- Ce petit bouton, c'est pour enlever le chargeur déjà présent dans l'arme. [...] Ensuite, t'as juste à enfoncer le chargeur et tirer fermement le chien vers toi pour mettre la balle dans la chambre

Tout en le disant, elle m'illustra ses propos en me le montrant. Elle avait vraiment l'air de savoir ce qu'elle faisait : aucuns gestes inutiles, ces mouvements étaient fluides et sans aucune hésitation. C'était dingue tout de même qu'une si jeune femme pouvait en savoir autant sur les armes. J'éprouvais du respect pour Elia. Non seulement elle n'était pas lus vieille que moi mais elle en savait autant sur la vie, si ce n'est même plus. D'ailleurs depuis la catastrophe, alors qu'il m'arrive d'être complètement déboussolée pour elle c'est juste un quotidien.

Je l'enviais. Je n'étais ni timide ni hésitante, mais j'enviais son assurance. Je l'observais manier l'arme avec précaution mais rapidement.

- Tiens amuse toi.. Tu sais.. Je suis contente de te connaître, au départ j'avais peur de bosser avec des gens, mais j'ai confiance, on fera une bonne équipe toi et moi

Avec moins d'assurance, j'imitai ses gestes. Je faisais tout comme elle me l'avait montré et ça avait l'air de marcher. Lorsque j'eu terminé je lui rendis un grand sourire.

- Merci !

Avant de me remettre à tirer je rajoutai :

- Surtout pour les missions qui vont nous être confié, je pense que la confiance c'est important. Je suis contente que l'on ai pu se la donner mutuellement. En tout cas tu as la mienne, je sais que je pourrais regarder droit devant moi si je sais que tu surveilles mes arrières.

C'était un beau compliment de ma part. En quelque sorte je savais que je pouvais lui confier ma vie entre ses mains. Normalement je n'aurais pas accordé une pareille confiance à quelqu'un que je ne connaissais pas. