"C'est juste un entrainement de routine Vlad, rien de bien méchant hein, on veut juste voir si tu es toujours en état". Bande de cons, j'vais vous montrer ce qu'il en coûte de se foutre de ma gueule. C'est pas parce que j'ai perdu de la masse musculaire parce que je peux moins m'alimenter que je suis moins fort. J'espère pour Arcan qu'il s'entraîne aussi.
Sale con.

Oui, effectivement, je grommelle dans ma barbe. C'est pas comme si c'était épisodique, je l'ai toujours fait et le ferais toujours je pense. Mais faut avouer que cette fois ils ont fait fort ces enculés. Kago et Arcan qui débarquent dans ma piaule pour se foutre de ma gueule parce que j'ai perdu du muscle... Quoique si même ces deux clowns s'en sont rendus compte j'ai du perde pas mal, il y a pas une balance dans le coin que je puisse me peser ? J'ai pas l'impression d'avoir perdu tant que ça mais en même temps j'ai pas encore trop eu l'occasion d'utiliser tout l'ampleur de ma force jusqu'ici. J'espère que ma prochaine mission sera de taille à me faire peur, j'ai envie de comprendre pourquoi personne ne veut sortir. C'est pas en se terrant et en devant des rats qu'on va reformer l'humanité. Apparemment le Bunker perd beaucoup d'hommes en ce moment, mais j'ai l'impression que c'est juste une conséquence, enfin je sais pas comment l'expliquer. Les dirigeants ont l'air de vouloir perdre du monde, trop de bouches à nourrir sans doute.

On m'a dit que la salle d'entrainement contenait tout ce qu'on avait besoin pour s’entraîner efficacement, mais est-ce qu'elle contenait tout ce que l'on voulait si on voulait s'entraîner à vraiment tuer ? J'en sais rien, mais dans tous les cas c'est visiblement interdit de prendre des armes sur soi, donc je n'ai rien pris, même pas ma petite machette juste à moi. C'est triste, mais nécessaire, de toute façon je suis là pour améliorer mon corps à corps pur. J'entre dans la salle et machinalement j'ai un mouvement de recul, des altères partout, des sacs de frappe, mais pas de mannequins humains comme je l'avais prédit. Bref, de toute façon un sac de frappe suffira pour ce que je m’apprête à faire, mais avant tout je dois trouver une balance... Qui est au fond de la salle, parfait ! Je pose mes deux pieds dessus et appréhende un peu, ma dernière pesée remonte à quelques années déjà, depuis je m’entraîne principalement en faisant des pompes, abdos et mouvements simples dans ma chambre mais apparemment ça ne suffit pas.

106 kilos. Ouch. Effectivement, ces deux hyènes ont raison, j'ai perdu 13 kilos. Vu ma musculature plus qu'imposante, ça ne se remarque pas, mais ça se ressentiras lors des missions. Faut que je trouve un moyen de me réalimenter correctement, c'est pas possible que je vive avec près de 15 kilos de moins que ma moyenne, on se croirait en période sèche putain. Je marmonne quelques jurons polonais et me place devant le sac de frappe. J'esquisse le premier mouvement quand quelqu'un d'autre passe le pas de la porte. Je ne le connais que de visu, de très loin, apparemment c'est un ancien inspecteur de la police de New York donc lui doit me connaitre, mais plutôt sous un pseudo bien précis. Enfin vous méprenez pas, c'est pas moi qui l'ai choisi, les gens m'appellent comme ça, j'hésite même à le dire là tellement c'est d'un mauvais goût... "Butcher", tout ça parce que une fois j'ai arraché un membre. Ou deux. Ou... ENFIN BREF C'EST PAS LE SUJET J'AI PAS FAIT EXPRÈS OK ?

"Butcher", perso je m'auto appelais "le meilleur" mais après chacun son truc. Mais attends... Lui si il sait qui je suis il aura surement envie de me buter non ? Après tout je lui ai surement pourri une grande partie de son temps avec des affaires qui n'ont de toute façon jamais été résolues puisque je payais les témoins et les juges quand il y avait des soupçons contre moi (qui de toute manière était rares). Ce serait un super entraînement, un tueur contre un inspecteur de police, et en plus de ça je pourrais tester des trucs sur un VRAI mannequin humain ! Allez, pourquoi pas, ça mange pas de pain. Mais comment amener ça ? Disons qu'on va se la faire rapide et sans préliminaires, de toute manière il a pas l'air d'être un gars qui aime attendre lui non plus.

