En l'an de grâce mil neuf cent quatre vingt huit, le treizième jour du dixième mois, jour symbolique, précisément six cent quatre vingt et un an après l'arrestation des chevaliers de l'ordre du temple, naquit Viidyādhara.

Un père français de confession catholique, une mère allemande de confession juive, tous deux émigrés en Algérie au cours de l'année érotique dix neuf cent soixante neuf, le vingtième jour du septième mois. Ils foulaient tous deux le sol d'Alger lorsque Neil posait son pied sur notre satellite.

Son enfance fût plutôt heureuse, elle eut la chance de fréquenter l'école de six à dix huit ans, puis elle se maria.

Un beau mariage, dans la plus pure tradition musulmane. De sept somptueuses tenues vêtue. De multiples précieux bijoux parée. Un souvenir inoubliable, et pour cause, son dernier qui lui soit agréable...

L'époux en question se révéla être un monstre embrigadé dans de sombres affaires dont Viidyādhara ne devait se mêler.
Dix années passées aux côtés d'un homme n'ayant aucune place dans son coeur, maltraitée, abusée, lui refusant tout contact avec sa famille.

Jusqu'au jour où, prise d'amour pour un ami de son mari, un des rares hommes autorisés à l'approcher, elle eu le courage de s'enfuir. Pensant pouvoir compter sur ce nouvel amour pour la protéger.
Ce qui malheureusement ne fût pas le cas.

Cet homme, si charmant soit-il, abusa de sa confiance.
Il entretenait des relations peu orthodoxes avec des groupes peu fréquentables. Un beau jour de l'an deux mil vingt et un, ils furent tous deux envoyés en Amérique avec pour mission de livrer un colis à la maison blanche.

Un peu naïve, disons-le, elle ne se douta de rien.
Le colis arriva presque à destination quand son ami, pris de remords, lui avoua les fins de son macabre projet et lui ordonna de s'enfuir et sauver sa peau.
Un bout de papier glissé discrètement dans le pli de son voile, sur lequel était griffonné l'ébauche d'une carte, avec en dessous un mot semblant être un mot de passe, et au dos une phrase en arabe qui disait: خطر الموتبشرية  «humanité en danger de mort» suivi de ces quelques mots rajoutés d'une encre différente et d'une écriture hâtive: نلتقي مع الله مرة أخرى إن شاء الله «nous nous reverrons au ciel si dieu le veut» احبك «je t'aime», qui lui brisa le coeur à jamais.

C'est ainsi, en suivant ces indications, que Viidyādhara arriva à Twenty-One.

Viidyādhara est une belle jeune femme dans la fleur de l'âge.
Dans sa vie avant le bunker, un délicat voile cachait sa longue et soyeuse chevelure couleur ébène.
Des yeux d'un bleu intense et clairs, quelques tâches de rousseur, une bouche naturellement rose et pulpeuse, des doigts fins et entretenus sont les seuls détails que l'ont pouvait distinguer d'elle.
Elle n'est pas très grande, un petit bout de femme ne dépassant pas le mètre soixante six.
Elle ne fait pas non-plus très peur au vu de sa carrure, quasi inexistante.

Mais elle a d'autres atouts dans son sac.

En arrivant au bunker Viidyādhara décida de reprendre sa vie de zéro, du moins, pas tout à fait, de la reprendre là où elle s'était arrêté de vivre.
Juste avant son mariage.
Lorsqu'elle était encore jeune, libre et insouciante.

Terminé la femme soumise, c'est un caractère à la fois fort et désinvolte qu'elle arbore au sein de l'équipe de survivants.

Elle souffre au fond d'elle-même de tout ce qu'elle a enduré. Mais elle a décidé de laisser cette vie là derrière elle et de vivre pour elle désormais.

Sa douleur permanente, elle ne souhaite pas la laisser prendre le dessus mais en faire une force. Une motivation quotidienne.