Il fallait bien l'avouer, elle l'avait cherché. On était venu la chercher et même qu'on l'avait escortée jusqu'à destination... Dans un malaise et un silence palpables. A croire que c'était soit ça, soit on la foutait dehors. Ca faisait quoi, trois ? Quatre, jours ? On lui envoyait des messages, on la cherchait en plein travail, tout ça pour quoi ? Pour s'asseoir et parler avec Machin Schmol, le psy du village, celui qui partage avec toi son haleine putride, son eau de toilette dépassée et son odeur naturelle de vieux agonisant. Bref, celui qui schlingue.

Oh elle avait bien essayé de lui dire, lui proposant gracieusement un chewing-gum qu'elle n'avait pas, dans un premier temps. Il avait accepté, manque de bol. Alors Charlie lui avait juste dit que, nasalement parlant, il l'importunait. Il l'avait mal pris Machin Schmol. Et maintenant quoi, il voulait la revoir ? Lui montrer qu'il avait changé ? Se faire pardonner de son affront à son délicat nez ? "Schmol, tu sais bien que c'est impossible, les relations sont interdites dans le bunker", pensait Charlie, dans son délire. Ca avait le mérite de la faire sourire. Le grand costaud qui la traînait par le bras, moins. Etrange.

Arrivés devant le bureau dans lequel elle passerait sûrement les trente premières minutes à se faire répéter à quel point consulter est important et que, vilaine fifille qu'elle était, elle n'aurait jamais dû ignorer les relances... Grand costaud la largua à l'entrée, frappant de son énorme paluche la pauvre porte sans défense, agrippant et tordant la poignée... Même pas un grincement de mécontentement ou une once de résistance, quelle fille facile s'te porte.

A sa grande surprise, ce n'était pas Schmol qui l'attendait. Non, il était bien plus blond et souriant celui-là. Mais c'était toujours l'Ennemi, il fallait s'en méfier. "Ton rendez-vous de 16h15", cracha grand costaud à blondinet avant de lâcher sa prisonnière et s'enfuir comme une belette. Pourquoi une belette, oh parce que. C'est là que Charlie s'approcha des fameux fauteuils, avec ce regard en coin qui tâtait le terrain, avant de s'asseoir et de commencer, comme ça, sans échauffement, à plaider sa cause.

- Meh, je sais pas c'qu'on vous a raconté mais je vais très bien, si j'ai évité la case "psy" c'était parce que, non mais vraiment, j'en ai pas besoin m'voyez... Tout se passe à merveille depuis mon dernier rendez-vous, y'a rien de bien nouveau.

Charlia haussa les épaules. Elle avait un petit problème avec l'autorité en général, alors qu'on l'oblige à aller voir le psy, raconter sa vie, ah ça oui, ça lui posait un problème. Enfin, elle voulait pas être virée du bunker non plus... Mais, têtue comme elle était...

- Oh et il est arrivé quoi à Schmol ? Enfin euh... C'est quoi son vrai nom déjà ? Votre collègue qui sent fort. Très fort. Vous voyez ? Hmm sinon ça doit être marqué dans mon dossier qui m'a vue avant vous.

Accompagnant ses paroles par la désignation de ce qu'elle pensait être son dossier, une pochette avec sûrement des papiers dedans. Oui, la curiosité quant à Schmol était trop forte. Avait-il refusé de la revoir ? Etait-ce seulement le hasard ? En avait-il eu marre de l'attendre en regardant la pluie tomber à travers la fenêtre en écoutant du Céline Dion ? Partait-elle encore très loin dans son délire ? Ca, oui. Pis on avait plus de fenêtre et ça faisait bien longtemps qu'on voyait plus de pluie, pour la touche réaliste. Charlie tappa l'accoudoir, comme si elle venait de se souvenir de quelque chose d'important.

- Oh mais où sont mes manières ! Bonjour, comme vous l'avez déjà très probablement lu, je suis Charleen Manson, aucun rapport avec Charles du même nom, je préfère "Charlie", on peut se tutoyer ? C'est vraiment un endroit clos, genre, sous terre, on va de toute façon se recroiser et ce serait plus sympa de se tutoyer.

Elle ne la fermait jamais, non. Enfin, si, là elle avait fini et attendait avec un grand sourire la suite du programme, en tailleur sur le fauteuil.