Bonjour à vous, monsieur l'ancien inspecteur, du moins je présume ? Vous venez vous entraîner vous aussi ?
C'est quand même cocasse que nous nous retrouvions dans la même pièce comme ceci vu nos antécédents ! Voudriez-vous vous entraîner avec moi ?

Je laisse un petit temps planer après avoir prononcé ces mots, normalement là c'est le moment où tu dis "comment connaissez vous mon métier ? Quels antécédents ?". Vas-y chou, force moi à te le dire !

Comme chaque matin, tu te rendis vers la salle d'entrainement pour enchainer la même série d'exercices que la veille. C'était une nécessité pour toi, un des rares espaces où je n'hantais pas tes pensées et où tu pouvais te concentrer sur l'unique objectif qui avait encore un sens à tes yeux : retourner à l'extérieur pour exterminer les crevures encore en vie.

Même si cela paraissait étonnant, tu t'étais fait une amie ici. Elle s'appelait Elena et s'occupait de la manutention des lieux communs. Elena avait une qualité indiscutable, celle de passer inaperçue. De fait, vous aviez procédé à un commun accord, elle te fournissait en Créatine, des compléments alimentaires qui te permettaient de suivre un rythme sportif soutenu sans trop manquer en apport nutritif. Cela ne t’empêchait pas de faire chier l'administration du bunker pour qu'ils pensent à augmenter les portions des outsiders afin d'être opérationnels une fois dehors. S'il pouvait au moins manipuler un peu mieux les troupes pour ne pas vous laisser à penser que vous n'étiez "que" de la chair à canon, cela motiverait davantage.

Déposant dans ton casier habituel montre et chemise, tu pris ton pouls d'un geste automate et après en avoir compté les pulsations t'assurant de ta bonne santé physique, fit rouler par trois fois l'anneau de notre union passée autour de ton annulaire. Une fois ton rituel terminé, tu déposas le cure-dent sillonnant tes lèvres avec le reste de tes effets et quitta la pièce.

Tu relevas les paupières pour balayer d'un coup d’œillade rapide la salle d'entrainement afin d'identifier les présents, mais alors ton regard se porta par deux fois sur un mastodonte. Le colosse mesurait bien deux mètres de haut et son envergure semblait proportionnelle à sa taille. Sacré morceau. Mais alors vos regards se croisèrent, tu connaissais ce visage.

Butcher. Présumé tueur à gages des bas fonds de New York, un pseudonyme et un visage qui fut décrit par de rares témoins dont les vies furent écourtées irrémédiablement avant que n'ait lieu la moindre déposition. Ce fils de pute était l'assassin d'un trio bien rodé, je me souviens encore des soirées interminables que tu passais au bureau à recouper les témoignages entre eux pour obtenir un détail, une information supplémentaire qui trahirait et ferait suffisamment le poids devant les juges.

Apparemment, lui aussi semblait te reconnaitre, car il s'avança bientôt vers toi et balança, tel un chien remuant sa queue d'enthousiasme à la vue de son maitre :
- Bonjour à vous, monsieur l'ancien inspecteur, du moins je présume ? Vous venez vous entraîner vous aussi ? C'est quand même cocasse que nous nous retrouvions dans la même pièce comme ceci vu nos antécédents ! Voudriez-vous vous entraîner avec moi ?

La frappe parti tel un "bonjour" sur sa face de dégénéré, fracassant de toute ta haine à t'en molester les phalanges, ça craque et ça claque, ce n'est pas une réponse courtoise mais une invitation à la débâcle. Pas de règles, pas de codes, pas de freins pour arrêter ton entrain, tu es prêt, tu l'attends ce boucher, tes tripes te chauffent à blanc et demandent le combat avec tous les muscles tendus comme du bois mort de chêne. Et d'un râle du fond de ta gorge, tu molestes sur sa joue un crachat de ta meilleure bile, les poings levés prêts à l'attaque tu lui craches en réponse :

- "Butcher", hein ? Voyons si la tuerie t'amuse autant quand elle n'est pas animée par de l'argent, ordure.

