Deux hiboux dans la nuit

ft. Vaas Montenegro

D’accord, elle n’aurait pas dut l’ouvrir. Adrian n’est pourtant pas une grande bavarde mais il lui avait semblé important d’assoir son autorité pourtant inexistante face à un gardien de nuit. Pourquoi se la ramenait-elle comme ça ? Peut-être pour se sentir supérieur encore une fois. En tout cas elle ne le refera plus, enfin pas face à lui. Elle avait inscrite dans son esprit : personne dangereuse, psychopathe à éviter de taquiner. Non parce qu’à force, ce n’était pas si drôle que ça. De toute façon, Adrian avait une vision de l’amusement biaisée par rapport à une personne normale, elle devait encore apprendre à se « normaliser » sur ce point-là. Et vite parce que le gras en face d’elle qui lui faisait la morale tout en la bousculant n’avait pas l’air de s’amuser non plus.

D’un tour de passe-passe, elle s’était retrouvée enfant perdue dans l’obscurité face à une bête très peu humaine finalement. Elle avait eu ce mouvement de recule que l’on qualifie d’instinct de survie, elle était bloqué par la table, face au gardien qui exerçait une présence assez forte. Ses propos étaient d’un certain sens violents, moralisateurs et quelques fois affectueux. Adrian avait du mal à en comprendre le sens. Et tout le long de son discourt, elle avait choisie de se taire, de ne pas réagir et de laisser couler cette déferlante de paroles incompréhensibles. Adrian s’était toujours sentie en sécurité dans ce bunker. Faisant partie de l’élite des outsiders, l’escouade Alpha, ayant quelques personnes la protégeant, elle n’avait jamais pensé être en danger dans cette prison. C’était peut-être faux, peut-être devait-elle vraiment avoir peur face à lui ? Devait-elle prendre ses menaces aux sérieux ?

Alors qu’il la libérait enfin, tournant les talons pour disparaitre dans la nuit, Adrian fut soulagé d’un poids. Au final, rien de vraiment très grave s’était passé, elle était toujours en vie, seule dans la nuit. La mécano regarda autour d’elle comme pour redécouvrir la salle dans laquelle elle se trouvait. Tout semblait si silencieux d’un coup. Elle retrouvait la calme si apaisant, si angoissant du bunker la nuit. Elle n’avait toujours pas les réponses à ses questions mais le travail continuait. Que ce soit pour comprendre le genre humain ou pour alimenter des machines, elle était accro au travail et n’abandonnait jamais. Sa petite torche porte clef illuminait toujours les plans sur la table, cette même table où elle avait confronté cette personne dangereuse. Elle balaya mentalement les dernières brides de pensées qui concernait cet étrange et intriguant gardien de nuit et se repencha sur son œuvre, non sans quelques soupires de soulagements.