Il.. Il rigolait... Il... était... HUMAIN ?! Un psy humain ? Une espèce en voie de disparition, sûrement. Enfin, étant donné le contexte, tout était un peu en voie de disparition donc... Pensée inutile. Simon. C'était noté. Il lui disait vaguement quelque chose. Mais. Vaguement. Tout le monde lui disait vaguement quelque chose de toute façon, tant qu'aucun dialogue ne la liait à la personne, impossible de se souvenir de qui était qui et pourquoi. Comment ça pourquoi ? En tout cas, il la tutoyait. Donc elle prit ça pour un "oui", à sa question.

- L'humour et ses effets. Tu montres donc tes cartes de psy. Intéressant.

Ce n'était pas une accusation, juste une remarque qu'elle se faisait à elle-même. Enfin. Elle décida de laisser tomber sa garde un moment. Après tout, ce n'était pas Schmol. Y'avait pas de raison de se tenir à l'écart, bieeeen loin. En l'entendant dire que Schmol n'avait pas été jusqu'au bout des choses, Charlia haussa les épaules machinalement. Evidemment, Schmol était vieux et puis, il avait été bousculé par les remarques de sa patiente, il avait vite voulu en finir, complètement compréhensible. Pas sûre qu'il avait noté toute la partie "odeur mortelle à tuer des chatons" dans son dossier.

- Hey, Marilyn est mon idole, j'oeuvre tous les jours pour lui ressembler, on ne se moque pas !

Dit-elle, d'un air super sérieux. Bon okay, c'était dur de pas rigoler.
Boire quelque chose ? Fallait dire qu'à la vue du petit thé, les yeux de Charlie s'étaient vite illuminés. Elle acquiesça et se leva instantanément.

- Je veux bien, merci. Te dérange pas, je me sers hein.

Après s'être dirigée vers la bouilloire, avoir cherché une tasse et s'être servie, tout allait bien mieux. Se concentrer sur des tâches simples aidait Charlie à se détendre. Un peu hyperactive sur les bords. De retour sur le fauteuil, toujours dans la même position car le tailleur c'est la vie, la brunette-rouquinette sirotait son thé. Ce n'était goût tarte au citron meringué, mais hey, c'était la fin de monde, on faisait comme on pouvait hein.

Voulait-elle parler de quelque chose ? Oh oui, sûrement de plein de choses. Mais quand on lui posait la question, sa tête se vidait. Hmm. Elle regarda le plafond, réfléchissant. Oh mon dieu, il fallait qu'elle passe le plumeau sur ces toiles d'araignées. QUOI ? Des araignées dans le bunker ? Comment ? Où ?! Hmm. De quoi voulait-elle parler ? Rien en rapport avec elle-même en tout cas.

- Hmmmmmmm... Ta vie là-haut te manque ? T'étais déjà psy dans la vraie vie ?

Parce que, bizarrement, ça ne semblait pas être "la vraie vie" pour Charlie parfois. Elle savait que ça allait lui retomber dessus. C'était le boulot de Simon de lui retourner la question et d'analyser sa réponse mais... Elle n'y pouvait rien, elle était juste curieuse de la réponse de son interlocuteur du moment.

Prochainement dans Toute une Histoire, les cartes de Simon. Charlie devait bien s'auto-avouer qu'il était sympathique ce psy là. Elle en avait vu que deux dans sa vie, en très peu de temps, et déjà deux grands opposés aussi bien dans la méthode que dans l'homme. Damnit, il allait falloir qu'elle se pose un instant pour réfléchir à comment accepter de changer ses préjugés... Ca allait être long et fatiga.. Ah non, ayé, c'était changé. Mémoire vierge, repartons sur de bonnes bases camarade. En tout cas, il la fallait marrer.

- Je veux voir des tours de magie ! Enfin, plus tard, un jour.

C'était sorti tout seul, une vraie gamine, avant de reprendre le contrôle et le sérieux dont elle faisait toujours preuve. La bonne blague.

Une ressemblance ? Charlie, dans toute son intelligence et sa splendeur, acquiesça, sérieuse, les yeux fermés, concentrée, les bras croisés. Mais ça, c'était avant que ça monte au cerveau.

- HEEEYYYyyy... Marilyn et moi avons du charme ! Il est différent, certes.

