Cela faisais plusieurs semaines que j'étais arrivé dans le bunker A, dernier abri de l'humanité selon certains survivants complètement traumatisé (ou fanatisé, au choix). Ce genre de comportent me donne l'impression que je suis le dernier homme sensé sur Terre. Très vite, le choc d'avoir échappé à la mort de peu passé, une routine s'installa d'elle-même. On se lève, on s'habille, on va prendre le petit dèj', on va se laver puis, pour les plus chanceux, on se rend vers son lieu de travail. Quant à la plupart des gens, ils sont forcés à errer sans but dans ce nid de béton et d'acier. Une routine ennuyante à mourir, mais une routine quand même. Et je fais également partie de la masse encore inutile. Enfin, inutile, je suis censé être un "Outsider", l'engage principal du système qui doit nous permettre de survivre. Nous sommes supposés sortir à l'extérieur et mener des razzias dans la ville la plus proche pour approvisionner le bunker en vivres, matériaux, etc… Mais ça, c'est la théorie. Dans la pratique, je ne suis toujours pas sorti et je suis le seul type de tout l'abri qui enrage à l'idée de sortir dans un monde où la mort est omniprésente. Le pire, c'est que je n'ai toujours pas rencontré les membres de mon escouade. En plus, je fais office de bouche-trou… Une équipe était pratiquement complète, il manquant juste un médecin. N'écoutant que ma bêtise, et ne réfléchissant absolument pas, je suis allé poster ma demande d'intégration en tant que doc. Qui fut accepté. Je ne suis pas du tout médecin. J'ai juste un brevet de secourisme, et j'ai quitté mon cursus de médecine en cours de route. Mais ça devrais suffire. Enfin je suppose…
Un jour, alors que je glandais plus par obligation que par volonté, un "soldat" était venu me voir. Pas d'uniforme, rien. Même pas l'allure d'un mercenaire. Après ce constat, une interrogation germa dans mon esprit. Je n'avais jamais vu de militaire dans le bunker, et seuls les hauts-gradés semblaient vraiment rattacher l'armée. Donc, en sachant cela, qui dirigeait le bunker ? Il y a bien un président, le président Chester (qu'on ne voit pratiquement jamais), mais ce n'était pas le président de notre belle et magnifique Amérique. Rien à ma connaissance ne pouvait relier l'abri au gouvernement. Voilà qui était étrange. Revenant à la réalité, je reportai mon attention sur le soldat. Mon chef d'escouade voulait me rencontrer avant que nous partions en mission. Sage décision, marmonnais-je. L'autre me fit savoir que j'avais rendez-vous avec ledit chef au niveau –4, dans la salle de briefing. Je lui demandais quand j'avais rendez-vous. Il me répondit que je devais m'y rendre dans le quart-heure.
Après l'avoir congédier d'un maussade "Oui", je pris la direction de mon compartiment pour me changer. On n'a pas deux fois la possibilité de faire bonne impression. En ce qui me concernait, bien m'habiller équivalait à avoir le look d'un motard, ou pire (selon une vieille), d'un punk. Jean déchiré et blouson de cuir étaient donc de rigueur. Je laissai mon tatouage bien visible, histoire de lui faire comprendre que je n'étais pas un "gentil". Qu'on soit d'accord, je n'étais pas un enfoiré. J'étais aimable et serviable, c'est juste que j'ai un look qui fait assez "rebelle". Et ce n'est pas parce que je suis anarchiste, ça n'a rien n'à voir. Je me changeais très rapidement car je détestais être en retard. En fait, je préférais arriver en avance pour m'assurer de ne rien rater et de m'habituer au lieu et aux personnes. Je pris donc la direction des escaliers pour descendre au niveau -4. En chemin je croisais des têtes connus, comme mon partenaire de chambre Jonathan, que je saluais d'un geste de la tête. Ou Amy, qui était la seule personne dans ce trou à rat que je pouvais appeler une amie. Et d'autre dont la tête me disait vaguement quelque chose. Il y avait beaucoup de passage dans les couloirs au niveau -2. Et ça ne s'arrangeait pas au niveau en-dessous. Mais passé l'étage de la salle commune, pratiquement plus personne. On sentait bien que le niveau -4 était réservé aux huiles et aux trucs importants. Je descendis les marches et j'entendais au loin ce qui ressembla au hurlement d'une machine ou d'un moteur.
Arrivé au bas de l'escalier, je me retrouvais dans l'embouchure d'un couloir très sobre. Au moins, les gradés sont à peine mieux lotis que nous, ça fait plaisir à voir. À mesure que j'avançais, le vacarme se faisait plus assourdissant. Je plaignais ceux qui devaient bosser ici, ça devait être extrêmement épuisant ce bruit. Dans le corridor je croisais un type que je ne connaissais pas. Il avait le visage blafard, comme ces nolifes qui passait leurs journées devant leurs ordis. Il ne semblait pas à sa place, en tout cas pas avec les militaires. Il devait forcément être plus intelligent qu'eux. Puis le couloir pris fin et je mis les pieds dans un sorte de sas, avec plusieurs portes donnant sur je ne sais quoi, et l'une d'elle était ouverte. Je vis un homme à la forte carrure assis confortablement dans son fauteuil. Un petit écriteau sur son bureau portait la mention "Brian Wayne". Ce nom me disait quelque chose. Il aimait se faire appeler "Big Daddy" et avait fait des sienne à la cantine il y a un peu plus d'une semaine. Il me toisa du regard, que je soutenus avec un plaisir non dissimulé. Lui et moi sommes fait pour se détester, j'en suis sûr… Je mis fin au combat en mimant un salut militaire d'un air taquin. Son visage de chef se changea en une moue agacée.
Je continuais mon chemin et je finis par atteindre le lieu de mon rendez-vous. Une porte arborant la note "Salle de briefing" me séparait encore de mon nouveau supérieur. Porte que j'ouvris sans attendre et je débarquai dans la pièce sans aucune cérémonie. La salle en elle-même était représentative du reste du complexe souterrain, c’est-à-dire neutre et sans fioritures. Des tableaux étaient accrochés sur tous les murs et présentaient des notes et des gribouillis. Des notes étaient punaisées sur des tableaux en liège. Quelques tables ainsi que des chaises formant un U se trouvaient au centre de la pièce. Un homme était justement attablé et semblait plongé dans sa lecture. Il lit mon dossier, c'est certain, pensais-je. Ne sachant pas s'il ne m'avait entendu rentrer ou s'il me faisait juste patienter, je pris la parole :
Vous êtes bien le chef de l'escouade Echo ?