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First Day,
First Training

ft. Dame Amy et 'sieur Kasner

uand il fallait y aller, il n'y avait pas de place à laisser à l'hésitation. Soupirant tout de même, parce que je savais déjà que mon épaule allait souffrir le martyr, je suivis les indication de Kasner tout en me remémorant des vieux conseils qu'ils donnaient dans les séries. Ok... Vise légèrement plus haut. Pas tout-à-fait... Voilà. Garde tes bras bien fermes mais suffisamment souples pour que le recul ne soit pas encaissé à fond et coupe ton souffle juste avant de tirer.

PAN !

Même avec un casque de sécurité, ça faisait un bruit d'enfer. Ce n'était définitivement pas l'arme à employer en cas d'infiltration ou de filature. Encore une fois, rien que ce détail, d'importance capitale s'il en est, montrait à quel point les films n'étaient pas réalistes. Bon, au moins, j'avais touché la cible. Dans la tête, certes, mais c'était une touche. Et comme je m'y attendais, le recul avait fait se lever mes bras et débuter une douleur dans mon épaule. On n'est plus au temps des samouraïs, c'est dommage, mais va falloir que j'm'y fasse.

Je doutais que mon premier essai soit réellement concluant alors je retentai le coup. Deuxième bang et cette fois-ci le tir fut raté. On peut pas tout le temps avoir de la chance non plus, j'imagine... Et si on essayait de la main gauche ? Après tout c'est mon côté le plus fort, bien qu'je sois droitier.

Huit balles plus tard, le constat fut assez concluant. Trois tirs ratèrent, un toucha une nouvelle fois la tête et les quatre autres firent mouche. De plus, j'encaissais bien mieux le recul de ce côté et la douleur était beaucoup moins marquée, bien que présente. P'tet qu'ils vont réussir à faire de moi quelque chose... Même si c'est pas encore gagné.

J'pensais pas qu'changer d'main pouvait se montrer aussi concluant... Par contre, ça fait toujours aussi mal ces trucs. Un conseil ?

{#}Niko{/#}

First Day,
First Training

ft. Dame Amy et 'sieur Kasner

as de remarques ? J'en déduisis donc que je ne m'étais pas montré trop ridicule. Mais les choses ne faisaient que commencer, comme je m'y attendais. Place à l'évaluation de la vitesse, caractéristique bien plus développée chez moi. Pour cette épreuve, je donnais tout ce que j'avais, histoire de marquer le coup. C'était bien beau de se préserver pour avoir des performances passables partout mais d'après moi, le mieux à faire était de se démarquer lorsqu'on était bon sur un point quitte à paraître lamentable aux moments où on avait des lacunes.

Commençant à luire à cause de la sueur et le souffle irrégulier, Kasner nous emmena dans la salle si peu visitée des simulations. Je n'y étais jamais allé avant et au vu de ce que j'y découvris, cela ne m'étonna pas vraiment. On aurait dit une sorte d'aire de jeu pour gamins turbulents. Si la situation globale ne se rétablissait pas rapidement, améliorer cet endroit deviendrait une priorité. Des outsiders entraînés seraient non seulement plus performants, mais en plus, ils amèneraient une stabilité certaine au sein de la communauté.

Au centre de la pièce, tu dois tirer sur les mannequins avec ça, lorsqu'ils "apparaissent". Ça va aller de plus en plus vite. Oh, évite de nous tirer dessus. Ce serait gentil.

Génial. Moi qui n'avais jamais été bon avec une balle, voilà que je devais tirer sur des mannequins. Bon, là le but était clairement de ne pas me faire trop ridiculiser, même si ça n'allait pas être du gâteau.

Compris mais j'préviens : autant au corps à corps, j'me défends plutôt bien, autant dès qu'on commence une escarmouche à distance, faut pas compter sur moi. Z'allez voir... Que commence le massacre !

Étonnamment, à mes yeux, ce ne fut pas si mauvais que ça. Alors certes mes premiers lancers étaient complètement risibles, mais une fois habitué au poids des balles, mon taux de précision augmenta drastiquement. Par contre, dès que la vitesse augmenta, ce fut du grand n'importe quoi. Au moins, j'avais prévenu à l'avance. Et pis merde, c'est pas d'ma faute si ma vision s'est dégradée, à force de vivre comme un poulet dans un abattoir... À peine la séance de tirs terminée, je lançai un grognement avant d'enchaîner :

Pas la peine de m'faire tenir une arme à feu, j'm'en suis servi qu'une fois et le recul est trop grand pour qu'je puisse le gérer sans des séances d'entraînement. Donc si on pouvait enchaîner par quelque chose qui se passe au contact, j'en serai grandement reconnaissant. C'est pas dans mes habitudes de me plaindre, mais j'préfère n'pas vous faire perdre de temps, même si j'crois qu'c'est d'jà fait.

