Elle avait faim. Vraiment faim. Au début, ça n'avait été qu'une sensation désagréable dans son estomac, un tiraillement gênant. Petit à petit, cette sensation avait prit en importance. Le creux qu'elle sentait semblait s'approfondir, devenir presque douloureux. Ce n'était pas un sentiment qu'elle avait en tout temps, mais qui survenait plutôt par vagues. D'abord faibles, espacées parfois de plusieurs minutes, leur fréquence et leur amplitude ne cessait d'augmenter au fil du temps si bien qu'à 16h, elle arrivaient parfois à la faire grimacer.
Cela faisait longtemps que la survivante n'avait pas ressenti tel manque. Sauter un repas ne lui avait plus posé problème depuis plusieurs mois, et elle ne comprenait pas pourquoi ce jour là particulièrement, elle en souffrait. Il lui était pourtant impossible de combler ce manque avant encore plusieurs heures, lors du repas à 20h. Certes, des collations pouvaient être prises au réfectoire à partir de 16h, toutefois son emploi du temps ne lui permettait pas de s'éclipser plus de cinq minutes.Et .. demander ce service à un autre habitant du bunker ne la tentait pas beaucoup plus, d'autant plus qu'il n'était pas certain ni que l'autre personne accepte, ni que les cuisiniers acceptent de donner plusieurs rations à un même homme. Elle se devait donc d'attendre.

Prenant son mal en patience, la médecin préféra concentrer son attention sur son travail et alternait ainsi entre certaines auscultations urgentes, la surveillance de certains blessés grave dans la salle de repos, et parfois le tri de dossiers en cours. Il y avait toujours du travail, là était l'avantage.
Ce fut alors qu'elle profitait de cinq minutes de répit qu'elle l'aperçu. Ou plutôt que lui l'accosta.

- Salut Leo ! J'ai un truc à te dire, t'as cinq minutes ?

La jeune femme releva les yeux sur un visage familier. Morgan Fisher, avec qui elle avait eu l'honneur de discuter quelques jours plus tôt, et elle l'espérait, avoir pu lui remonter le moral. Elle s'immobilisa en le voyant, le laissant même approcher.

- Hey Morgan, comment tu vas ? Oui oui bien sûr, qu'y a-t-il ?

Elle le détailla quelques secondes. Il avait l'air de bonne humeur. Sa curiosité était piquée, que pouvait-il avoir à lui dire ?

- Dis donc vous avez du sacré matériel ici... C'était fournis lors de la construction ou vous les avait ramener de l'extérieur ?

Leo l'avait suivit à l'intérieur de la salle, et même s'il lui parlait, elle s'était avancée jusqu'au bureau pour déposer les documents qu'elle avait dans les mains. Tout en les triant, légèrement penchée sur le meuble, une partie de son cerveau s'attardait sur les paroles du survivant pour y répondre.

- Hm ... J'dois t'avouer que je ne suis pas arrivée ici à l'ouverture du bunker, mais depuis que je suis là,
tout est ainsi. Mais je crois avoir entendu que c'était plutôt bien équipé oui.

La jeune femme releva les yeux sur le brun alors qu'elle glissait les dernières feuilles dans le dossier d'un patient. Une fois celui ci reposé sur la pile, elle se redressa, se consacra cette fois pleinement à l'homme qui lui annonçait sa nouvelle. Il était sélectionné pour une mission à venir. Face à cette information, un sourire étira délicatement ses lèvres, contente pour lui. Elle savait à quel point aller à la surface lui faisait envie et il ne lui était pas difficile de deviner sa joie. Toutefois, il serait mentir que dire qu'elle n'en avait pas été informée. Leo, à l'instar d'une dizaine d'autres survivants, ferait parti de cette même expédition, et malgré qu'elle ne soit pas leader, elle avait eu l'occasion de jeter un coup d'oeil au document officiel pour découvrir le nom de ses futurs coéquipiers.

- D'ailleurs, tu penses que ça pourrait être intéressant de faire un check-up complet ? Je veux dire, au moins je serais sûr que tout va bien avant le départ.

La médecin, toujours face à lui, prit quelques secondes pour répondre, le détaillant. Elle savait qu'il participait à de nombreux entraînements et qu'il soit capable de tenir le rythme montrait que sa condition était bonne. Toutefois, s'il s'agissait de sa première sortie à la surface ... Oui, ce serait peut-être nécessaire. Eleonor finit par hocher la tête, et alors qu'elle s'était appuyée sur le bureau, les bras croisés, elle se redressa.

