Je fulmine intérieurement tandis que l'équipe de désinfection s'affaire autour de moi. Je retiens un grognement presque sauvage tandis que des larmes de douleur et de rage se laissent pendre sur mes joues. Ma blessure ouverte encore sanguinolente au niveau de l'épaule passant sous le jet sans douceur de la décontamination. Bien que relativement chanceuse du fait de la localisation de la balle, je souffre encore très fortement de la présence de celle-ci, encore logée dans mes tissus. Chauffant ma chair comme une lame plantée.

Au bout de plusieurs longues minutes à attendre sans que ma blessure ne semble alerter les diverses personnes autour,
je fini par ENFIN être libérée et être "éjectée" hors du sas avec pour simple ordre de suivre le couloir en direction de l'infirmerie. Marchant vers une direction hasardeuse, je m'arrête subitement en plein milieu d'un couloir et regarde autour de moi comme une biche dans les hautes herbes. Mes cheveux roses sombre par la teinture délavée remuant avec une molle douceur. Fronçant les sourcils avant d'en arquer un unique, j'essaie de me repérer grâce aux ... ..... Et bien pas grâce aux murs en tout cas. C'est un peu triste de ce dire que le paysage apocalyptique de l'extérieur peut se trouver être plus "attrayant" et diversifié que des installations destinées à y vivre. Il faudrait faire une mission dans un magasin de bricolage et refaire les peintures. Cela manque de vie.

"Tu m'étonnes que les gens ont envie de se loger une balle parfois ici..."

Pensant à voix haute dans ma langue natale, je croise un couple à l'air surpris. Peut-être les ai-je surpris en raison de mes mots ou peut-être les ai-je surpris dans un ébat secret et prohibé ou juste du fait que mon bras et mon bandage de fortune ne soient qu'un joli tableau rouge .. ? La raison important peu, je me targue de vouloir leur demander mon chemin. Prenant encore plus de temps à réussir à me faire comprendre que de réussir à traduire, je peine durant de longues minutes à ne serait-ce que prononcer le mot "Infirmerie" correctement. Quelle idée de créer un alphabet et une phonétique si compliquée... Bref, toujours est-il que, quelques minutes plus tard, j'arrive enfin à avoir une direction. Et ça les directions, je gère ! Et sérieusement, c'est à ce moment précis où je me dis que toutes ces heures de geek et de farm sur différents jeu me sauve la vie. Blizzard si tu m'entends, je te dois mon salut face au dédale des couloirs. Valve, si tu m'entends, je te dois mon salut face aux RUSH B ! Pardon.. Enfin, pourquoi je dis pardon moi ? Je pense. Bref. Ou en étais-je ? Ah oui, les directions.
Rebroussant chemin, je prend l'exact allée par laquelle je suis venue et me dirige cette fois ci par l'accès sur la droite. Aussi, je suis rapidement heureuse lorsque se dessine devant moi le gable délicat des portes dédiées aux locaux médicaux. M'arrêtant devant, je fixe le mot "infirmerie" et le répète plusieurs fois à voix basse afin d'essayer de le retenir puis, rassemblant mon courage, j'active le mécanisme de la porte et entre tout en annonçant.

"Inifimirimirifimine !"

J'en suis fière, complètement fière et définitivement fière. Et puis, je vois les airs dépités des quelques personnes présentes, sans même savoir s'il s'agit de patients ou de personnel. Visiblement, ils n'ont pas dut tout à faire comprendre ce que je viens de dire, et je suis presque désormais certaine que ce moment signifie juste le lieux et non pas l'acte de soigner. Bon.. Et bien, au moins, je fais avancer la recherche. Ma recherche quoi. Je passe pour une débile profonde mais au moins, j'avance pas à pas. En parlant d'avancer, je me dirige vers l'un des "box" libre et m'installe assise sur le lit tandis qu'une jeune femme brune me tourne le dos. Ayant d'abord l'envie de lui expliquer, je finis simplement par me racler la gorge puis lui montre mon épaule. La plaie rougie par le sang formant un léger rebond à l'endroit où la balle s'est logée, tout près de l'os. Serrant le point, j'essaie de nouveau leur langage et grommelle quelque chose avec un accent des plus prononcé.

"Je suis pas contre un peu d'aide. Ça commence à vraiment faire mal."