{#}Niko{/#}

First Day,
First Training

ft. Dame Amy et 'sieur Kasner

e fut le début d'un jour assez spécial, aujourd'hui. En plus d'enfin passer les épreuves d'aptitudes suite à ma demande de mutation, ma future supérieure serait présente. Car oui, aussi étonnamment que cela puisse paraître, c'était une femme qui dirigeait l'escouade bravo. Et avant de me dire que je faisais du sexisme -ce qui n'était absolument pas le cas suivant votre définition-, je n'attendais d'elle qu'elle soit capable d'assurer ses fonctions et rien d'autre. Bien évidemment, si elle pouvait se montrer sympathique, c'était un plus non négligeable, mais cela n'avait strictement rien de nécessaire.

J'avais pris mes dispositions à savoir aller me coucher le plus tôt possible la veille afin d'être le plus frais disponible et tenter de me réveiller assez tôt pour m'échauffer avant les tests. Parce qu'il faut bien avouer qu'avoir une crampe devant l'entraîneur, ça avait de quoi la foutre mal, ce qui était d'autant plus vrai en présence de ses supérieurs. C'est donc environ deux heures avant mon passage que je fus tiré de mon sommeil, pile le temps pour que je puisse avaler quelque chose de léger et chauffer suffisamment mes muscles avec des exercices basiques pour ne rien craindre à l'instant T. Arrivant avec quelques secondes d'avance, je pus apprécier le fait que les deux personnes avec lesquelles je devais traiter étaient déjà présentes. Au moins, comme ça, on part du bon pied.

Morgan Connor, présent pour la séance de tests.

C'était une présentation concise et cordiale et d'après moi, il n'y avait pas besoin d'en faire plus. Et vu comme le dénommé Kasner me répondit, j'avais bel et bien raison d'agir ainsi. Il voulait commencer par tester mon endurance ? Soit. Il allait être servi. Quand bien même je n'avais plus la forme de ma jeunesse, ce qui me restait était amplement suffisant pour ridiculiser pas mal de monde au sein de ce bunker. J'obéis donc à l'ordre en trottinant pour décrire des cercles le long des murs. Ce que je pouvais détester courir en rond comme ça, ça me donnait l'impression d'être un de ces rongeurs en cage. Mais il n'y avait pas la place pour les jérémiades.

Combien cela faisait-il de tours ? J'avais perdu le compte après dix. Mon cœur battait plutôt rapidement et ma salive était déjà devenue compliquée à déglutir. Malgré tout, j'avais adopté mon rythme et d'après mes estimations, je pouvais tenir encore longtemps comme ça. Cet exercice me rappelait mes quelques années d'athlé. J'étais loin d'être le plus fort, mais face à la génération "Usain Bolt", ce n'était pas si surprenant.

Je ne sais même pas au bout de combien de temps j'avais décidé de ne plus rien faire mis à part essayer d'écouter la conversation des deux qui m'observaient, mais mes jambes commençaient à me demander de ralentir, ce qui était signe que je devais bien avoir parcouru 1500 mètres. Combien de temps fallait-il que je coure encore ? Et puis le "quand tu commences à t'épuiser" correspondait à quel moment au juste ? Ne sachant pas vraiment et en ayant marre de faire toujours la même chose, je finis par m'arrêter de courir pour marcher une bonne minute avant de m'asseoir au sol.

Fini. Mais votre consigne était pas très claire, du coup j'me suis arrêté quand ça a commencé à un peu me tirailler.

{#}Niko{/#}

6 mois avant

ft. Kas'Noisette

Une tignasse rousse qui vole, une tignasse rousse qui tombe, une tignasse rousse qui souffle. Comme un fauve qui se bat, qui souffre, un fauve qui meurt. Sans s'en rendre compte, Pierrot est descendu d'une, de deux, de trois marches. Il descend, comme attiré par cette touffe flamboyante qui lui brûle les yeux. Il s'arrête néanmoins, lâche sa valise qu'il avait saisie à nouveau, quand le roux remonte.

Il lui aurait bien lancé un autre projectile. Plus gros. Plus lourd. Mais le pauvre titube déjà. Il ne va pas le casser quand même, il a les cheveux rouges.

Alors il attend, que le pauvre le rejoigne, sourit devant son air perdu, son air malade. Il aime le voir souffrir. Il aime ça. Pierrot l'attend de pied ferme, il veut le voir de plus près.

Il est grand, le bougre. Il a sa taille, même une marche plus bas. Pierrot reste impassible, souriant, froid, terrifiant. Il fixe ses yeux verts de poisson rouge et il le trouve intéressant. Il ne le trouve pas beau, parce qu'il ne pleure pas, il ne crie pas et il n'a pas peur. Mais il le trouve intéressant. Et il se fait avoir, encore une fois.

Il se maudit. Un peu. Parce que ça fait mal. Il n'est pas du genre fillette mais il a vraiment mal partout. Quand il repense à son air haineux. Il était trop près. Il était trop près parce qu'il avait pu voir ses cheveux rouges se soulever sous son souffle. Non pas que cela ne soit pas joli, mais il avait vraiment été trop proche. Il ne devrait plus s'approcher autant. QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE ROUX SUR SON CORPS ? Ça va pas du tout. Du tout. Du tout. Il est trop proche. Trop proche. Il le touche. Pierrot a un homme sur lui. Qu'il s'en aille. Pourquoi il lui parle encore ? Qu'il s'en aille.