Si elle n'avait pas le recul, l'humour, l'auto-dérision, et tout plein d'autres traits qui faisaient qu'elle était la femme parfaite #chevilles... Elle aurait pu croire qu'il lui disait, qu'avec ou sans maquillage, elle était vilaine. Charlie retenait. Elle se vengera, le moment venu. Elle s'en frottait les mains d'avance. Elle s'en cachait même pas et se frottait réellement les mains comme une petite fouine... Vu de l'extérieur, sans connaître ses pensées... C'était... Bon, on savait tous que Charlie hébergeait une famille de consanguins dans sa tête. Si y'avait encore un doute, il s'envolait probablement à ce moment même.

Enfin, mains réchauffées, Charleen se servit du thé, toute seule comme une grande. En confiance. Peut-être. Surtout une grande débrouillarde qui détestait qu'on fasse les choses à sa place. Et puis, il lui en fallait beaucoup pour être mal à l'aise en général, chez les gens, c'était un peu chez elle aussi, alors à moins que VRAIMENT, ça gêne, ouep, Charlie faisait comme chez elle un peu partout.

De retour sur le fauteuil, la protégée de Marilyn écoutait, toutes oreilles ouvertes, le passé du psy. Qui avait toujours été psy, et au mot "asile", lâcha, en marmonant dans sa barbe, portant la tasse à ses lèvres "Oh bah ça va, y'a pire" en pensant à son cas. Quant à la question que Simon lui adressait... Charlie ouvrit grand les yeux en direction du psy avant d'avaler et de reposer le contenant sur ses jambes.

- Je sais pas, je me pose pas tant de questions ? Et puis bon, il était sympa, elle allait faire un effort. Hmmm...

Réfléchir, quelle gymnastique du cerveau. Elle aimait pas le sport. Et puis trop réfléchir, surtout en temps d'apocalypse, c'était favoriser la dépression !

- Sûrement. La vie d'avant... J'étais pas grand chose, mais au moins j'avais choisi d'être ce que j'étais. Tout ce que j'étais, je ne peux plus l'être. Le divertissement est une part infime de la survie, normal qu'on la privilégie pas. Mais c'est pour ça que je me retrouve avec un balai dans une main, dit-elle en montrant sa main gauche, paume orientée plafond, et un seau dans l'autre, en montrant sa main droite de la même façon.

Et la question que tout le monde se pose ? Comment tient la tasse de thé ?! Sur son pied. Elle gère, elle a l'habitude.

- Je ne me retrouve pas dans cette vie. Alors est-ce qu'il existe un risque en me gardant ici ? Est-ce que je vais devenir dangereuse ? Charlie imita une balance avec ses mains. Probable. J'ai pas eu le temps de toucher à ma guitare depuis que je suis arrivée ici. Charlie baissa les mains... Au cas où t'aurais pas remarqué, je suis de ces gens qui ont besoin de se défouler. et acquiesça, sûre d'elle.

Il était mignon. Il pensait vraiment que Charlie ne connaissait pas toute la vie de son père et dieu, Charles. Curieuse de nature, dès qu'elle entendit ce nom, elle avait fait toutes les recherches nécessaires à sa survie dans ce monde terrible et injuste qui ne pouvait s'empêcher de faire des rapprochements ridicules. On lui avait refusé la scène pour porter ce nom. Encore, le nom... Elle n'était pas seule et personne ne faisait gaffe à Jacqueline Manson. Mais le prénom ? Le prénom... Ses parents n'avaient aucune excuse. C'était comme s'appeler Hitler et appeler son fils Adolfo. Une pure marque de haine.

- Je sais, papa m'a tout appris, rétorqua-t-elle, magnifique et étincelant sourire aux lèvres.

On disait de ceux qui montraient les dents en souriant, qu'il s'agissait d'une menace, d'un "tu vas voir, j'vais te bouffer". Enfin, on disait beaucoup trop de conneries nous les humains.

Charleen écouta attentivement les dires du psychologue. Elle se décomposait au fur et à mesure qu'il avançait. "Décomposer" n'était peut-être pas le bon mot. C'était... D'une façon ou d'une autre, elle y était sensible, voilà. Les mots "Petit champignon rouge" tournaient et se retournaient dans sa petite tête brune, Charlie eut une phase d'absence. Non ce n'était pas trop pour son petit cerveau, roh tout de suite... Elle était pas siiii bête. Bon okay ça se défendait. Mais le pouvoir de kawaitude des mots "petit champignon rouge" jouait une grande part dans le bug de son cerveau, fallait avouer.

