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Another one bites the dust

       
   

À force de protéger les idiots, on finira par être dirigés par des incapables. Ce fut la seule phrase qui passa par l'esprit de Brian quand Garry l'empêche de marquer le coup. Une veine bien visible sur sa tempe, le haut-gradé regagna sa place tout en prenant compte de l'évolution de la situation. Ce qui lui déplut le plus, fut certainement que la foule s'était trop rapidement calmée. En effet, il commençait à y avoir beaucoup trop de bouches à nourrir et trop peu de renouvellement des stocks, alors si le nettoyage avait pu être effectué au nom de la "sécurité du plus grand nombre", Big Daddy n'allait pas se priver. Malheureusement, il en fut tout autre.

Se devant lui aussi de montrer l'exemple, bien qu'il aurait préféré le faire autrement, Brian laissa les médecins lui faire une prise de sang. Enfin, en théorie, c'est ce qu'il aurait du se passer, mais ce ne fut pas exactement le cas. Très certainement intimidé par son patient, le médecin ne parvint qu'à briser l'aiguille de sa seringue. Exaspéré, Brian se piqua lui-même et exposa son sang foncé mais tout à fait normal. Manquerait plus que ça. Que lui tombe malade. Dans tous les cas, une chose était certaine, le haut-gradé ne manquerait pas une seule occasion de faire un véritable carnage. Entre les abrutis qui pétaient plus haut que leurs culs, les moutons qui brêlaient à tue-tête, les ordres beaucoup trop sympathiques, l'incapacité du personnel et l'état général dans lequel se trouvait le bunker, Big Daddy était comme une grenade dégoupillée : prêt à exploser à n'importe quel moment.

     
 

Six heure... Ok, pas de soucis, il faut juste que je me règle pour ne pas être en retard. En attendant, je vais me laver. On se retrouve au réfectoire ? Je ne sais plus à quand remonter la dernière fois que j'ai mangé à l'heure et je n'aimerais pas me retrouver submergé par la foule.

Tout en étant parfaitement vrai, c'était aussi un prétexte pour qu'elle accepte de manger avec moi. Quand bien même elle n'avait aucune obligation, je me disais que très certainement, en exposant les choses ainsi, la norvégienne pourrait plus facilement être enclin à me rejoindre. Pour peu, s'il n'y avait pas eu autant de monde, j'aurais très certainement ramené un petit quelque chose pour égayer le repas. Tant pis, cela attendrait six heure.

Pour autant, je ne laissai pas le temps à Eleonor de réfléchir. Je commençais à bien la connaître à force et il valait mieux qu'elle se laisse emporter quelques fois. À trop réfléchir, elle pouvait parfois manquer certaines occasions. Et pour le coup, il était nécessaire, dans l'éventualité où rien de fâcheux n'arrivait, qu'elle ne manque aucune de ces occasions. Ainsi, j'aurais pu passer une véritable journée digne d'être vécue du début à la fin.

Bien, dans ce cas, à tout de suite ! Je ferai l'effort de m'habiller de façon présentable. Il ne faudrait pas que madame soit mal accompagnée.

Lui tirant la langue quelques secondes, je vins lui déposer un baiser sur le front avant de m'éclipser. Était-ce un peu trop d'un seul coup ? Ça n'avait aucune importance. Non, ce qui importait réellement, était de savoir s'il me restait autre chose à mettre qu'un jean et un simple t-shirt dans mon tas de vêtements appelé garde-robe.
 

{#}Niko{/#}

     
 

Les heures qui suivirent furent entièrement dédiées à l'apprentissage de la norvégienne. Il n'y avait pas à dire, quand je me fixais un objectif et que j'avais l'occasion de l'attendre, absolument rien ne pouvait me faire dévier de mon chemin. En tout cas, une chose était certaine : Eleonor avait une capacité d'assimilation assez étonnante. Peu importe ce que je pouvais bien lui montrer, après quelques essais, elle parvenait à en saisir la base. Ne lui restait plus qu'à s'exercer afin que son corps transforme ces mécanismes en automatismes. Cela dit, ce processus n'était en rien simple et il restait largement incertain qu'elle puisse parvenir à obtenir des résultats probants. Tout résidait dans son acharnement et dans sa ténacité. Pour autant, je ne m'en faisais pas pour elle. C'était une battante, ça se voyait au premier coup d'œil.

