Se repérer correctement dans un dédale de souterrains, mal éclairés par les lumières rouges de la quarantaine et avec une sirène dans les oreilles était plus que compliqué. Je devais retrouver Carver mais je ne connaissais pas sa position exacte. Après avoir relancé le générateur, il avait disparu de la circulation. Il pouvait être dans n'importe quelle salle de ce niveau, ou bien être descendu au niveau -2. Je réfléchissais à toute vitesse, essayant de me rappeler le cheminement de la situation. Après avoir cogité pendant une minute, je me suis souvenu avoir aperçu John emprunter les escaliers menant à l'étage inférieur. Je couru vers l'embouchure de l'escalier et ralenti rapidement l'allure avant de m'arrêter. Je jetais un dernier coup d'œil derrière moi, histoire de vérifier que personne ou que "rien" ne me suivait. M'étant assuré de cela, je commençais à descendre les marches à un rythme régulier. Je tenais mon arme en joue, la lampe coincé contre la garde.

Arrivé à la moitié des marches, j'accélérais ma descente tout en restant en alerte. C'est alors que ma radio grésilla et la voix de Carver en sortit. Il exhortait dans son micro de sortir et d'éviter les bouches d'aérations. Instinctivement, je levais le canon de mon arme au plafond. Je tentais de répondre à Carver avec mon talkie mais dans la confusion et le stress, j'avais déréglé les paramètres. Je pestais contre mon matériel lorsque j'entendis une rafale. L'alarme couvait à moitié les explosions mais elles restaient clairement reconnaissables. La disposition des couloirs amplifiait énormément l'écho. On aurait dit qu'un orage avait éclaté dans le bunker et qu'une série d'éclairs avaient claqués. Je mis en a chercher la provenance de ces coups de feu mais la résonance des couloirs rendaient la tâche complexe et difficile. Je progressais à toute allure. Je craignais que Carver, puisque ça ne pouvait être que lui, n'arrive pas à se défaire de ses agresseurs et qu'il soit blessé. Dans ce monde, une simple exposition à l'air libre pouvait être fatale. Je marchais rapidement dans les couloirs pendant une minute qui me semblait s'étirer à l'infini. Soudain, un autre coup de feu résonna, mais plus proche cette fois. Très proche. Je devais me faire violence pour ne pas me mettre à courir et faire attention à chaque recoin. Alors que je m'approchais du détour d'un couloir, la voix de Carver jailli, un peu faiblarde, de mon com'.

- Ici Carver, y'a quelqu'un ? J'suis touché, un bandage ne serait pas de refus, j'suis à l'étage -2.

Je tentais une nouvelle fois de répondre avec ma radio mais elle ne fonctionnait toujours pas. Juste après avoir tourné au bout du couloir, j'apercu Carver, éclairé cycliquement par les lumières d'alarme, adossé contre le mur. Je laissais le stress retombé et j'allais faire une petite blague lorsque le faisceau de ma lampe se répercuta contre une masse blanche. Mon corps se tendit d'un seul coup et je mis en joue la chose. C'était un humain, ou en tout cas le reste d'une humanité. Des nervures étaient clairement visibles sur sa peau et elle avait des bubons disséminés sur le corps. Je me détendais un peu après avoir vu son crane complément explosé. Une autre "goule" avait fini sa course un peu plus loin de là. Il lui manquait une jambe. Je m'approchais de Carver.

- Où est-ce que tu es blessé ? Montre-moi.

Il me désigna son mollet. Je laissai tombé mon sac à côté de lui et m'agenouillais pour examinais l'état de sa blessure. Il avait une large entaille d'une dizaine de centimètre qui courrait sur son mollet. J'ouvris mon sac et en sortis un flacon de désinfectant.

- Ça risque de piquer un peu. Pendant que je te rafistole, tu pourrais jeter un œil à ma radio ? Je crois que je l'ai déréglé, j'arrive plus à répondre avec le micro.

Je nettoyais sa plaie avec du désinfectant. Regardant les cadavres, je me remarquais que leurs ongles étaient anormalement longs, presque comme des griffes. Je marmonnais un peu pour moi-même.

- Ce n'est pas un gaz, ce qui pourrit l'atmosphère. Rien ne peut provoquer de telles mutations en si peu de temps… Ça dépasse l'entendement.