L'adrénaline et les maigres anti-douleur administrés commençant à disparaître, je serre doucement la mâchoire et attend les indications de la jeune femme. Espérant secrètement une anesthésie générale. Mais bon.. Dans un bunker en pleine apocalypse, on va pas rêver.

Laissant la jeune femme s'affairer autour de moi, j'essaie de me focaliser sur ce qu'elle dit pour en comprendre les grandes lignes. Un petit accent inconnu à mes oreilles rendant la tâche certes plus ludique mais aussi plus compliquée. La voyant se saisir d'une petite pince, je me met à légèrement serrer la mâchoire avant de ne détourner la tête. N'ayant jamais vécu ça, je ne peux certifier que le retrait d'une balle fait mal mais quelque chose me dit que c'est le cas. Cependant, ce n'est pas le contact froid du métal qui me surprend mais la douce aigreur du désinfectant sur ma peau ainsi que la sensation des gants en latex palpant ma peau.
M'arrachant à léger grognement de douleur tandis que mon visage se ride dans une moue voulant retenir au mieux les gémissements plaintifs qu'un tel traitement peu infliger.
Et puis, elle s'est mise à parler. Son exclamation me tirant de ma légère torpeur. Son accent et son utilisation de mots plus long que de mesure rendant la tâche ardue pour la comprendre. Entrete-quoi ? Alors que je m'apprêtais à prendre parole pour lui demander de reformuler, la vive brûlure du métal dans la chair m'arrache un cri dénué de toute dignité et de toute virilité. Ma main s'accrochant au bord du lit médical jusqu'à en faire blanchir mes phalanges. Mon visage rougie s'adoucissant peu à peu grâce à la fraîcheur de petites larmes perlant sur mes joues. Même si toujours présente,
la douleur s'estompe légèrement, faisant place à une vague sensation plus qu'à une véritable torture. La sensation de compression disparaît au moment même où la balle est retirée de mon bras et un soulagement vient caresser mon échine.

Observant l'infirmière, je ne peux que la remercier d'un regard presque désolé. Ayant toujours un peu honte du hurlement effectué précédemment. Je lui adresse cependant un léger sourire, espérant qu'elle ne me prenne pas pour une Outsider complètement barrée. Quoi que..
D'une voix plus faible qu'à l'arrivée, je me met alors à parler tandis que l'inconnue se concentre désormais sur la plaie.
Ma main toujours ancrée dans le matelas inconfortable de ce lit d’auscultation. Tentant cependant de m'exprimer dans un anglais correct.

"Hwa-Yeong Soo.. Mais tu peux me nommer Soo. Et toi ?"

Jetant un œil sur la plaie, je grommelle légèrement. Essayant tant bien que mal de comprendre ce qu'il s'est passé sans pour autant y arriver. Me remémorant le fil de la mission, je n'arrive toujours pas à savoir d'où venait le tir et du coup,
de qui.. Maugréant quelques jurons en coréen, je redresse légèrement la tête et la regarde faire avec un air légèrement curieux.

"Tu as appris à soigner ici ou tu étais déjà inf.. ini..."

Fronçant les sourcils tout en lâchant un petit soupir d'exaspération, je reprend ma phrase avec un élan de courage et d'envie de prouver que je suis capable de dire des mots compliqués.

"Ou tu étais déjà dans ce métier là ?"

J'ai mentis. La couardise verbale me prend. Non parce que, je viens déjà de foirer ma première mission, la totalité de cet endroit me pense être une débile profonde n'arrivant pas à dire des mots compliqués... Alors si en plus je me ridiculise alors que j'essaie de me sociabiliser.. Grinçant des dents, je l'observe et attend sa réponse silencieusement. Mon visage essayant de ne pas montrer ma douleur. Mes sourcils et mon œil droit vrillant légèrement à chaque petit coup près de la plaie trahissant cependant le fait que je sois littéralement en train de contenir mon envie irrépressible de m'enfuir de là.
Ça et le fait que ma main ne commence à faire qu'une avec le molleton à peine rembourré.