Un poing en pleine face et un crachat, voilà ce que je reçus pour mon "impertinence" comme dirait les anciens de ma tribu. J'étais habitué à ce traitement, à recevoir des coups et du mépris, quel tueur n'y est pas habitué, quel petit homme d'affaire ne le ressent pas ? Le coup était puissant, enfin tout est relatif, mais au son de son poing qui claquait sous la pression, j'eus bien l'impression qu'il venait d'enfermer sa rage dans ce poing. J'avais touché juste, ce type était un inspecteur, mais c'est en voyant son visage et en l'entendant parler que les souvenirs affluèrent. Là je compris, et les paroles de la vie que je menais avant me vinrent tandis que j'essuyais le crachat de mon T-shirt délavé.

"Turner, avec un nom comme ça, faudrait pas s'étonner si il tournait en Tueur."

Détective, inspecteur ? Je me souviens plus trop, ça doit être la même chose quelque part. Le seul type assez acharné pour avoir trouvé des trucs sur moi et pour m'avoir traîné au tribunal même une fois. J'avais fait des recherches sur lui mais sans véritable succès. Il avait une femme, et bossait de manière acharnée, rien de plus. Le stéréotype du petit héros accroché à son travail, celui que j'aurais pu devenir si j'étais resté à parcourir ce petit chemin étriqué qui représente la vie des gens étroits d'esprit. Ma tête tangue un peu, pour un petit inspecteur il a de la poigne le garçon, mais bon je le mérite un peu, je lui ai mené la vie dure.

Je me remettais en position, lentement et laissant plein d'ouvertures. Bravo, monsieur Turner, vous venez de signer pour un de nos meilleurs services, l'apprentissage de la Douleur. Je pris appui sans même y réfléchir et envoya mon poing gauche en directement de son menton, en forme d'uppercut. En réalité ce n'en était pas un, au dernier moment j'ouvrais mon poing et l'agrippait au niveau du col pour lui envoyer un coup particulièrement vicieux sur le côté du torse. Précisément, ce coup vise les côtes sous son bras gauche, mais pourquoi donc ? Quand on frappe les côtés particulièrement violemment, cela créé un effet de réverbération qui donne l'impression que le coup vous a traversé car la même douleur est retransmise à l'exact opposé de là où le coup vous a été donné.

Au moment où je le frappe, je le lâche. Nos corpulences sont assez différentes pour que le coup lui fasse faire quelques pas sur le côté et que je puisse me replacer. Je fais deux pas en arrière et me place en garde, à toi petit inspecteur, montre moi qu'il t'en reste un peu dans les tripes.

Vous savez ce qui est très drôle monsieur Turner ? Actuellement si j'essayais de faire ce que je faisais avant j'en serais incapable, je vous considère uniquement comme un mannequin d'entrainement qui bouge. Mais vous avez l'air de prendre ce combat tellement au sérieux que ça en devient triste. Allez, bougez-vous un peu, c'est pas comme ça qu'on protège la veuve et l'orphelin !

Un peu de mépris pour lui rendre ce qu'il nous offre et lui donner un peu de cœur au ventre. En dernier recours je sais ce que j'aurais à dire de toute manière, sa femme n'est visiblement pas avec lui dans le bunker...

- ... C'est aussi le nom d'un peintre impressionniste extrêmement célèbre mais de toute évidence, pas assez pour toi.

Lui mettre une beigne t'avais fait un bien fou, tu fis craquer tes doigts sautillant bientôt sur tes jambes pour échauffer tes muscles. Dans le fond je ne sais ce qui te motivait le plus dans ce duel : ton désir ardent de le mettre à terre et de lui faire avaler son sang pour venger les vies qu'il avait dérobées ou le désir vibrant de te sentir en vie en te fracassant la tête contre plus grand que toi. Certainement les deux. Mais surement avais-tu bien plus conscience du premier que du second.