- Tire-toi.

Pierrot n'aime pas parler. Ça lui fait mal à la tête. Mais il ne peut pas taper. Il ne peut pas se lever non plus. Il ne veut pas que ce bougre sente ses muscles se contracter sous lui. Il ne veut pas qu'il le sente, ni qu'il le touche. À la limite, il veut bien qu'il le frappe, tant qu'il se tire.

6 mois avant

ft. KK's le KasseKouile's

Un roux qui plonge, comme un poisson rouge dans l'eau. Un poisson rouge qu'on a un peu trop laissé à l'extérieur et qui manque d'oxygène. Un poisson qui veut respirer. Un poisson rouge que Pierrot veut voir haleter bruyamment encore un peu, même si ça lui fait mal aux oreilles. Parce que le rouge de ses écailles est plus joli quand il halète. Un poisson coincé. Il est beau, le poisson coincé.

Mais visiblement, il a pas assez traîné dehors. Malgré son T-Shirt abîmé et tâché, son air épuisé, la fatigue qui se lit à travers tous ses mouvements et ses traits. Pierrot ne s'attend pas à la réponse. Jamais. Il commencera à y songer. C'est ce qu'il se dit quand il sent le sol se dérober sous ses pieds et un coup enfoncer son masque sur son visage. Quelle brute. Il a l'air plus féroce maintenant.

Il sent ce pied qui appuie sur son torse. Ce pied qui le pousse contre les arrêtes coupantes de l'escalier. Il aimerait lui y mettre sa face à cet imbécile. Et la faire glisser de tout son long sur une quinzaine de marches.

Il retire son masque, il le fixe de ses yeux bleus, capte ses pupilles gorgées de haine. Il aime voir la haine, mais il préfère la peur. Pierrot, ça l'agace de pas voir la peur. Il veut la sentir aussi, la voir dégouliner par tous les pores de la peau du rouquin. Tous les pores. Et il veut entendre sa voix trembler, supplier, haleter.

Il ne prend même pas le temps de viser et le masque touche sa face de petit emmerdeur en plein nez. Ça va couler. Il en profite pour se redresser et il le pousse. Fort. Il n'a pas peur, le roux est suffisamment con pour s'accrocher à sa vie de survivant, il ne se laissera pas crever après avoir dégringoler quinze marches. À moins que cela ne soit vingt ? Parce qu'il est descendu bien bas quand même. Pierrot contemple sa chevelure rouge écrasée sur une marche. Il sourit.

6 mois avant

ft. KK's le KasseKouile's

C'est la dernière fois. C'est la dernière fois et il le sait.

Il se tient devant le bunker, debout, entre l'enfer et l'apocalypse. Plus d'oxygène, plus de soleil, plus de vie. Que la mort, le poison et l'ombre. Il est déjà entré dans l'enfer du bunker, c'est plus agréable que l'apocalypse. Il a un masque, il respire, il vit encore. Il a marché sur les corps à l'aller et au retour, est passé devant les agonisants suppliants et a frappé ceux qui accrochaient son pantalon.

Pierrot a récupéré ses dernières affaires, celles qu'il avait laissées en partant la première fois. Avec son masque, il a eu le temps de les rechercher avant que le bunker ne ferme définitivement. Mais maintenant, c'est la dernière fois qu'il foule ce sol pollué en tant que citoyen libre. Il devient survivant.

Ce constat lui laisse un goût amer en bouche.

Bruyant. Il est bruyant celui qui s'approche derrière. Pierrot n'a pas peur, il reste là, planté, prêt à tout mais surtout à rien. Il ne craint pas les survivants et encore moins les bandits. Il attend que cet individu perturbant ne le dépasse, ne se poussant pas, agacé déjà par ce vacarme nuisant à son silence.

Le frottement du tissus sur le dos de sa valise lui fait mal aux oreilles. Il grimace. Il grimace et il grogne. Un peu. Pas beaucoup. Comme un animal.

Le roux l'agace, qu'est-ce qu'il l'agace. Il marche tout droit, il s'enfonce, il se fiche de savoir si Pierrot est fâché. L'écho de ses pas le dérange.

Alors Pierrot avance. Un pied après l'autre. Il ne marche pas normalement, il choisit très bien où il pose ses pieds. Il pose ses pieds là où l'autre a posé les siens, parce que l'étranger n'a pas le droit de souiller sa paix auditive. Il marche dans ses pas et il fixe sa chevelure trop rouge. Trop rouge pour qu'elle l'agace. Mais il lui tient quand même rigueur du bruit. Les roulettes de sa valise en font du bruit mais il aime ce bruit qui suit ses pas. Il se rapproche. Encore.

Il marche sur l'arrière de sa chaussure crade, sur son talon, il sait que ça fait mal et surtout il sait que ça peut faire chuter. Et si sa chevelure rouge s'étale sur le sol ce sera joli.