Quand à moi, dans cette affaire, j'avais aussi eu mon lot de bonnes surprises. En plus d'avoir pu passer du temps avec mon soleil, j'avais pu terminer ma séance d'entraînement en douceur sans pour autant ne fournir aucun effort. Car oui, contrairement à ces nombreuses personnes se disant "entraîneur" ou "professeur de sport", quand je donnais des explications ou bien voulais transmettre une technique, au lieu de simplement donner des explications vaseuses et de faire une rapide démonstration, je préférais prendre mon temps, corriger expliquer pas à pas, quitte à recommencer des dizaines et des dizaines de fois avant d'être certain que la personne à qui j'enseignais ait bien compris. Il n'y a pas à dire, autant on pouvait me prendre pour une pierre tombale, autant en de certaines occasions, je pouvais me montrer bien plus éloquent et chaleureux que quiconque. Tout dépendait du cadre.

Il devait maintenant être entre 11h30 et 12h. Cela faisait un moment déjà que les retardataires étaient partis de la salle d'entraînement. Il ne restait plus que deux personnes : deux jeunes personnes qui, d'ordinaire pas très sociables, avaient tissé un cocon plus ou moins intime. Néanmoins, au vu de l'heure qu'il était, au moins une des deux savait pertinemment que dans un futur trop proche, leur séparation allait devenir inéluctable.

Tu apprends vite, c'est fou ! Je suis certain que dans quelques années, tu m'auras largement dépassé. J'aime bien les femmes fortes et débrouillardes, mais compte sur moi pour garder une longueur d'avance sur toi, sinon ce ne serait plus aussi drôle.

Je lui fis un clin d’œil en laissant suspendre un sourire mystérieux sur mes lèvres. Peut-être avait-elle pu lire en moi, mais je n'en avais cure. Cette journée avait déjà laissé place à de nombreux évènements marquants, alors peu importe ce qui pouvait arriver, rien ne pourrait m'enlever ce sentiment de légèreté, cette sensation d'avoir été libéré de mes chaînes.


Bon... Je ne sais pas exactement quelle heure il est, mais je commence à avoir faim, pas toi ? On devrait rapidement aller nous débarbouiller avant d'avaler quelque chose. Et après, si tu as du temps pour toi, tu pourras venir me voir dans mon compartiment. Je préparerai tout ce qu'il faut pour te faire ta coupe. Et j'en profiterai aussi pour faire la demande de changement de compartiments. Haha, je sens que la vie sera beaucoup moins terne dorénavant !
 

{#}Niko{/#}

     
 

- Hm .. Pour la douche je préférerais décliner, mais ... concernant mes cheveux, pourquoi pas ?

Que... ?

Ce fut à ce moment là que je réalisai ce que j'avais dit. Idiot. Quel parfait idiot je faisais. Heureusement que la nordique ne s'était pas arrêtée à ce point en particulier. Mais non content d'avoir fait le pitre une fois, voilà qu'elle me donnait l'occasion de recommencer. À cet instant précis, je n'étais ni plus ni moins qu'un gamin déballant ses cadeaux à noël : un grand sourire aux lèvres le cœur léger. Ne manquait plus qu'elle me donne sa réponse et c'était bon, je pouvais mourir heureux et sans aucun regret. Néanmoins, le jour fatidique n'étant pas prêt d'arriver, j'avais décidé que je devais en profiter le plus possible. Et bien que je n'ai pu me faire aucun ami, tant que je pouvais avoir l'occasion de me retrouver proche de la dame venue du nord, alors tout irait pour le mieux.

Sérieusement ? Tu acceptes ? Oh, je ne ferai rien de fantaisiste, quelque chose de très classique suffira amplement.