Tu lui fis signe de venir, raffolant d'avance du coup que tu ne tardas pas à recevoir, sur ton visage avait germé un sourire narquois. Au fond, cet homme n'était qu'un prétexte pour laisser s'émanciper ta haine envers l'espèce humaine.

Lorsque son poing s'abattit sur tes côtes, la douleur fut doublement lancinante, d'une part car la brute avait visé une zone bourrée de terminaisons nerveuses, mais aussi car sans le savoir, il frappa en plein sur ta plaie mal recousue de l'époque où tu survivais seul à la surface. La douleur encore vive te fit pousser un râle de douleur et te plia en deux.

- Vous savez ce qui est très drôle monsieur Turner ? Actuellement si j'essayais de faire ce que je faisais avant j'en serais incapable, je vous considère uniquement comme un mannequin d'entrainement qui bouge. Mais vous avez l'air de prendre ce combat tellement au sérieux que ça en devient triste. Allez, bougez-vous un peu, c'est pas comme ça qu'on protège la veuve et l'orphelin !

Sale type, si tu savais comme il se fout de la manière dont tu le vois, de la part de la dernière des raclures qui plus est... Et ce genre de propos n'alimentaient en rien la rage qu'il contenait de toute façon déjà en lui. Seulement tes coups et ta tête défigurée par ses poings l'importait.

- Parce que tu crois que j'en ai quelque chose à battre ? Décidément pour un tueur inculte, ta propre odeur de merde semble avoir raffermi ton ego.

Suffit le donnant-donnant. Tu sais très bien qu'à cette cadence, il finirait par t'abattre. Alors, tu lui sers la détente, la flexion, le mouvement. Tu déstabilises, passe en-dessous, au-dessus, sur le côté, ne reste jamais fixe. Détourne, contourne, chatouille, frappe. Et mise sur ton endurance. Butcher est fort, mais lent. Tu ne le laisses pas t'atteindre et tes coups se veulent précis et rapides.

Certes, tu reçois ta dose de massacres dans la tronche, tu as une dent qui s’est envolée et que tu ne retrouveras plus jamais, ta salive est carmine, ses poings te cassent et des fois, tu titubes et des fois même, tu tombes. Heureusement, tomber, n'est qu'éphémère, car tu es plus rapide à te remettre sur tes pattes qu’à chuter au sol. Tu n'as rien perdu de ta réactivité, et bientôt, alors que la fatigue transpire dans vos respirations mutuelles et que ton ennemi semble plus hagard, tu profites d'une seconde pour lui rentrer dedans, un petit plaquage pour le remercier. Tu vises sa tête, toujours, et frappe et gueule aussi, si fort que le sang qui colore tes dents s’envole comme dans un mauvais match de boxe.

Tu n'as plus d’équilibre et à ce stade, ta tête valdingue et cherche un centre de gravité stable sans succès, alors tu te relèves d’autant plus vite quitte à te faire vomir, tu soupçonnes même tes jambes, éprises de dynamisme, de vouloir tomber pour avoir des prétextes pour se relever. Tes tendons sont des machines qui veulent agir constamment.
Infatigable, tu mourrais de crise cardiaque s’il le fallait.

Clac, d’un coup, conscience, incrédulité barbare qui te sillonne la tête et te claironne.
Tu te rends alors compte que ta peau est tendue comme une peau de lézard dorée au soleil, que tes muscles sont bouillants et que tu sues comme un animal, que si tu ne bougeais pas, le corps entier tremblerait comme une vieille feuille. Combien de temps s'était-il écoulé ainsi à vous frapper sans relâche l'un sur l'autre ?

Il a fallu vous séparer pour mettre un terme à cette lutte. Quelqu'un t'agrippes et t’assoies de force sur un banc, l'homme te crie dessus ou cherche à te calmer, tu n'en sais foutrement rien car toute ton attention reste rivée sur le mufle à qui tu venais de foutre une rouste. Ton regard assassin ne le quittait pas, tandis que tu commençais, d'abord d'une voix basse, puis de plus en plus fort ... :
- Clara Williams, John Thompson, Steven Walker, Emma Hall, Jessy Halls...