- Oui, je pense que ça vaut le coup, je peux m'en occuper maintenant si tu veux. Tu as du temps devant toi ? Ca pourrait être un peu long.

Il y aurait des mesures classiques, s'assurer de sa teneur en sucre, sa tension, sa taille, son poids, vérifier sa vue, son audition. Une prise de sang certainement, puis sa respiration, avec ou sans efforts, ainsi que quelques autres points. Peut-être en profiterait-elle pour poser quelques questions purement théorique, vérifiant que mentalement, il était prêt à remonter à la surface, découvrir ruines et cadavres, mutant également. A cette pensée, une sueur froide la saisit, qu'elle s'efforça de dissimuler assez vite. Cela, et puis .. apprendre à le connaître, s'assurer qu'elle puisse compter sur lui un tant soit peu. Là dessus ... La norvégienne était assez méfiante.

- Aucun soucis, j'avais mon après-midi de libre après tout. Mon corps t'appartient pour cette durée, je te laisse faire ce qu'il faut.

En guise de réaction, Leo esquissa simplement un sourire amusé, sans plus rien ajouter. Ils étaient fixés, elle allait s'occuper de lui. Dans cette optique, elle se pencha quelques instants sur l'un des gros classeur posé sur le bureau et chercha dans celui ci le dossier du survivant. F, Fisher. Là. S'en saisissant, elle le parcourut des yeux rapidement tout en se dirigeant vers lui. 27 ans, ancien militaire, peu d'antécédents médicaux si ce n'est une opération en 2014. Blessure par balle, côte brisée et poumon perforé. La médecin devinait déjà qu'il en aurait gardé de lourdes séquelles. D'abord physiques, mais également mentales. De telles accidents hantaient durant de longues périodes. Aucun détail supplémentaire n'était ajouté, mais elle imagina que les événements s'étaient déroulés lors de son service obligatoire. Elle hésitait à poser d'autres questions cependant, cela n'aurait rien de médical, viserait simplement à satisfaire une curiosité indiscrète, presque impolie.
Une fois la page rapidement lue, Leo releva les yeux sur l'homme tout en refermant le document. Ses yeux s'attardèrent quelques instants sur son torse, glissant entre les traces de ses entraînements et les stigmates de ses douloureuses expériences. La vision de cette cicatrice lui remit en mémoire les quatre estafilades qui barraient son propre flanc. Aujourd'hui, alors qu'elles étaient en bonne voie de cicatrisation, ces entailles n'étaient plus que de longues cicatrices encore rouges et un peu gonflées, toujours douloureuses bien sûr, et terriblement laides, qui ne cesseront d'évoluer pendant encore plusieurs mois. Pour cette raison, à cause de l'aspect de son propre corps et puis simplement parce qu'elle avait suffisamment côtoyé de blessés grave dans sa courte vie, la médecin fut loin d'être choquée face à celle de Morgan. Ne comptez pas non plus sur elle pour avoir pitié, ce n'était pas son genre. Et à vrai dire, après ce simple coup d'oeil, elle garda une expression tout ce qu'il y a de plus professionnel avant de reprendre son travail.

La jeune femme posa le document qu'elle tenait entre les doigts sur le côté et glissa les embouts de son stéthoscope dans ses oreilles. Autant commencer par le début : vérifier sa respiration. Elle savait d'ailleurs qu'il s'agissait là d'un point très important le concernant, et après réflexion .. Peut-être la raison de cette si longue attente avant de devenir outsider. Gardant cette pensée pour elle, la jeune femme s'approcha pour commencer.

- Ca risque d'être un peu froid.

Et sans plus attendre, elle glissa le pavillon sur la peau du jeune homme. Attentive à son souffle, elle vérifia que l'absence de son poumon ne l'impactait pas de trop. Il semblait tenir ses séances sportives sans trop de mal, aussi son premier poumon devait il correctement compenser l'absence du second, chose qui d'ailleurs en soi, était assez impressionnante. Après lui avoir demandé de faire un effort pour prendre poul et rythme respiratoire sous ces deux aspects, elle prépara de quoi prendre sa tension puis faire une prise de sang.