Finissant peu à peu à reprendre mon sérieux, je fis rapidement une petite estimation de l'heure qu'il pouvait être. Bien que je n'avais rien à faire durant mes journée vu qu'aucune mission nous était assignée, je pouvais me permettre de m'organiser comme je le voulais. Mais ce qui s'appliquait à ma petite personne n'était pas le cas général.

Dis, tu as des choses à faire aujourd'hui ? Si tu as encore le temps et l'envie, je peux te montrer deux ou trois mouvements qui pourraient être utiles si tu te retrouves coincée en terrain difficile. Hmm... Ça n'a rien à voir mais, est-ce que tu te souviens de ma proposition ? Il y a pas mal de monde en moins apte à aller à la surface ces derniers temps, donc il y a des places qui se libèrent dans les dortoirs. Si tu le veux, on pourrait partager le même, ce sera plus simple pour avoir des séances de dégustation. Et puis on se verrait plus souvent aussi.

Dans tous les cas, je n'ai rien à faire aujourd'hui, alors si tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit, n'hésite surtout pas !

 

{#}Niko{/#}

     
 

Ah ça, pour coller des claques invisibles, Brian savait y faire. Il me connaissait trop bien, et ce malgré le peu de temps que l'on avait passé ensemble. Rien n'allait bien dans ce bunker. Pas assez de missions étaient menées, notre stock d'armes était trop faible, personne ne s'occupait réellement de notre machinerie, on bouffait des choses douteuses, l'entraînement laissait à désirer et il y avait encore une longue liste de choses à améliorer.

Je ne me faisais aucune illusion cependant. Bien que Brian était une personne compétente (comme 99% des ex-taulards noirs), il avait les mains liées. Et tant que c'était le cas, les changements qu'il pourrait apporter seraient minimes. Il lui fallait du temps et quelques personnes de confiance. Bien évidemment, je ne pouvais pas refuser sa demande. Il y avait beaucoup trop d'enjeux fatidiques et essentiels pour notre futur à tous. Et si jamais un jour nous voulions revivre à la surface, et si jamais j'aspirai à pouvoir reprendre un train de vie "normal" en compagnie d'une personne fantastique, je me devais de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour que l'on puisse avoir le moindre espoir. Car l'espoir faisait vivre et si l'espoir pouvait amener à ce que le soleil que j'avais eu le chance inestimable de trouver puisse s'élever dans le ciel et à jamais me bercer de ses doux rayons, alors il n'y avait pas à hésiter un seul instant.

La réponse que la norvégienne apporta au ricain me fit sourire. Je ne pensais pas qu'elle puisse accepter une telle chose aussi facilement. Mais elle avait très certainement dû peser le pour et le contre avant de se rendre compte qu'il y avait plus d'avantages que d'inconvénients. Sans ajouter un mot, je plaçai mon regard plein d'étoiles sur son visage. Aujourd'hui était définitivement un bon jour, il n'y avait pas à le nier. Au bout d'un petit moment, me rendant compte que j'étais immobile comme un parfait idiot, je me ressaisis et brisai le silence.

C'est génial que tu aies accepté, mais puis-je te demander pourquoi ? Je pensais que dans une telle situation, tu aurais préféré rester neutre. Dans tous les cas, je ne m'en plains pas ! Je t'aurais bien enlacé à cause du soudain gain de joie, mais bon, avec la sueur, ce n'est pas franchement tip-top, à moins que tu n'en aies cure.

Il ne manquait plus que l'on m'annonce qu'il y avait des patates douces cuites dans de la cendre et c'était comme si l'on fêtait mon anniversaire. Autant dire que depuis le début de la catastrophe, ce devait très certainement être le plus beau jour que j'ai vécu. Bien évidemment, dans des moments comme ça, l'ancien moi avait tendance à ressortir. Et je ne pus donc me retenir et ajoutai :

Hmm... Que dis-tu de prendre une douche ensemble après ? Je pourrais m'occuper de tes cheveux si tu veux. Ce n'est pas très bon de les laisser comme ça. Je suis certain que ta beauté singulière en sera soulignée après mon passage. Après, tu peux refuser, je ne te force à rien. Sache juste que tu as beaucoup de potentiel qui ne demande qu'à être exploité. Exactement comme un diamant.
 