... A énumérer les noms de ces victimes.
- ... Carmen Evans, Robert Carter, Fisher, ça ne te dis rien Butcher ? Je serai là pour te les rappeler à toi, chaque jour de cette putain de vie, pour te rappeler leurs mots, leurs visages, jusqu'à voir sur ta sale gueule une once de remords.

La douleur qui se lit sur son visage et le grognement de douleur qui se répercute dans la salle est mon payement de la journée. Rien n'est plus doux que d'entendre la douleur sortir des poumons mêmes de son adversaire, rien n'est plus doux que de voir qu'il vous hait encore plus. Mais il y a quelque chose qui cloche, quelque chose qui ne va pas exactement comme je voudrais que ça aille, mais je ne saurais pas encore dire quoi. Cet homme est un kaléidoscope de haine dirigée partout, mais dans cette histoire je ne suis rien. Un défouloir, voilà ce que je suis. Un sourire étire mes lèvres fines, ce type est déjà à moitié timbré, ça se ressent. Il raffermit ses appuis lentement, la douleur doit à peine commencer à s'estomper. Puis il me regarde encore une fois, mais ce regard est bien différent des autres "tu t’apprêtes à être tué" voilà ce qu'il me dit. Et après c'est moi qui ait trop d’ego Turner ? Tu regardes quelqu'un qui doit faire 30 kilos et centimètres de plus que toi comme si c'était un bout de viande, c'est impoli.

Puis il se lance sur moi, chose qui ne m'étonne pas, je m'y étais préparé. Je lance un coup direct mais il était déjà passé en dessous, puis il revient au dessus, il chatouille mon côté droit puis attaque la gauche, frappe souvent le torse. Il essaye visiblement de me faire tomber, dans ce cas je n'ai qu'à le repousser directement quand il s'approchera pour finir son travail ! Ce que je fais. Mon genou s'écrase dans son ventre rapidement, le coup n'est pas si puissant, mais encore une fois utilisé au bon moment. Je lui fait bien comprendre que je prends ce combat à la légère. J'ai envie qu'il s'énerve vraiment CONTRE moi, pas contre l'humanité comme n'importe quel imbécile en situation d'apocalypse pourrait le faire. ÉNERVE TOI CONTRE MOI TURNER, MONTRE MOI TA VOLONTÉ !

Il s'écroule au sol une première fois, et je commet ma première erreur. Je ne cherche pas à le tuer. Alors je le laisse se relever, mais lorsqu'il se jette immédiatement sur moi j'ai un mouvement de surprise qui le laisse prendre l'avantage quelques secondes, quelques secondes durant lesquelles je titube en arrière pendant qu'il m'attaque sans relâche et finit par me plaquer au sol. Puis il attaque le visage cette fois, encore, encore, sans relâche, encore. Est-ce ce que j'aurais eu la force nécessaire pour me relever et inverser les rôles ? Surement oui, mais il y avait encore ce petit truc qui clochait, qui me gênait. Alors je commet ma seconde erreur, je ne sais pas l'occasion de me relever. Et les coups qu'il me pose au visage ont bientôt le coup de me sonner, alors pour la première fois je frappe à pleine puissance. En plein visage, une dent saute et il tombe encore au sol tandis que je me relève, titubant sur mes appuis.

Il se relève encore, cette fois il se jette sur moi mais je suis encore trop hébété pour réagir, je loupe mon premier coup et reçoit un coup puissant dans les côtes. Ironiquement, je ne ressens même pas la douleur, tout est trop flou autour de moi. Le sang bat dans mes temps tandis que je bat des bras inutilement devant moi, le peu de fois où je le touche suffit à le faire tomber au sol. Bordel, je suis vraiment dans cet état à cause de ce vieux croulant ? Tu te crois fier maintenant, Turner, tu crois que ta haine du monde a encore vaincu ? Je vais te réveiller moi, tu vas voir, je vais te montrer ce qu'est un vrai cauchemar !