Mon visage s'ouvre d'un sourire lorsque la jeune femme répond favorablement à mes questions. Plus habituées aux refus et aux demandes d'aller me faire je ne sais quoi, je dois bien avouer qu'une pointe de surprise s'est légèrement emparé de moi à ce moment. Secouant légèrement la tête pour chasser cette pensée, je me contente d'écouter ce que me dit l'infirmière tandis que mes lèvres et mon souffle tentent de répéter plusieurs fois le prénom prononcé dans un chuchotement légèrement perceptible. Autant essayer de retenir les prénoms étranges que mes comparses me donnent, sachant que de leur point de vue, c'est surement le miens qui semble étrange. Enfin. Un détail que je n'avais pas repéré quelques secondes avant me saute alors aux yeux. La dénommée "Triss" s'est, l'air de rien, mise à détacher et articuler ses mots de manière plus marquée. Sans pousser au point de me sentir demeurée, elle le fait avec une parcimonie dosée presque à la perfection. Cette petite attention me convainc finalement de me dérider complètement, mon corps suivant le mouvement. Lâchant un petit soupir d'aise, je me détends dans le lit et l'observe tandis qu'elle me parle. La jeune femme continue de s'affairer sur ma plaie, cependant moins vive qu'au début. Je la laisse entièrement faire, ne grimaçant légèrement que lorsque ses doigts appuient hasardeusement sur ma plaie. Elle m'a évité une blessure autrement plus grande et douloureuse, alors autant la remercier en évitant de me comporter comme une chochotte. Lorsqu'elle applique enfin le bandage marquant la fin des soin, sa voix agit de concert avec le tissu appliqué et me demande alors comme tout ça est arrivé.

"D'abord, tu t'en sors très bien. Je tenais à le dire. Pour quelqu'un qui vient d'apprendre, je suis contente d'être tombée sur toi."

Lui adressant de nouveau un sourire, je laisse ma tête puis mon regard glisser sur les bandages aseptisés puis lâche un soupir. Formulant les paroles dans ma tête, je tâche d'effectuer la même technique que Triss et tente d'articuler au mieux mes paroles pour être la plus compréhensible possible.
"Honnêtement, je ne pourrais pas vraiment te dire exactement ce qu'il s'est passé. On est parti en éclairage pour essayer de trouver des points de ravitaillement. Sauf que vu les combinaisons que l'on a, on peut clairement oublier le côté discrétion. Rajoutes à ça quatre cinq imbéciles fonçant dans le tas à la moindre occasion et frappant dans le moindre petit caillou à portée de botte.."
Marquant une courte pause, je vérifie l'air de rien si nous sommes correctement séparées du reste de l'infirmerie, ne serait-ce que visuellement puis reprend avec une voix légèrement plus basse. Sans pour autant partir dans le chuchotement conspirateur.

"On est tombés sur un groupe externe au bunker 21. Ce qui est pas non plus étonnant vu le nombre de bunker qui ont été créés et utilisés en début d'année. Sauf que mon escouade est partie du principe qu'ils étaient forcément agressif et les ont mit en joue. Du coup.. ? Et bien ils ont vu des inconnus lever les armes, ils ont fait pareil. L'escouade à prit ça pour une attaque et il y a eu fusillade."

Marmonnant, je lève les yeux au ciel en maudissant la stupidité humaine puis maugrée de nouveau avant de la regarder.

"Officiellement, nous sommes tombés dans une embuscade."

Partant d'un rire jaune, je lâche un juron dans ma langue natale. Et ce, avec une telle prononciation que même avec la barrière de la langue, la jeune femme peut sans aucun doute en comprendre le sens.

"Evidemment, tu ne répètes pas ce que je viens de dire.."

Lui adressant un sourire à la fois complice et désolé, je me redresse légèrement tout en m'installant en tailleur. Tout en passant ma main dans mes cheveux de manière à ôter leur aspect souillé par la sueur de mon front, j'observe Triss et ses traits. Tapotant légèrement à côté de moi sur le lit, je lui fais signe de s'installer sur quelque chose de plus confortable tout en vérifiant que personne ne peut nous voir.

"Tu as l'air fatiguée, profites de m'avoir. Si quelqu'un passe, fais semblant de faire des tests moteur."

Un clin d'oeil et un nouveau sourire radieux, dans la limite du possible, je m'étire d'un bras en laissant l'autre se reposer contre mon ventre. En redescendant, ma main vient alors masser mes tempes puis l'arrête de mon nez tandis que ma voix reprend son cours.

"Tu étais quoi avant tout ça ?"

Mon dos se redresse subitement et ma tête se tourne vers elle, un air désolé au visage. Presque craintive, je reprends immédiatement la parole, ne lui laissant même pas le temps de réagir.

"Tu n'es pas obligée d'en parler. Il y en a pour qui c'est trop difficile.."