PSYCHOLOGIE :
Que dire de cet homme ? En vérité sa psychologie est un véritable mystère. A croire qu'il est victime d'un dédoublement de personnalité, étant ainsi capable d'énoncer de nombreux faits pourtant persistants et d'oublier par la suite qu'il en a parlé. Venant sans doute d'un traumatisme il tente cependant de ne pas s'arrêter sur ce "petit" problème présent chez lui, préférant mettre en avant sa débrouillardise ou encore d'exposer son caractère relativement emmerdant. Oui, Carlos est un emmerdeur doublé d'un crevard pensant essentiellement à sa gueule il serait donc capable de faire n'importe quoi pour se sortir d'une mauvaise passe et ça même si un autre devait en payer les frais. Instinct de survie ou égoïsme profond ? Allez savoir. N'étant parfois guère apprécié il peut tout de même apporter la bonne humeur étant d'un certain optimiste et ça même dans ce monde de "merde" comme il se plaît à le qualifier, croyant ainsi en la capacité qu'a la race humaine à s'en sortir et ce à chaque fois qu'une catastrophe arrive, à chaque fois qu'ils sont frappés par les évènements qui semblent se déchainer contre eux.

HISTOIRE :

"-De quoi as-tu peur fils ?"
"-Du noir, j'ai peur du noir." répondait le gosse tremblant se cachant sous une couverture.
"-Ce n'est pas parce que tu ne peux pas voir les choses qui t'entourent que tu dois avoir peur du noir, tu le sais ça ?" annonçait le vieil homme tout en passant sa main dans les cheveux du petit.

C'était de cette manière-là qu'il se souvenait de son père, un bon gars protecteur assumant son rôle de père seul, assumant un gosse à lui seul puisque la mère avait décidé de se tirer. Pourquoi est-ce-qu'elle s'était tirée déjà cette conne ? Ah oui, parce qu'apparemment ce n'était pas de cette vie qu'elle voulait, elle ne voulait pas d'une petite vie tranquille que pouvait lui offrir un homme travaillant dans la médecine, elle ne voulait pas non plus élever ce gosse qu'elle avait pourtant conçu avec ce dit homme. Il avait grandi comme ça le gamin, en ne sachant pas pourquoi sa mère s'était barrée et en tentant de faire au mieux dans ses études pour que son père, homme qui imposait le respect, soit fier de lui.

C'est comme ça qu'il s'était retrouvé dans l'une des écoles réputées de sa ville afin de pouvoir accéder plus tard aux études de médecine comme le voulait si bien son père. C'était un gosse irréprochable, qui faisait au mieux pour ne pas avoir de trop mauvais résultats et qui avait une belle-mère aimante qui tentait de remplacer cette mère qu'il n'avait jamais eu. Il aurait pu se complaire dans ce nouveau milieu, retrouver une stabilité pourtant il n'y était pas arrivé. Comment trouver une situation stable quand on ne sait même pas pourquoi la femme qui est à vos yeux la plus chère de toute s'est tirée ? Cette réponse il ne l'aura jamais s'imaginant ainsi être la source du problème.

Ce fut à sa majorité que le gamin y toucha la première fois. Oui à cette chose qui pourtant est interdite et mal vue, oui il était parvenu à trouver la fameuse poudre blanche, celle qui permettait de s'évader, de souffler, de sortir hors du temps. La cocaïne. Comment vous dire que le jour où son père avait appris ça ce fut la fête de sa vie ? Pourtant ça ne l'avait pas arrêté, il avait continué de faire ça en cachette tout en volant de l'argent à ses parents pour s'en fournir. Il était devenu dépendant et avait déçu son père.

"-Dégage ! Je ne veux plus te voir ici !"
Il venait de recevoir son sac de fringues en pleine gueule tandis qu'il se tenait à l'entrée de chez-lui tremblant légèrement de froid vu que la pluie tombait en masse. C'était fini, il avait tout foiré. Il avait eu ses études de médecine et ce diplôme venait de lui passer sous le nez. Son père avait mis ça sur le dos de la drogue, des soirées où le jeune s'invitait, hors ce n'était pas ça. En vérité il n'avait jamais voulu de cette vie, comble du comble quand on sait que c'était aussi le cas de sa mère mais justement lui ne le savait pas. Se détournant de cette maison qu'il connaissait bien il ne savait pas où il allait aller et surtout ce qu'il allait faire.

Nombreux sont ceux qui deviennent fous quand ils sont à la rue, oui, et c'était son cas lui aussi. Il se parlait tout seul, se rassurant en se disant que cela allait s'arranger... Hors il n'y avait personne d'autres que lui autour, la folie ? Oui, il y goûtait tous les jours et le peu d'argent qu'il pouvait récolter lui servait à prendre sa drogue... Son souffle qui lui permettait de ne pas péter un câble, de tenir bon. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là dans cette situation, depuis combien de temps il faisait du repérage dans les coins les plus connus de la ville ou encore les moins connus... Mais il s'en foutait, il voulait garder une lueur d'espoir mais celle-ci semblait s'éteindre au fur et à mesure que les jours passaient.

