Tamara était en route vers la salle d’entraînement, prête à soulever quelques altères et à briser en deux un punching bag, mais alors qu’elle traversait la salle accueillant le tableau des missions, le déchirant gémissement d’un inconnu heurta ses tympans. D’abord intriguée, la blonde arrêta sa marche, tourna la tête dans la direction qu’elle crut entendre ces lointains sanglots puis tendit l’oreille. Il y eut des cris et des coups et les pleurs s’intensifièrent encore. Au moins, l’allemande avait déterminé la provenance exacte de tout ce chaos. Elle fonça droit dans le couloir menant au SAS (après s’être assuré que la porte menant à l’extérieur était bien fermée avant d’ouvrir celle qui lui entravait le chemin) sans se douter que la journée qu’elle prévoyait être physique venait de prendre un tournant drastique vers le sentimental.

Au fond du couloir, éclairé par la lumière provenant de la salle du tableau, s’était étendu un jeune homme, juste un peu plus vieux qu’elle, à première vue. La jeune femme ne s’attarda pas plus que ça sur les détails, plus occupée par la présence de sang et peut-être aussi de contamination. D’abord inquiète, Tamara resta figée un moment une fois arrivée à la hauteur de l’inconnu, l’observant dans le blanc des yeux d’un regard froid. Mais c’était plus fort qu’elle ! Devant elle, à ses pieds, était allongé un survivant venant sans doute de vivre l’enfer. Les larmes qui coulaient sur ses joues traversa le cœur de la leader comme une flèche. Son regard s’adoucit et elle posa un genou au sol, glissant une main sur la nuque du nouvel arrivant afin de le soulever et le forcer à s’asseoir sur son postérieur. Sans dire un mot, elle le laissa reprendre son souffle pendant qu’elle arrachait un morceau de la camisole grise qu’elle portait pour stopper le saignement de sa pauvre main. Ça avait l’air brisé… Elle termina de momifier la main du jeune homme, puis lâcha un soupire avant de s’installer elle aussi sur ses foufounes et brisa enfin le silence.

… Bienvenue au Bunker A. Moi c'est Tamara. Je te serrerais bien la main, mais... Enfin...

Elle marqua une pose de quelques longues secondes, le temps de mieux l'observer. Son regard passa de la main de l'inconnu à son visage déformé par l'émotion et sa chevelure sale, puis par ses vêtements déchirés et... Était-ce de la cendre sur ses épaules et dans ses cheveux ?

...T'as pas l'air en forme.

"… Bienvenue au Bunker A. Moi c'est Tamara. Je te serrerais bien la main, mais... Enfin..."

Avant de dire ces quelques paroles, la demoiselle m'avait relevé de terre tant bien que mal. Ça a du être dur pour elle, fine comme elle est alors que je pèse près de quatre-vingt cinq kilos. Elle m'avait bandé ma main gauche qui était complètement ravagé par le mur qui lui aussi, possédait une belle marque rouge coulante vers le sol. La tristesse du décès errait encore en moi, mais je gardais mes larmes au plus profond de mon cœur, je ne voulais pas que la demoiselle me voit dans un état pareil. Beh, elle a dû entendre mes cris pour qu'elle soit la, devant moi, me fixant comme un animal qui était blessé. Elle m'envoyait encore une parole.

"...T'as pas l'air en forme."

Juste a prononcer ces mots, elle me redonnait le sourire. Comment quelqu'un ne peut pas ressentir un sentiment de confiance, un sentiment de bien-être quand tu es en présence de cette fille, avec cette petite bouille d'ange ? Je la regardais dans ses yeux. Elle possédait des yeux magnifiques, rappelant l’innocence et la paix de notre ancien monde. Elle était plus jeune que moi, ça se confirmait aux traits du visage. Un visage pur aussi, sans rides, propre, clair. Elle était le symbole de la pureté dans ce bunker je pense. Mais cela prouvait une chose: ce bunker est habité, et je pense qu'elle n'est pas la seule à y résider. Il doit y avoir tout une organisation complexe en dessous. Mais bon, trève de pensée, la demoiselle m'a parlé, il faut bien que je lui réponde par politesse.

"Cela se voit tant que ça ? Je ne pensais pas"

Je dis ces faibles paroles en esquissant un sourire à la fin, et en essayant de rigoler un peu, pour me redonner du bonheur dans ce cœur arraché, ce cœur froid, non, il est pas froid, il est devenu complètement gelé de colère et de rancœur.  Mais on ne pouvait pas être malheureux en étant en face d'elle, bah en tout cas, JE ne pouvais pas être malheureux.

Je ne pouvais pas rester sans rien faire, il fallait que je lance a tout pris une repartie pour me reprendre de cette parole débile et sans aucun sens. Elle est venue à moi, je doit m'intéresser à elle. Mais j'ai perdu cette confiance en soi. Pourquoi je l'ai perdu ? Une fille plus jeune que moi à l'air plus forte et meilleure capacité de supporter notre monde "apocalyptique" alors que ce devrait être moi qui suit plus vieux et donc censé être plus mature. Ça te fout un coup dans le coup, déjà que j'en pas eu assez en une seule journée... Tant pis, je me lance.