Il était étrange d'entendre la respiration d'un homme dont un seul poumon était fonctionnel. A vrai dire, Leo n'avait jamais eu l'occasion d'être confronté à pareil cas, et cela attisait sa curiosité. Autant du point de vue purement scientifique : comment le corps de cet homme fonctionnait, de quelle manière parvenait il à compenser l'absence de cet organe ? Puis finalement, tout à fait personnel : comment allait-elle gérer ce facteur là ? Puis elle y réfléchissait, plus la médecin était persuadée que ce handicap était responsable des appréhensions des leaders et hauts gradés face à la possibilité de le prendre dans le rang des outsiders. Et bien sûr, elle aussi se posait des questions. N'en serait il jamais pénalisé ? Pourrait-on compter sur lui ? Se devait elle de valider ce dossier ?
Elle avait tendance à penser que oui. Même si ses résultats étaient loin d'atteindre les performances d'un sportif de haut niveau, il restait dans une moyenne acceptable, et à l'inverse, avait l'avantage de l'expérience du combat, et peut-être son corps aussi, habitué à de difficiles conditions. Peut-être était ce finalement un avantage : sa faculté d'adaptation. Tous le savaient, si l'un de nos sens était défaillant, alors d'autres se développaient, devenaient plus sensibles, plus affûtés pour combler ce manque. Lui était parvenu à faire de même avec l'oxygène. Du moins était ce les seules déductions qu'elle pouvait faire. Il ne pouvait absorber plus d'air que les autres, toutefois devait il consommer plus d'oxygène, et mieux l'utiliser. Finalement ... C'était assez impressionnant. Etait ce au détriment de certains organes, mis en pause, qu'il parvenait à assurer certaines performances physiques ? Ou ses muscles économisaient ils cette molécule vitale, l'utilisaient à meilleur escient, sans le moindre gâchis ? La jeune femme était intriguée. Toutefois, elle se refusait de voir Morgan comme simple puzzle tridimensionnel, ou plutôt un automate, une machine dont les rouages différaient des autres hommes. Pour de nombreux êtres, elle se demandait quel était l’intérêt de leur cerveau, si l'esprit qui l'habitait était vraiment doté de conscience. Finalement elle les percevait comme des extraterrestres dont le corps lui était semblable. Cependant, elle ne se posait pas la question avec lui. Pour le moment .. Morgan ne lui faisait pas cette même impression d'étrangeté. Elle ne se sentait pas à l’écart avec lui, parvenait à communiquer. Loin d'elle l'idée alors de le considérer comme une bête de foire.

Plongée dans ses pensées, l'outsider demeura silencieuse alors qu'elle récupérait le matériel pour la prise de sang et sa prise de tension. Elle commença justement par ce dernier point et s'approcha de l'ancien militaire pour enrouler autour de son bras le scratch.

- Dis moi, as-tu déjà fait face à la mort ?

Elle avait le visage baissé pour regarder ce qu'elle faisait. En l'entendant, elle fronça quelque peu les sourcils, étonnée par la question. Etrange question, plutôt désagréable finalement. Devant ses yeux apparurent bien vite des visages, des scènes, rapides. Il y avait ces morts sur le bord de la route, dont en vérité, elle n'avait cure. Le souvenir désormais flou de sa mère, qui lui serra violemment le coeur. Les traits, bien plus nets, d'un survivant à la surface, qui avait retiré son masque, baissé son arme. Cet homme qu'elle avait trouvé terriblement menaçant, à maintenir une main dissimulée sous sa veste, et sur qui elle avait vidé son chargeur en apercevant un éclat métallique entre ses doigts. A cette pensée, elle sentit le médaillon autour de son cou brûler sa peau. Un collier qui entourait son cou depuis ce jour, symbole de la culpabilité qui l'étranglait encore 9 mois plus tard. Puis défilèrent le visage de connaissances, d'outsiders, les recrues qu'elle avait sous ses ordres et sa protection trois semaines plus tôt, disparues sous ses yeux sans qu'elle n'ai rien pu faire. Trop d'êtres, de visages qui la hantaient encore.
Eleonor resta silencieuse quelques secondes, même immobile. Courtes secondes qu'elle laissa s'égrener sans y penser. Finalement elle hocha la tête, effaça comme d'un coup de brosse sur un tableau noir ces vieux souvenirs. Elle reprit vite contenance, masqua ces émotions qu'il avait déclenché en elle derrière une expression des plus professionnelles.