{#}Niko{/#}

Une façon de se défouler

ft. un tout jeune couple

       
   

À la réponse de la norvégienne, Brian ne put s'empêcher de retenir un sourire. Le résultat dépassait largement tout ce qu'il avait pu espérer. Au moins, même si elle ne rejoignait pas son camps au moment fatidique, elle n'irait pas non plus chez l'adversaire. C'était tout ce que le haut-gradé voulait. Sachant pertinemment que ses deux interlocuteurs voudraient très certainement discuter de cela entre eux, et voyant aussi à quel point Morgan semblait différent en présence d'Eleonor, Big Daddy se releva. Et avant même que quiconque ait le temps de le retenir, il ajouta :

Ne vous en faites pas pour moi, j'avais l'intention de retourner travailler. J'ai encore beaucoup de choses à régler. On se reverra à l'occasion.

Et le haut-gradé disparut sans se retourner tout en pensant déjà aux prochaines actions qu'il devait mener afin que le bunker ait un semblant de stabilité et un véritable avenir.

Briefing

ft. une bande de pisseurs

Brian ne s'attendait pas vraiment à ce que quelconque question lui soit posée. En général, il se montrait suffisamment clair pour qu'il n'y ait besoin d'aucun autre détail supplémentaire. Mais la généralité étant ce qu'elle est, on ne pouvait pas éviter les exceptions. C'est donc sans trop grande surprise, mais avec une dose de lassitude, que le haut-gradé entendit le questionnement d'Allen. À en juger par son attitude, ce gosse là ou bien ne ferait pas long feu ou bien était un véritable psycho une fois sur le terrain. Rien que pour ces deux aspects, Big Daddy avait noté dans un coin de sa tête qu'il fallait attentivement surveiller cet élément.

Gamin, ou gamine, peu importe vu ta gueule. Je t'ai donné trois choix pour me désigner, alors tu vas bien sagement en choisir un sinon je te ferai faire un tour dans la zone la plus dangereuse du terrain. Je t'assure que même moi, je n'ose pas m'y aventurer seul. Tu ferais un bon casse-dalle pour Winnie. Quand aux armes, vous ferez avec ce qui sera disponible dans la réserve. Pas le choix, on n'a pas encore suffisamment de stock ni de diversité, mais j'ose espérer que la situation va rapidement changer.

Et au cas où vous le demandiez, je ne serai jamais très loin de vous mais ne vous aiderai qu'en cas de nécessité absolue. Bien, retrouvez-moi dans le sas une fois que vous serez prêts et armés. Vous avez un quart d'heure grand maximum. Tout retard sera pénalisé et sanctionné. Sur ce, à tout à l'heure.

Et sans rien ajouter de plus, Brian fixa l'assemblée avec un regard disant clairement "dépêchez-vous si vous ne voulez pas que je vous étripe".

Une façon de se défouler

ft. un tout jeune couple

       
   

En voyant comment les deux approchaient, Brian n'avait pas pu cacher son regard quelque peu malfaisant. Non pas qu'il éprouvait quelconque mauvais sentiment, c'était simplement qu'avec le temps, son visage prenait un air effrayant quand il réfléchissait. Il vit une scène qui lui fit esquisser un sourire. Un homme capable, parfaitement apte à remplir ses mission aidant une femme encore à l'état d'un joyau brute devenir un parfait diamant. Oui, c'était parfait, il ne fallait plus que lui, Big Daddy, parvienne à les ramener à ses côtés pour que son plan puisse enfin se mettre en marche. Et la situation était propice à cela. Décidément, depuis qu'il avait eu la chance de rencontrer le jamaïcain, de nombreuses opportunités s'étaient présentées à lui. Il ne restait plus qu'à les saisir.