Des années passèrent, lui il avait pris en main sa vie de clochard, il connaissait les coins où il pouvait récupérer de quoi bouffer et aussi ceux où il pouvait trouver ses "petits" plaisirs. Cependant ce jour-là n'allait pas être comme les autres, oui, il n'avait pas compris ce qui se passait mais les gens étaient devenus fous. Ils brisaient les vitres des supermarchés se trouvant non loin de la ruelle où il avait l'habitude de se trouver, ils voulaient tous récupérer de quoi bouffer... C'était une occasion en or, profitant de ce mouvement de foule il bousculait lui aussi les gens pour pouvoir récupérer de la bouffe, après tout quand on est à la rue on évite de passer à côté de ce genre d'évènements qui pouvaient lui permettre de se remplir la panse.

Puis tout allait en décadence, les gens s'affolaient à chaque jour qui passaient. La beauté et la joie de vivre n'étaient plus, mais bon lui la seule chose qui le préoccupait était la drogue. Il devait s'en procurer et les dealers se faisaient de plus en plus rares avec toutes ces conneries. C'était le soir même où Carlos s'était dirigé avec de l'argent qu'il avait réussi à prendre dans la caisse du magasin où il avait choppé de la bouffe chez l'un des hommes qu'il avait l'habitude de voir. La porte était fermée, frappant il regardait autour de lui légèrement tendu, et s'il n'était plus là le dealer ?

- Qu'est-ce-que tu fous ici putain ? Tu vois pas que c'est la fin du monde mec ?! hurlait l'homme qui venait d'ouvrir sa porte.
- T'as pas 20 grammes ?
- Ouais, t'es au courant de rien toi... T'as l'argent ?
Il sortait ledit argent de sa poche pratiquement décousue pour le lui donner en échange de son "passe" pour le Paradis. L'homme avait tenté de lui faire part de l'effondrement de la société actuelle mais cela faisait tellement de temps que lui n'était plus inclut dans cette société... Que lui on le laissait dormir sur un trottoir sans se soucier du fait qu'il ne se réveille où non alors il avait écouté d'une oreille sourde, l'information était passée dans l'une pour ressortir de l'autre.

Il ne lui restait que 15 grammes. Oui, tous les dealers étaient parti la population était toujours dans un jour sombre faisant ainsi naître de nombreuses manifestations... Il allait devoir y aller doucement, faire dans la réserve afin de ne pas tout user et de retrouver une manière de se procurer à nouveau cette drogue. Puis vint aussi la faim, sa maigreur se faisait voir tandis qu'il tentait de trouver des restes un peu partout... Ouais le drogué qui avait l'habitude de fuir la réalité la venait revenir en pleine face. Il était dans la merde.

Mais le miracle lui sourit, ouais il avait eu un peu de chance pour une fois dans sa vie puisqu'il venait d'entendre parler d'un groupe qui venait de se former pour se préparer à ce qui allait vraisemblablement arriver et ça sans qu'ils puissent y faire grand-chose. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé dans le Bunker des chanceux comme certains se plaisaient à le nommer. Pour lui en effet au début ça avait été de la chance, il pouvait-être tranquille avec ce qu'il avait caché, il tentait de réguler sa consommation afin de pouvoir retrouver de la poudre blanche avant que la sienne ne disparaisse totalement.

Des spasmes, ces foutus spasmes revenaient tandis qu'il s'était isolé dans les toilettes pour vomir se maintenant comme il le pouvait pour ne pas avoir la tête dans ce qu'il venait de recracher de son "âme". Il crevait à petit feu et cela le rendait fou. Il avait pris l'habitude d'avoir des sueurs froides, un mal de crâne, les vomissements étaient aussi son quotidien mais il ne disait rien, après tout il l'avait mérité cette vie de merde puisqu'il avait vidé son stock, puisqu'il n'avait pas trouvé une nouvelle manière de se procurer son "bien".

Une année s'était écoulée alors que les portes du bunker étaient fermées. C'était les médecins et les psychologues qui l'aidaient à tenir en donnant de magnifiques petites "pilules" pour diminuer la violence des crises. Heureusement qu'ils étaient là ceux-là pour "l'aider", comme-ci il avait besoin d'aide... La seule chose qu'il lui fallait, là, maintenant c'était bien cette putain de poudre mais bon elle semblait avoir disparu... C'est pour ça que notre grand gars s'était penché sur les rumeurs qui couraient dans le bunker comme quoi un marché noir allait peut-être voir le jour... Peut-être qu'il pourrait enfin remettre la main sur ce qui allait l'aider à de ne pas perdre les pédales lui qui souffrait déjà pas mal, mais pour le moment il devait se concentrer sur son nouveau rôle, il devait se concentrer sur le fait qu'il était devenu l'un des éclaireurs du groupe et qu'il devait faire ses preuves, puis bon... Peut-être qu'entre deux expéditions il pourrait retrouver ce qu'il cherchait, oui Carlos ne faisait rien sans rien et être un "éclaireur" l'arrangeait bien sur ce côté là du tableau, sur cette facette qu'il tentait de cacher afin de ne pas paraitre plus taré qu'il ne l'est réellement.