Du personnel du Bunker arrive et nous sépare, je connais ces types. Il expédie Turner loin de moi, il l'assoit. Il est seul. Je pourrais le tuer, là, maintenant. Il est pas concentré sur moi, ça suffirait largement pour que je lui brise la nuque et que je finisse Turner. Mais non, ils méritent de souffrir. Chose rare, et je ne sais pas si tu devrais en être heureux ou pas, petit inspecteur de merde, mais tu viens de me mettre en colère. Mais je ne dis pas encore un mot, ce n'est pas le moment, ce n'est pas le BON moment. Je m'assois également et attends qu'il sorte de sa fureur guerrière. Alors seulement il se remet à parler normalement, comme si de rien n'était, comme si il ne criait pas comme un damné il y a quelques secondes. Un nouveau sourire barre mon visage, mais cette fois c'est bel et bien du mépris mêlé à de la haine. Je ne l'interromps pas, je prends mon temps, puis quand viens mon moment, j'attaque.

Je ne les connais pas, je sais pas qui il sont et ne veut pas le savoir. L'important quand vous tuez c'est de ne pas connaitre la personne, ainsi vous n'avez pas de remords. C'était une condition pour créer un monde meilleur, mais c'est bien plus facile de se cacher derrière de grands idéaux de justice quand on a pas les couilles de se salir les mains, hein Rust ?

La lame froide de mes mots pénètre dans sa gorge comme dans du beurre. Oui, j'ai envie de lui montrer comment on fait si on veut réellement affirmer une idéologie. Je me lève et me campe sur mes appuis, de la sueur perle un peu partout sur moi mais je suis à peine essoufflé, j'ai plus reçu que j'ai dépensé. Lui en revanche... Il est visiblement plus en état, mais c'est maintenant que l'on mesure si t'es un vrai héro ou juste un pauvre type lambda bouffé par la haine, Turner.

Je m'appelle Vladimir Ddraig, connais le nom de celui que tu veux tuer. Tu es une sombre merde, Rust Turner, sache le. Si t'as envie de détruire ce monde à ce point, donne toi en les moyens on suicide toi. Tout ce que je vois en toi c'est une idéologie décolorée. Qui est le plus fou entre celui qui tue pour ses objectifs ou celui qui n'en a pas un seul, à part de HAIR ? DIS MOI DONC GRAND JUSTICIER !

Mon corps bouge de lui même et je fais plusieurs enjambées rapides vers lui avant que celui qui l'avait assis me retienne, je m’apprête à l'envoyer valdinguer quand un autre sort de nulle part et m'assois encore une fois d'un coup de poing dans les côtes. Bon ok, j'ai mentis il était peu-être pas seul. Néanmoins ma rage est plus forte et je réussis à les tirer sur quelques pas avant de m'arrêter complètement. D'une voix déformée par la haine, je termine de parler entre mes dents serrées.

La prochaine fois que je te croise, t'as intérêt à avoir autre chose à me proposer que cet amas d'insultes et de merde, sinon je te montrerais ce que je fais aux pantins désarticulés dans ton genre.

Le déni. On fait tomber n'importe quel homme trop aveugle pour se regarder en face lorsque l'on parvient à lever ce masque. Ce Vladimir refusait de voir l'évidence, il pouvait s'imaginer n'importe quelle récompense divine pour s’empêcher de voir sa misérable condition de meurtrier, croire que cela lui permettrait de créer "un monde meilleur", cela ne prouvait qu'une chose : il avait de la merde dans le crâne.

- C'est tellement facile pour un décérébré dans ton genre de se sentir jamais coupable de rien. Tu es si certains d'être plus... qu'une simple marionnette biologique.

Un rire cynique s'échappe de tes lèvres, tu te redresses péniblement, ta colère te quitte peu à peu, peut-être s'est-elle transvaser en l'autre, à défaut d'avoir pu lui faire admettre ses crimes, tu es satisfait de voir ses traits déformés par la colère.

- Ton nom n'a aucune importance pour moi, Butcher. Ton surnom suffit à définir ce que tu es. Prouve moi le contraire et peut être que je me souviendrai de ton nom.