Brian, voici Eleonor. Je pense que ce n'est pas la première fois que vous vous rencontrez, mais ce doit être une première quand on considère le cadre d'aujourd'hui, ai-je tord ?

Non, pas du tout. Mon jugement a été plutôt correct à ce que je vois. Tu as bien suivi mon conseil, excellent.

Toujours avec le sourire, Brian fixa la norvégienne quelques instants. Au vu de la supposée relation entre elle et Morgan, les choses seraient peut-être grandement facilitées. Mais rien ne pouvait préparer le haut-gradé à ce qu'il doive exposer ses projets aussi rapidement au vu de la phrase avec laquelle l'éclaireur enchaîna. C'est donc en fronçant légèrement les sourcils et après s'être assuré que des oreilles baladeuses ne s'égaraient pas dans le coin que Big Daddy fut forcé de se dévoiler.

Bien... Morgan, tout comme moi, n'aime pas vraiment comment les choses sont dirigées. Cela ne fait pas très longtemps que je suis de retour alors je n'ai pas encore eu le temps de bien établir mon réseau, mais quand bien même... Pour faire court, même moi, je me sens mal à l'aise. Mes supposés collègues ne sont pas très effectifs dans leurs jobs respectifs, alors je compte bien montrer des résultats pour les forcer à se bouger le cul.

Le haut-gradé fit une courte pause avant d'enchaîner.

Sauf que dans tout ça, il reste quelques éléments qui peuvent me mettre des bâtons dans les roues. Ces éléments ne sont ni plus ni moins que les deux premières escouades et la famille Collins. Pourquoi ? C'est très simple. Les Collins sont des parvenus, surtout le fils. Rien que parce que son père est un haut-gradé qui a plus d'influence que les autres, même que moi à l'heure actuelle, il est intouchable. Cela rend donc son escouade Alpha totalement imprévisible. Vous savez que je suis chargé de la sécurité. Je mets un point d'honneur à ce que nos outsiders, dans le futur le plus proche qu'il soit, deviennent une élite capable de rendre nos vies meilleures. Le Président m'a donné carte blanche et j'ai déjà quelques idées qui, si tout se déroule selon mes plans, changeront la face de notre quotidien. Et c'est précisément pour que ces plans puissent prendre effet que j'ai besoin de vous deux.

Là encore, Brian marqua une pause, mais cette fois-ci, c'était pour laisser le temps aux deux jeunes de bien se préparer mentalement à ce qu'il allait leur dire.

Morgan et Eleonor, j'aurais besoin que vous restiez des outsiders et que vous deveniez, quand les choses auront pris une tournure inéluctable, mes alliés. Je ne vous demande pas grand chose, seulement, quand il vous faudra faire un choix, j'espère que vous choisirez mon camp. Bientôt, si tout se passe bien, les escouades vont être réorganisées. Morgan, tu resteras en Bravo. J'aimerais que tu puisse me communiquer tout comportement étrange provenant de Draper. Elle est beaucoup trop proche de Collins Jr. à mon goût. Quand à toi Eleonor, je ne peux rien te demander. Je vais juste tenter de te laisser le plus de liberté possible, mais je ne peux rien te garantir. Si jamais tu devais te retrouver à devoir travailler avec les Collins, j'espère simplement que tu sauras vers qui te tourner...

Et Brian n'ajouta rien de plus, comme s'il voulait laisser à ces deux amis le temps de faire leur choix, sauf que le haut-gradé savait pertinemment ce que le jamaïcain allait répondre. Le seul élément aléatoire provenait de la norvégienne. Quelle allait être sa réaction ?
   

     
 

  Super !
 
  Sans même prendre le temps de réfléchir à ce que je faisais, je pris la main de la norvégienne et la tirai vers Big Daddy. Ce dernier semblait avoir esquissé un regard indéchiffrable, mais très rapidement, il afficha un sourire, pas très prononcé, certes, mais présent quoi qu'on puisse en dire.
 