"Hum... C'est gentil d'être venu à mon secours, tu n'étais pas obligé tu sais. Est-ce que tu pourrais m'emmener à un centre médical, si il y en un ici bien sur ?"

Mais Jonathan, tu es bête ou quoi ? Tu ne lui a même pas demande comment elle s’appelait ! Tu veux t’intéresser à elle et tu lui demande même pas son prénom ! Tu es vraiment un idiot ! Espérons seulement qu'elle ne l'ai pas mal pris que je lui demande un ordre presque...

Il souriait, même dans ce sal état ? Plus Tamara l’observait, plus elle remarquait de blessures et de sang. Et malgré tout, ce ne fut que lorsque le jeune homme lui demanda s’il était possible de lui donner une assistance médicale que l’allemande réalisa la gravité de la situation. Un grand coup de stress mélangé à un douloureux sentiment de culpabilité vint déchirer son estomac. Ce mec était blessé, et pas qu’un peu ! Comment avait-elle pu rester assise là sans rien faire alors que lui se vidait de son sang !? Son corps au grand complet était décoré de multiples coupures, ses bras et ses jambes étaient salement éraflés, sans parler de toutes ces ecchymoses… L’Assaut bondit sur ses pieds et s’approcha du blessé afin de le soulever à son tour.

Ja, halten Sie an!

Elle le fit s’appuyer sur son épaule et se mit à marcher vers la salle des soins. C’était là l’arrivée d’un nouveau survivant, ce qui -aussi étrange cela puisse paraitre- fit briller une lueur d’espoir dans le cœur de la blonde. Cela signifiait que, là dehors, se trouvait d’autres survivants. Restait à voir s’ils étaient contaminés ou non. La salle de soins était située tout juste à côté du SAS. Une fois entrés, d’autres survivant vinrent aider le petit nouveau. Tamara laissa le jeune homme entre les mains des médecins. Alors qu’elle quittait pour retourner machinalement vers la salle d’entraînement, une pensée lui vint à l’esprit.

Tiens… Je ne lui ai même pas demandé son nom.

J'avais mal, je souffrais. Je ressemblais à un animal battu à mort. Oui, parce que mon poing est une chose mais il y a aussi toutes les marques de ce qui s'est passé au dessus, dans l'enfer, avant mon entrée de le Bunker A. L'accident de voiture m'avait fait pas mal de dégâts moralement mais physiquement aussi. Je ressentis toutes ses douleurs quand je voulu me lever. Je ne sentis plus mes jambes, je n'arrivais plus a poser ma jambe droite, je pense qu'elle est cassé en fait... Je ne m'étais jamais cassé quoi que ce soit mais aujourd'hui, j'ai découvert la sensation que ça donne. Moi qui voulait tellement être en béquille quand j'allais en cours... Bah j'en ai plus aucune envie !

La belle blonde semblait paniqué par le fait que je n'arrivait point à me lever. J'essayais de garder le sourire le mieux que je pouvais, il faut éviter de paniquer dans ses moments là. Elle me regardait et se concentrait sur quelque chose. Mais quoi ? D'un seul coup, la petite blonde s'accroupit et me prend par les épaules. Avec toute la force de son corps, elle arriva à me faire bondir et à me prendre sur son épaule en jetant ces petites paroles:

"Ja, halten Sie an!"

Je me suis posé deux questions en même pas une seconde: qu'elle était la langue qu'elle employait et puis... Comment a t'elle fait pour soulever un homme aussi lourd que moi ?! Pour la langue, j'avais une réponse. Au premier mot que j'avais entendu "Ja", je crois que ça veut dire oui en allemand. Était-elle Allemande ? Si c'est ça, on aurait pu dire qu'on était voisin de pays... Mais j'évitai de dire ses sottises car mon sens de l'humour n'amadoue que peu de gens. Et pour la réponse au fait qu'elle est réussi a me soulever, je dirais qu'elle pratique beaucoup de sport, donc il vaut mieux éviter de la chercher sinon tu vas la trouver très rapidement.

Elle m'emmena à la salle des soins. Elle était juste à coté du SAS. Normal aussi, si il y a des gens dans un pire état que moi, il ne faut pas traverser tout le bunker pour le soigner. Je voyais de moins en moins les choses, tout me paraissait flou, je tenais de moins en moins debout mais je sentis que beaucoup de personnes assistait Tamara... Mais elle me l'a dit son prénom, elle s'appelle Tamara ! Où ai-je la tête des fois sérieusement ! Les autres survivants m'ont allongé dans un lit. Et je m'endormis de fatigue. Il fallait que je me change les idées, que je me repose, que je rêve d'avant le cataclysme et que je ne me réveille jamais.