Tu craches ta bile sur le sol, elle est rouge, la douleur suinte de toute part sur ton corps, l'impression d'une délivrance salvatrice, ce sentiment simple et vivifiant que t'offre l'adrénaline, de se sentir vivant. Tandis que le boucher déblatère, tu t'interroges sur son raisonnement. Tu n'avais même pas déclamé ta verve habituelle sur ta vision de ce funeste monde qu'il semblait déjà au fait de ta moindre pensée, aurait-il des talents d'extralucides ? Ses propos t'auraient sans doute affectés s'ils ne venaient pas d'un assassin tordu télépathe.

- Je ne sais pas ce qui t'amène à croire que j'ai pour vocation de "détruire ce monde" ou de vouloir en être le "justicier", qu'importe, tu n'y es pas du tout. Il suffit d'être honnête sur ce qui peut se passer là, ton doigt se pose sur ta tempe, dans la chambre forte. Tout l'monde vit avec ce qui le hante à l'intérieur, prends bien note de ça, Butcher, les morts que tu as laissé sur ta route se rappelleront à toi, d'une manière ou d'une autre. Et tes actes sont encore frais dans ma mémoire, c'est aussi simple que ça.

Où était-il allé chercher ces histoires d'idéologies ? Te concernant tu savais tes paroles en accord avec tes actes et faire la différence entre un meurtre par préméditation et un principe. Il se trouvait que tuer, ne faisait étrangement pas parti de tes principes, pour le moment.

- A ce stade de ma vie, je sais qui je suis et je n'ai de compte à rendre à personne. L'erreur ontologique qui consiste à croire qu'il y a une lumière au bout du tunnel, y a toujours des idiots comme toi qui sont prêts à payer "le prix" pour s'y accrocher. Si c'est cela qui te permet de laver ta conscience... Foutre, j'aimerai mieux pas assister au jour où ton monde s'écroulera devant l'évidence. Pour ma part, je pense avoir en face de moi un meurtrier mégalomane assez naïf pour croire que les gens le suivront. Malgré ta corpulence, tu n'as ni charisme, ni argument, et je me demande bien lequel de nous deux est le plus à plaindre.

Ses paroles se déversaient dans mes oreilles comme un fluide acide, qui disparaissait en s'évaporant à la chaleur de ma rage. Il n'a pas l'air de se rendre compte que si on n'était pas venu nous séparer, je l'aurais déjà...

...

CA me reprend. Les pulsions meurtrières me reprennent, cet homme les déclenche une à une rien que parce qu'il existe. Je ne comprends pas, je n'ai pas été poussé dans mes derniers retranchements, je me fiche pas mal de ses racontards de grands justiciers / petits héros de shonen en mode "tes victimes te hanteront". J'en ai rien à foutre, alors comment est-ce que ça se fait que je n'arrive pas à contrôler les mouvements de mes bras, qui cherchent un endroit pour s'enfuir de l'étreinte qui les bloquent ? Pourquoi est-ce que je ne contrôle pas mes jambes, qui avancent toutes seules dans sa direction ? Mon incompréhension se lit même sur mon visage l'espace de quelques instants avant qu'il se raffermisse.

Ouais, ça devrait normalement m'être incompréhensible, petite "marionnette biologique" que je suis. Mais rien qu'entendre ces mots me font comprendre pourquoi tous mes muscles me hurlent de les utiliser encore, pourquoi mes tendons tirent encore et toujours, inlassablement vers ce type. Pourquoi ma tête ne comprenait pas ce que mon corps ressentait depuis longtemps. Ce type était un résigné, ce que je suis en train d'entendre là, c'est le discours de quelqu'un qui a déjà abandonné. Sauf que ses conneries sur "la lumière au bout du tunnel" c'est débile. Personne n'a jamais dit qu'il y avait une lumière au bout du tunnel, la lumière c'est nous mêmes qui l'inventons. Tocard idiot, tu crois que parce que toi tu as cru ouvrir les yeux en te rendant compte que le monde autour de toi puait tu es détenteur d'une vérité absolue ?

Ne crache pas sur les rêves des autres quand tu n'es pas capable d'en avoir un, ne crache pas sur un principe, un but, une idéologie toute entière quand tout ce que tu te complais à dire ce sont des phrases de dépressifs. Des marionnettes, des pantins, des êtres hantés par leur passé, tout ce que tu veux, l'humain est pas descriptible par ça. Ne fout pas les gens dans la même mentalité que toi. Mon esprit partit quelques instants en arrière, cette discussion me rappellait bien des choses.