  Brian, voici Eleonor. Je pense que ce n'est pas la première fois que vous vous rencontrez, mais ce doit être une première quand on considère le cadre d'aujourd'hui, ai-je tord ?

J'étais quelque peu excité. Tout d'abord, elle était à nouveau proche de moi, ce qui avait de quoi me donner suffisamment d'énergie pour toute une journée. Mais en plus, la seule personne qui se rapprochait d'un ami était aussi présente et semblait être de bonne humeur. On aurait presque pu dire une réunion entre veux amis autour d'un verre durant le week-end. Dans ces moments-là, quand bien même je m'étais habitué à la solitude, mon ancien moi semblait faire irruption. Le Morgan enjoué, celui qui pouvait passer des heures à peaufiner une coiffure tout en parlant de tout et de rien avec sa cliente. Celui qui aimait parcourir le monde et voyager, celui qui, bien que célibataire, ne manquait de rien. Et pourtant, tout cela n'était rien de plus qu'un rassemblement de personnes complètement étrangères qui, par la force des choses, avaient été amenées à se rencontrer et forger des liens.

M'enfin bref, là n'est pas le plus important. Brian, de quoi voulais-tu me parler ?
 

{#}Niko{/#}

Briefing

ft. une bande de pisseurs

Trois heures du matin.

C'était une première. Jamais encore une mission avait débuté aussi tôt. Et pourtant, c'était l'heure à laquelle était conviée chacun des participants à la mission arrangée par le haut-gradé. Haut-gradé qui, dernièrement, semblait beaucoup moins irritable. Après tout, réussir à imposer une réforme telle que celle qu'il avait proposé n'arrivait pas tous les jours. Comme quoi, lorsque l'on se montre capable, peu importe la méthode utilisée, les gens sont, à un moment ou à un autre, obligés de le reconnaître.

Aujourd'hui, sur les quatre qui étaient entrés dans l'escouade provisoire, trois avaient répondus à l'appel. Brian ne leur adressa pas le moindre regard ni la moindre parole jusqu'à ce que tout le monde fut présent. Bien évidemment, tout était déjà prêt pour les accueillir. Big Daddy avait, pour une fois, fait l'effort de préparer des chaises afin que tout le monde puisse s'asseoir. Il avait aussi placé un projecteur sur son bureau afin de pouvoir faire une présentation digne de ce nom.

À très exactement trois heures et cinq minutes, le haut-gradé releva enfin la tête. Son regard était glacial et on aurait presque cru qu'il pouvait tuer n'importe lequel des prétendants au poste d'outsider en une fraction de seconde. Après tout, ce n'était pas très éloigné de la réalité lorsque l'on savait à quel point cet homme était dangereux, surtout lorsqu'il tenait une hache en main. Sans un mot, il appuya sur un bouton du projecteur et une première diapositive apparut derrière lui. Il fut aisé de comprendre que le briefing allait commencer.

Bien. Brian Vayne, mais vous pouvez m'appeler Big Daddy ou Boss. Si vous n'avez pas la tête enfoncée trop profondément dans vos culs, alors vous savez pourquoi vous êtes là, donc je ne vais pas m'attarder sur des détails inutiles. Votre mission sera simple, vous devez survivre et mener à bien la mission que je vais vous confier. Soyez rassurés, nous irons dans le terrain d'entraînement que j'ai spécialement préparé à l'aide de nos savants fous. Par contre, ne rêvez pas de trop, la difficulté sera presque identique à une mission classique. Seulement, si vous êtes en danger, je serai capable de vous sauver, sauf si vous merdez mémorablement, auquel cas, ce ne sera pas une très grosse perte.

À la fin de sa phrase, Brian prit une petite télécommande et d'un simple clic, la diapositive présente derrière lui changea. Une carte assez détaillée présenta rapidement la topographie du terrain d'entraînement. Si on en croyait la légende, c'était une sorte de parc s'étendant sur une petite dizaine de kilomètres entièrement bordé par des murs barbelés et des grillages électrifiés. À l'intérieur, plusieurs zones étaient définies.