- Comme n'importe qui j'imagine.

Elle se reconcentra sur son travail, prit sa tension, mais elle ne pu s'empêcher de rajouter quelques mots, sombres mais terriblement objectifs.

- Tu vas retourner à la surface, il faut que tu aies à l'esprit que tu pourrais perdre des membres de ton escouade là bas. Des amis peut-être, qui sait. Y survivre est plus difficile qu'on ne le croit, Je sais de quoi je parle.

5 mois. Ca avait été suffisant pour lui rappeler la sauvagerie de l'homme, son impulsivité, sa violence, sa stupidité. Désormais, même les animaux étaient à craindre, les mutants. Cela, elle ne le découvrait que depuis peu. Au début, ils étaient rares, assez même pour qu'elle n'ai jamais été confrontée à eux. Désormais, ils apparaissaient comme un nouveau danger, terrible facteur à prendre en compte. Son idée de quitter un jour le bunker, reprendre sa vie de nomade à la surface était assez compromise finalement.
La médecin se rendit finalement compte qu'elle avait été loin d'être rassurante. Certes, elle n'était ni pour le mensonge, ni pour l'hypocrisie, mais .. elle aurait pu être moins directe. Elle finit par relever les yeux sur ceux du militaire et chercha à se rattraper. Qu'est ce qu'elle était à cran, impulsive récemment ..

- Enfin ... Tu dois pouvoir compter sur les autres, tout devrait bien se passer.

La norvégienne esquissa l'ombre d'un sourire, se voulant rassurante, alors qu'elle défaisait le scratch pour se saisir du garrot. Une fois celui ci mit, elle prit l'aiguille, et après quelques secondes, la glissa dans l'une des veines de son bras droit.

Une légère tension se fit ressentir sur sa manche alors même qu'elle se tournait pour rejoindre la petite table amovible, laissée à quelques pas. La jeune femme s'immobilisa net, et sans chercher à se dégager, elle se tourna vers celui qu'elle pouvait à l'instant considérer comme son patient. Pourquoi la retenait il ? La médecin eu sa réponse assez vite. Morgan prit alors la parole, se confia, lui conta son histoire sans qu'elle ne comprenne immédiatement la raison de ces confidences. Ainsi Leo apprit-elle l'origine de cette cicatrice qui s'étendait sur son flanc gauche, celle là même qui s'accompagnait de la défaillance de son poumon. Plus que de découvrir comment il avait perdu cet organe, elle apprit comment il l'avait vécu, mais également tout ce qui avait accompagné cette embuscade. Le décès d'une grande partie de ses camarades, sa culpabilité alors qu'il demeurait l'un des rares survivants, sa difficulté à s'extirper de ces difficultés, tant physiques que psychologiques. Ses angoisses, ses remords certainement. Puis enfin, ce rapprochement qu'il faisait avec elle. Leo n'était pas certaine que l'ancien militaire l'ai correctement cerné, du moins, qu'il ai correctement deviné l'origine de ce regard sombre qu'elle avait eu. Contrairement à lui, selon la vision qu'il venait de lui donner, la norvégienne ne regrettait pas d'être en vie. Elle était une battante, trop solitaire pour se lier à qui que ce soit. Ainsi, personne pour elle ne méritait qu'elle se sacrifie. Il s'agissait là d'un acte d'amour, de forte amitié, des rapports qu'elle n'avait avec personne. Aussi, malgré son désir de sauver le maximum de personne, de venir en aide, médicalement parlant, au moindre blessé, elle n'était pas prête à donner sa vie pour celle d'un demi inconnu, ou d'un être qu'elle n'appréciait pas. De même, n'aurait elle pas voulu être celle qui trépassait à la place de l'un de ses coéquipiers. Peut-être dirait elle tout à fait l'inverse dans une vrai situation, mais à y réfléchir, maintenant, la jeune femme était persuadée que jamais, elle ne regrettait d'être la survivante parmi d'autre, en majorité morts. Leo n'était pas lâche, ne fuyait pas devant l'adversité, n'abandonnait pas ses camarades. Mais si eux y perdaient la vie .. Et bien c'était ainsi. Elle était heureuse d'être encore debout.
Aussi, si Morgan croyait que c'était ce genre de sentiment qui l'habitait, ce genre de pensées qui la troublait, il avait tord. Toutefois, il n'avait pas tord sur tout. Plusieurs autres émotions la traversaient, d'autres idées l'angoissaient, et oui, qu'elle n'avait jamais confié à personne. Sa culpabilité avant tout. Cet horrible sentiment qui la possédait depuis plus de 10 mois, depuis qu'elle se devait de survivre. Cette apocalypse l'avait poussée dans ses retranchements, animant certains de ses défauts qu'elle aurait préféré gardé au fond d'elle. Le besoin de survivre coûte que coûte l'avait rendue terriblement méfiante, parfois égoïste, et horriblement stupide. Cette peur viscérale qui l'avait possédée les premières semaines l'avait, pendant plusieurs mois, rendue impulsive, la poussant à commettre ses premiers crimes sous la paranoïa. Elle s'était alors jurée de ne plus jamais laisser parler ses émotions, de rester à jamais objective, de ne pas agir sans réfléchir, ou sous la peur. Aujourd'hui, c'était ce besoin de contrôle, cette responsabilité qu'elle avait accepté qui avait rallumé cette vieille émotion. Pour certain, c'était la flamme de l'amour qui était ravivée. Dans son cas ? Le remord.