"Vladimir, t'es une monstruosité de la nature, tu viens de tuer mes gardes et maintenant c'est moi ?!?! MAIS POURQUOI ? JE PEUX FAIRE DE TOI UN PRINCE !"

"Je suis là pour toi Wallace. C'est le moment de faire tes adieux."

"QU'EST CE QUE J'AI FAIT ? DIS LE MOI SALE TIMBRE ! JE TE JURE SI TU ESSAYES DE REPARLER A MA FEMME ET MES GOSSES-"

"Tais toi Wallace, tous tes placements d'argent font sombrer les populations moins riche dans les ténèbres, tu ne penses qu'à ton profit. Combien de vies t'as ruiné pour ton compte en banque ? Largement assez pour mériter de mourir, le monde meilleur ne te conteras pas dans ses effectifs."

"PAUVRE CON, SI C'EST PAS MOI QUI AVAIT FAIT CES PLACEMENTS CA AURAIT ETE JACK OU ERHYN. T'ES TIMBRE VLADIMIR,
TU CRÉERAS RIEN DU TOUT SALE ..."

Bruit d'un corps tombant sur le sol, gargouillis de douleur et de pleurs. Claquement de porte.

Alors comme ça je me fais hanter par mes victimes ? Toutes méritaient leur mort, et tu le sais autant que moi espèce de merdeux... Mes muscles tirent encore plus sur les gens qui me retiennent, sans grand succès cependant, ils s'y attendaient. Alors je me relâche et je commence à parler, d'une voix plus calme et les bras désormais ballants dans les leurs. Les querelles entre gens du bunker devaient être monnaie courante. Les mecs doivent être habitués à ce que les gens se calment et parlent normalement après, de toute façon on est obligés de cohabiter non ?

Meurtrier mégalomane hein ? Peut-être bien finalement, mais je trouve que ça vaut encore mieux que détective dépressif. Je ne sais pas ce qui vous est arrivé pour que vous ne voyiez que la mort autour de vous monsieur Turner,
mais vous m'en voyez bien triste...

Mon corps perd sa balance rapidement tandis que je bourre la personne à ma gauche avec mon épaule et sort mon bras droit de l'étreinte qui l'enserrait. Seul, celui à gauche n'était pas suffisant, je pouvais largement tirer d'un seul coup pour...

Ce ne fut pas suffisant. Je n'avais pas contrôlé ma force quand j'avais poussé, et l'autre avait été pris par surprise et avait dû lâcher le bras pour se rattraper au sol. Mon appui du pied droit me permet d'avancer sur l'inspecteur rapidement et de le plaque au sol en le prenant par le col par la main droite. Le banc se renversait et son corps s'écrasait lourdement sur le sol. J'appuyais de tout mon poids et de toute mes forces sur sa cage thoracique, tandis que les doigts de ma main gauche s’enfonçaient dans les tendons de son biceps droit. Le but était de lui écraser le buste pour qu'il ait du mal à respirer et l'impossibilité de se lever, le moindre de mes muscles était tendu à l’extrême, il était déjà épuisé de toute manière. Cette expression de colère bestiale était revenue, je lui murmurait quelques mots, nos deux visages à quelques centimètres l'un de l'autre.

Je ne suis pas le genre de personne qui s'arrête parce qu'un vieux mort à l'intérieur lui a dit d'arrêter. Je suis puissant, Turner, c'est pas avec mon charisme que je t’empêche de bouger actuellement. Et pourtant tu vois ? CA MARCHE.


Une fois ces mots dits, je me relevais et sortait de la salle d'entrainement, claquant les portes derrière moi en faisant résonner les murs de la salle. Quelques secondes plus tard, j'étouffais mes grognements de douleurs tandis que les gardes du bunker m'emmenaient en cellule à grands coups de matraque. On se retrouvera Rust, je te jure que je survivrais à toutes mes missions rien que pour te confronter à la vérité aussi tôt que possible.