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Après avoir nettoyé et bandé sa plaie, le blessé appliqua une bande de scotch sur la zone déchirée pour boucher sa combinaison. Il vérifia bien qu'il n'y avait pas de fuite et fut satisfait. John se releva en prenant appui sur son arme. Sa meurtrissure n'était pas jolie à voire, mais ne mettait aucunement ses jours en dangers. Néanmoins, elle était relativement profonde et elle devait le faire souffrir. Je ne pouvais me permettre de gaspiller des analgésiques à la moindre blessure. De plus, il semblait en avoir vu d'autres. Il fit quelqu'un pas dans le couloir. Les lumières d'urgence baignaient l'endroit d'un rouge rappelant les enfers. Il boitait et ne pouvait visiblement plus courir mais se déplacer à vitesse raisonnable ne lui avait pas l'air impossible. Il pointa du canon de son arme la porte de l'atelier.

Avant de me diriger vers l'entrée, je me retournais vers les cadavres. Ces choses avaient tellement perdus ce qui faisait leur humanité, que s'en était effrayant. Leurs visages étaient émaciés et leurs yeux avaient perdu l'étincelle de la vie. Ils avaient un corps squelettique à la limite de possible, et ne possédaient plus que des muscles tellement atrophiés qu'on avait l'impression qu'ils avaient disparus. Leurs thorax se limitaient désormais à leurs deux côtes, qui saillaient la peau d'un blanc presque irréel. La quasi-totalité de leur squelette pouvait être observé à l'œil nu. En les voyants ainsi, en aussi piteux état, je me demandais avec quoi ils avaient attaqué John. Mère Nature ne semblait pas les avoirs gratifiés d'une musculature de bodybuilder. En regardant plus attentivement, je me rendis compte qu'Elle avait semble-t-il l'intention de punir ses enfants. Ces "goules", je ne sais comment les nommer, possédaient en lieu et place de dextres doigtés, des sortes de mains dont chaque doigts se terminait par une longue griffe acérée. Elles présentaient des similarités avec des serres d'aigles, mais leur tranchant était aussi affuté qu'une dent de requin. Ces créatures, ces abominations défiaient le bon sens. J'ignore par quel miracle ou malchance, cela dépend du point de vue, ces horreurs avaient vu le jour. Plus le temps passait, plus je me disais que ce n'était pas un gaz comme les autres qui nous avait renvoyé au Moyen-Âge.

Je stoppais mon observation des cadavres et me tourna vers Carver, la porte rouge de l'atelier apparaissant par intermittence derrière lui. Je lui passais devant, tapant sur son épaule pour lui faire signe de me suivre. Il m'emboitât le pas, clopinant tant bien que mal et trainant sa jambe droite comme un fardeau. Arrivé à l'entrée de l'atelier, la porte qui y menait était entrouverte. Je lui indiquais de se placer contre la porte pour l'ouvrir. Je me tenais face à la porte, arme en joue, prêt à entrer. Au bout d'une vingtaine de seconde, nous étions en place et John commença un décompte avec ses doigts.

Cinq…

Quatre…

Trois…

Je crispais mes mains au point que mes jointures devant être blanche.

Deux…

Un…

Il poussa la porte, qui tourna sur ses gonds sans grande discrétion. Je pénétrais dans la pièce en un pas. Mon champ de vision était libre, je me tournais sur la gauche et je ne vis aucuns ennemis. La salle était vide. Des établis sur lesquels trônaient, tantôt ordonnés, tantôt en désordre, tournevis, clés anglaise et marteaux se trouvaient accolé à un mur. Les espaces de rangements accrochés à la cloison présentaient des emplacements vides, là où il manquait des outils. Deux plans de travail parallèle l'un à l'autre occupait l'espace centrale de l'atelier. Divers morceaux d'appareils, de boulons et de vis y étaient éparpillés, recouvert d'une couche de poussière et de saleté.

Je balayai l'obscurité avec ma lampe. Je vis une longue masse sombre sur le sol. En me baissant vers le tas de vêtements fripés, je me rendis compte que c'était un cadavre. Face contre terre, il avait l'air d'avoir trépasser depuis un certain moment. Bien que ce soit quelque peu moralement discutable, un macchabée pouvait cacher des trésors. Lui faire les poches était donc logique en ces temps difficile. Rien d'intéressant… Je me relevais et me dirigeas vers le premier plan de travail. Malheureusement, je n'avais aucune idée de la forme de la pièce dont nous avions besoin, et les deux tables étaient pleine de mécanisme pouvait être une pompe. Me forçant à étudier les variables de façon logique, je me mis à étudier du regard les pièces présentes en vrac. L'une d'entre elle attira mon attention. Elle était assez volumineuse, et mon cerveau sembla retrouvé le vague souvenir d'une pompe. Je me penchais sur la table, comme elle se trouvait de l'autre côté. Elle pesait une masse certaine, et j'avais l'impression d'avoir vu juste. J'interpellai John.

- Eh ! Ce ne serait pas ça qu'on cherchait ?