Comme c'est simplement une initiation, vous n'aurez qu'à traverser la première zone, la moins dangereuse. Là-bas, vous devrez affronter des bandits captifs que j'ai légèrement torturé. Ils ne seront pas bien dangereux. Vous devrez aussi récupérer un drapeau qui sera placé dans le seul endroit quelque peu dangereux de la zone : le chenil. Faites gaffes à vos miches, les deux chiens que j'y ai placé sont pas des rigolos. Des questions ?

Pendant qu'il parlait, Big Daddy avait de nouveau appuyé sur sa télécommande pour montrer deux images : la première était une photographie de ce qu'il semblait être une route dévastée avec quelques hommes maigrichons armés de couteau qui erraient sans but tandis que sur la seconde, les ruines de ce qui, d'après le haut-gradé, était autrefois un chenil se dressaient avec un drapeau placé en plein centre. Mais ce qui attirait l'oeil sur cette seconde imagé n'était pas le tissus rouge du drapeau mais les deux canins allongés à son pied. L'image n'était pas très nette alors ils n'étaient pas bien visible, mais n'importe qui ayant déjà vu un chien avant aurait forcément remarqué que quelque chose clochait chez ces individus.

Dans tous les cas, la mission avait été présentée et, malgré le fait que ce ne devait être que de "l'initiation", ça n'avait en rien l'air d'être une promenade de santé. De plus, comme pour appuyer sa présentation pessimiste de la mission, Brian avait placé un sourire sur ses lèvres. Et dire qu'en plus, il devait les surveiller !

Another one bites the dust

       
   

Il n'attendait que ce moment. Avec l'arrivée du Boss sonnait le début de la fin. La fin de quoi ? La fin de sa surveillance dans cette bien beaucoup trop remplie et bruyante. Plus que quelques heures à tenir et tout reprendrait le même rythme qu'avant. Au moins, jusque là, il n'y avait rien eu à déplorer. Mais sans un petit évènement de rien du tout, comment pouvait-on espérer que Big Daddy puisse s'amuser ?

Cet évènement, inattendu, pointa le bout de son nez quand Garry se mit en scène. Brian pensait que quelques rebelles allaient se manifester et tenter de créer une émeute, mais ce ne fut pas le cas. À la place, un cul-terreux parmi les paysans se mit à cracher ses entrailles. À première vue, rien de bien méchant, on voyait souvent bien pire à la surface. Sauf que là, on était en intérieur. Et dans un intérieur bondé de monde. Si ce gringalet avait choppé une merde contagieuse, il était fort à parier que l'anarchie viendrait s'installer dans le bunker. Et l'anarchie, pour les dirigeants, ça craint.

Voyant que le Président avait appuyé sur son appareil, un petit sourire se dessina sur les lèvres du haut-gradé. Il appuya sur son oreillette et prononça un seul mot. D'un seul coup, tous les gardes dispersés dans la salle se placèrent devant les portes, empêchant quiconque de sortir. Au même moment, Brian alla se placer aux côtés de son supérieur. De prime abord, ce que le chef de la sécurité venait d'entreprendre n'avait eu aucun effet. Mais bien entendu, cela n'allait pas durer.

Glissant quelques mots à l'oreille de Chester, Brian lui fit signe de se placer légèrement en retrait pendant que lui-même s'avança un peu plus. Soupirant en examinant la peur générale qui semblait s'être emparée de la foule, le haut gradé sortit une arme de sous sa chemise. Il avait prévu le coup : en cas de problème quelconque, pointer une arme sur le coupable, c'était toujours très efficace. Big Daddy attendait encore de recevoir un simple ordre du Président, mais en attendant, rien ne l'empêchait de devenir la véritable source d'attention de la foule.