Elle était douée pour faire du rouge, même si elle préférait le orange mais c'était une autre histoire on allait pas chipoter, mais le rouge ne servait pas tellement dans cette toile, elle était plus utile en faisant du violet malgré tout. Pour l'instant du moins. Quand d'autres champignons violets arriveront, peut-être qu'elle pourrait aller crier à la tête d'un haut-gradé que, le rouge, c'est aussi primaire que le bleu et le jaune... Enfin, magenta, cyan, chipotage.

Charleen leva les yeux après avoir entendu la question, toujours un peu dans ses pensées, un voile couvrant ses iris, aucune expression sur le visage, une voix d'enfant...

- Mais... Je veux être un petit champignon arc-en-ciel... Voler dans le ciel et laisser une traînée de paillettes derrière moi...

... Hein ? Et elle rigolait. Elle ne servait à rien. C'était trop dur de rester sérieuse. C'était plus facile d'éviter de parler sérieusement, Charlie ne se sentait pas douée pour ça, pour communiquer sur son être et sa raison profonde. Elle était son propre rôle, c'te fille.

- Non merci, il m'en reste et puis je suis infernale quand je bois trop de café slash thé. Oui, Charleen disait naturellement "slash". Je tourne toute la nuit après, mes colocataires me détestent.

Oh il devait bien savoir. Mais elle... Ne savait pas. Elle se levait trop tôt pour voir les gens se lever et se couchait trop tôt pour les voir revenir. Elle squattait rarement la chambre en journée. Et tant qu'on lui adressait pas la parole ou qu'elle ne prenait pas cette décision, c'était simple, vous n'existiez pas vraiment, vous êtiez un figurant dans sa tête. Personne ne se rappelle de la tête d'un figurant.

- Et toi, tu voulais parler d'un truc en particulier ?

Pour en revenir au début de la conversation. Et une gorgée de thé.

Papa Charles ou papa Marilyn ? Quelle question, tout le monde savait qu'ils étaient gays et l'avaient adoptée, d'ailleurs son prénom venait de la contraction de Charles et Marilyn. MIND BLOWN. En tant que narratrice, je découvre avec vous cette information et me sens fière de faire des trucs de ouf sans même y penser. Je m'en bise le poing, t'en veux ? En tout cas, près de 40 ans de différence d'âge et la prison, ça les avait pas gêné. C'est beau l'amour.

LUI ? Un champignon arc-en-ciel ?! Charleen feint la surprise et le soudain intérêt, presque levée de son fauteuil, prête à bondir sur l'être extraordinaire. Puis son regard se balada autour du psychologue avant de le fixer droit dans les yeux, incrédule.

- Tu mens, tu lâches pas de paillettes. Tous les petits champignons arc-en-ciel laissent une traînée de paillettes derrière eux. C'est bien connu.

Et puis il avait beau plaisanter, peut-être qu'il était réellement doté de multiples talents. Les lèvres de Charlie brûlaient de lui demander, mais, en les trempant dans le thé qui commençait à refroidir, ça allait mieux. Une autre fois. Elle n'oubliait rien. JAMAIS. Et puis c'était complètement son genre de revenir juste pour poser la question, si celle-ci se mettait à la hanter nuits et jours. 

Charlie écoutait. Quelle discipline aujourd'hui dis donc... Aurait-il... Un effet... Positif ? Elle était peut-être juste fatiguée aussi, oui oui, ça lui arrivait. Mais non, elle n'était pas fatiguée, elle lui devait bien un peu de franchise, elle l'aimait bien le bougre, il méritait son attention. Et puis, n'était-ce pas fascinant de se voir à travers un spécialiste ? Ou de savoir ce qu'il percevait de tes mots, ton attitude... Au passage sur le "je sers à rien", Charleen se mit à sourire, se redressant un peu sur son assise. Elle allait le laisser finir. Il était bien parti. Ce serait dommage de le couper. Au clin d'oeil, un peu surprise mais plutôt contente, Charlie posa ses doigts sur le haut de sa poitrine, telle une poule de luxe outrée.

