Un enfant ne peut pas être un Outsider. Après réflexion, ce n'était un enfant mais un jeune adulte. Plus jeune que moi. Sa peau était blanche comme la neige. Avec des pointes de rouges un peu partout. J'étais intrigué. Ce garçon avait piqué ma curiosité.

Le p'tit gars battait sans grandes difficultés le gars qui, face à lui, avait des airs de colosse. Bien évidemment, il ne disposait pas du tout de la même force ni la même masse musculaire que son adversaire. Sa petite taille l'handicapait aussi. L'allonge de son partenaire de combat était bien supérieure à la sienne. Malgré ces handicapes, il n'avait aucun mal à encaissé les chocs et à rendre coups pour coups. La principale différence qu'il y avait entre eux est qu'ils ne se reposaient pas sur la même force. L'entraineur se reposait uniquement sur sa force brute, alors que le jeune utilisait son endurance et son agilité. Il esquivait les attaques avec des mouvements et des contorsions pour le moins inhabituel. Son corps roulait, dévoilant par moments ses abdos. Son jeu de jambes était semblable à celui d'une danseuse. On avait parfois l'impression qu'il venait de trébucher et qu'il allait chuter, avant de le voir se rétablir et lancer une attaque foudroyante.

C'était une victoire sans appel. L'entraineur était contre le sol après avoir reçu un coup aussi puissant qu'inattendu. Pour autant, le vainqueur ne semblait pas énormément impressionné de sa performance. Il n'eut même pas un regard pour son adversaire alors que celui-ci éprouvait toutes les difficultés à se relever. Il donnait l'impression de quelqu'un d'habitué à gagner. Je n'aimais guère ce genre de petit péteux, mais il fallait dire qu'il m'intriguait au plus haut point. Alors que je me disais qu'il n'y avait plus rien d'intéressant à voir, l'énergumène en question me héla de loin en agitant le bras.

- Hé hoooo ! Voui, monsieur je glande dans le fond ! Tu te bats ?

Je le regardais d'un air déconcerté, penchant la tête sur le côté pour souligner mon étonnement. Il ne pouvait s'adresser qu'à moi, étant le seul à ne pas avoir de partenaire. Il avait une tête d'imbécile heureux, le genre de personne pas méchante pour deux sous et qui n'a rien à faire de ce que pensent les autres. Je me désignais du doigt pour être sûr et il me confirma en hochant frénétiquement la tête. Content de pouvoir enfin me défouler, je finis par me lever en prenant mon temps, histoire de marquer l'écart important entre nos tailles. J'avançais vers lui, faisant discrètement rouler mes muscles que mon marcel cachait à peine. Arrivé à sa hauteur, je remarquais que les traits rouges que j'avais pris pour du maquillage étaient en fait des sutures. Des sutures sur tout son corps, sur les bras et les mains ainsi que sur son cou. Même sur son visage, près de sa lèvre inférieure et juste sur le bord de son œil droit. Décidemment, ce môme sortait de l'ordinaire. Je le toisais de ma hauteur.

- Ta performance était assez impressionnante je dois dire. Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre des gens aussi doué que toi. Mais commençons par le début. Comment tu t'appelles ? J'espère que tu vas pas te retenir ou que tu es fatigué, parce que j'ai envie de me défoulé.

Je lui adressais un petit sourire malicieux, histoire de voir sa réaction.