Un simple tir vers le plafond. Il n'en fallut pas plus pour que la pièce devienne complètement silencieuse. Brian attendit quelques instants pour laisser à l'ensemble des personnes présentes le temps de bien digérer ce qu'il venait de leur servir. Une détonation qui, bien que moins bruyante, était tout aussi captivante que celle d'un feu d'artifice. Remarquant que tous les regards étaient posés sur lui, le haut-gradé en profita pour prendre la parole.

Écoutez-moi tous autant que vous êtes. À partir de maintenant, vous êtes en quarantaine. Comme le Président l'a dit, vous serez libérés après avoir subi quelques tests. Soyez coopératifs et tout se passera bien. Essayez de me chauffer ne serait-ce qu'un petit peu et...

Big Daddy laissa sa phrase en suspend mais tout le monde put aisément comprendre ce qu'il voulait dire. Alors, qui serait assez stupide pour lui désobéir ? Il n'attendait que d'avoir un bouc émissaire pour montrer l'exemple de façon plus musclée.

Un anniversaire pas comme les autres

      
  

J'avais eu vent qu'une fête en l'honneur du Grand Bienfaiteur allait avoir lieu. En temps normal, j'en aurais profité pour passer une soirée tranquillement et tenter de dormir le plus possible, mais là, ce n'était pas possible. Déjà parce qu'une telle occasion, ça n'arrivait quasiment jamais mais aussi parce que j'avais faim. Aussi bête que cela puisse paraître, avec mes horaires légèrement en décalé de ceux du bunker, l'heure du repas habituel n'était pas encore arrivée. C'est donc plus par obligation que pour toute autre raison que je m'étais fait à l'idée de m'y rendre. Bien évidemment, il était hors de question que je fasse un quelconque effort sur ma personne et que je me plie à quelconque règlement spécialement établi. Toutefois, pour marquer l'occasion, je pris la peine de me mettre une cravate en plus de faire l'effort de porter un jean, mais rien de plus.

Une fois rendu sur place, je devais bien avouer que je fus surpris. C'était la première fois depuis des lustres que je voyais autant de monde rassemblé en un si petit endroit. Et bien entendu, cela me mit mal à l'aise. Je n'eus même pas le temps d'y réfléchir qu'une jeune femme me prit par le bras et m'invita à danser. C'était un peu brusque, mais bon, au moins, cela me changerait les idées... Je fus stupide de le penser. La première danse finie, une autre dame m'invita pour que je l'accompagne sur la prochaine. Puis ce fut le tour d'une autre et d'encore une autre et ainsi de suite pendant presque une heure. Sans m'en rendre compte, je fus bientôt entouré de toute une clique de femmes qui n'attendaient qu'une seule chose : pouvoir se tenir dans mes bras le temps d'une danse, le véritable enfer. Qu'avais-je fait pour me retrouver embarqué dans une telle situation ? Et surtout, pour qui ou pour quoi me prenaient-elles ? D'accord, je savais bien danser -en partie grâce à la capoeira-, mais je n'étais en rien un danseur. L'idée qu'elles me prenaient pour une sorte de jouet me traversa l'esprit lorsque je me remémorais que je n'étais vêtu que d'un jean et d'une cravate, mais tout de même... La fête avait des effets aggravants puissants si c'était effectivement le cas.

Par chance, je finis par réussir à m'échapper en feignant que j'étais fatigué. Moi qui voulais simplement manger quelque chose puis repartir, voilà que c'était tombé à l'eau. Peut-être que la cravate était de trop. Dans tous les cas, les choses ne s'arrangèrent pas vraiment puisque c'est au même moment que les lumières se coupèrent. Il n'y avait que deux raisons à ce qu'un tel évènement arrive : ou bien le Grand Bienfaiteur allait faire son entrée ou bien un problème d'une envergure pas vraiment imaginable venait de nous tomber dessus. J'espérais sincèrement que c'était le premier cas qui était en action... D'autant plus que, sans vraiment savoir pourquoi ni comment, je venais d'apercevoir la seule personne avec laquelle être dans une telle fête ne me dérangerait pas. Décidément, le hasard me mettais toujours sur son chemin.
  

{#}Niko{/#}