-  Monsieur enfin. Pas ici, on pourrait nous surprendre, dit-elle, théâtralement, avec un accent français, comme s'il s'agissait d'une femme mariée, séduite par son amant.

Puis, après avoir pouffé puis retrouvé son sourire...

-  C'est dommage. Il y a une grande partie de vrai, mais la fin ne me semble pas correcte. Je... Ne trouve pas que je sers à rien. Il en faut bien des personnes pour entretenir tout ça, et c'est pas facile, on est trop peu pour trop de superficie alors on, enfin moi surtout, ne fais pas tout à fond. Mais c'est suffisant. Je ne fais pas ce que j'aime, ni ce pour quoi je suis bonne, mais j'aide tout le monde à vivre dans environnement plus sain. Je sers à quelque chose, mais... C'est pas drôle de faire le ménage. Déjà c'était pas drôle dans un 30m² alors... Je manque de temps pour moi, pour me retrouver.

Charlie, c'était le théâtre, la musique, la peinture... C'était dur de faire passer le bien-être du bunker avant le sien. Mais il fallait bien qu'elle joue un rôle là-dedans. Mais... Toujours des mais. Ca lui pesait, elle avait besoin de s'exprimer autrement.

-  Pour l'aide... Certes, je suis un peu perdue, ma place n'est pas tout à fait définie et j'entends bien à ce qu'elle change, MAIS ! Charlie le regarda malicieusement. Je rappelle au passage que j'ai fui ce rendez-vous... J'ai-arrêté-de-compter fois.

Accepter était un bien grand mot, voilà tout. Et puis, le reconnaître atteignait aussi sa fierté, mais ça... Elle se leva, tasse vide en main, se dirigeant vers l'endroit où elle l'avait trouvée.

-  Et puis, il faut donner pour recevoir. C'était plaisant de d'échanger. Je te la mets où ?

Elle parlait de la tasse... Contexte Charlie, contexte.

Charleen ne reconnaissait d'où venait la référence du mug, mais apparemment, Simon y était attaché alors... Mieux vallait pas le casser celui-là, histoire de rester dans la bonne entente et tout ça. En tout cas, il faisait pas de paillettes, c'était bien dommage, R.I.P. les loisirs créatifs : fleurs pailletées en papier, origami pailletés... Autres trucs pailletés... Tout ça quoi. Tristesse.

Le blond imitait son attitude théâtrale. Charlie sentait que c'était le début d'un truc cool. Au moins, elle se sentait un peu moins seule dans ce monde cruel. Ses colocataires étaient... Ce qu'ils étaient. L'une ne l'aimait pas et l'autre, c'était Charlie qui l'aimait pas, comme ça, la boucle était bouclée. Enfin presque, le lien entre les deux autres était encore flou, mais elle n'allait pas tarder à le découvrir hein.

- Héhé... La prochaine fois hein...

Elle prenait ça comme "y'aura forcément une prochaine fois". Cette future fois, elle ira pas à reculons au moins. Enfin, si on lui promettait pas Schmol. En tout cas, il avait eu juste pour la plupart de son analyse, il pouvait bien faire le beau un moment, Charlie n'allait pas lui retirer ça.

- Oh.

Poser la tasse sur le bureau ou sur le meuble. Quel choix. Il allait analyser ça aussi ? Charlie se retourna, lentement, la tasse entre les mains, pour tenter de surprendre ce genre de regard curieux et intéressé par un choix complètement stupide, avant de pouffer et poser la tasse juste devant elle, sur le bureau. Y'avait rien à analyser, mais elle était dans son monde, n'est-ce pas ?

- Eh bien, j'ai l'impression que la séance est terminée, à moins que ma compagnie soit devenue indispensable à ta survie, j'aimerais me retirer et... Aller me coucher, en fait.

Il était quoi, même pas 17 h ? C'était le jour de la lessive, comme l'appelait son collègue de misère travail. C'était un gros jour. Comme les autres jours en fait. Mais Charlie n'était pas encore habituée à ce rythme... Avec la bénédiction de Simon, oh ça rime, Charlie se déplaça légèrement vers la sortie. La porte ouverte, elle se retourna une dernière fois, tout sourire.

- A la prochaine fois alors !

Après un énergique signe de la main, Charlie était sortie de la pièce, fermant derrière elle.