Avait elle besoin de parler ? De se confier ? A quels propos ? Qu'y aurait il à dire ? Morgan ne semblait pas avoir visé juste. Elle n'était pas du genre à se confier. La question devrait être réglée assez vite. Pourtant à cette idée, elle sentit un pincement dans sa poitrine, désagréable. Ce serait faire une croix sur une oreille attentive, une âme peut-être véritablement attentionnée, sans arrière pensée. Un ami, peut-être aussi.

Non. Hors de question qu'elle y cède. C'était trop risqué.
La médecin esquissa un sourire, peut-être paraissant plus sincère cette fois. Comme si elle était véritablement touchée par cette attention. C'était d'ailleurs en partie le cas, toutefois sa méfiance habituelle la poussait à ne pas y croire, à ne pas espérer. Mieux fallait qu'elle reste seule.

- Ca va, ne t'en fais pas pour moi.

Sans attendre de réponse, elle se retourna pour finir ce qu'elle avait commencé. Elle s'approcha de la tablette, se saisit d'un marqueur et inscrivit le nom du futur outsider sur le tube. Une fois celui ci reposé, elle glissa machinalement le stylo dans sa poche avant de revenir vers lui.

- Je vais prendre poids et taille. Pour le reste tu pourras te rhabiller. Je n'ai pas besoin de voir tes abdos pour vérifier ta vue.

Petite tentative d'humour, en espérant que cela permettra qu'ils changent de sujet. Par la suite, elle l'emmena jusqu'une balance digitale.

La jeune femme reprit son travail de façon bien plus professionnelle les quelques minutes qui suivirent. Le dossier de l'homme calé dans le creux de son bras, elle utilisait sa main droite, tenant elle même entre ses doigts un stylo noir, pour réajuster les deux appareils de mesure. Sa taille était constante, chose logique à cet âge, toutefois il avait perdu un peu de poids. Une observation tout aussi naturelle en vue de sa condition de vie actuelle. Les rations surveillées, le sport, la fin du monde avait fait perdre un tour de taille à bon nombre d'entre eux. Toutefois lui .. Pas tant que cela, signe qu'il avait déjà un mode de vie correct et une bonne condition physique avant son arrivée dans le bâtiment souterrain.

Une fois ses mensurations prises, la médecin se recula un peu. Plus à droite, sur le mur était étendue une affiche sur laquelle différentes lettres, de taille différentes étaient inscrites. Une fois que que Morgan se fut rhabillé, elle lui désigna le large document en lui demandant simplement de lire une par une les lettres. Un sans faute. Inutile de lui faire un examen plus approfondis, cela serait largement suffisant à la surface. Puis vint le test auditif. Un casque, relié à un boitier duquel elle pouvait commander les sorties sonores. Lui devait simplement dire d'où lui parvenait les sons. Là aussi, il ne fit aucune erreur, malgré certaines hésitations face aux plus inaudibles.

- Bon bah tout est impec. Ton souffle n'est pas au mieux évidemment, mais à moins que tu n'aies à plonger, il n'y aura aucun problème.

La jeune femme esquissa un sourire et referma le dossier du militaire. Il allait pouvoir remonter à la surface d'ici peu.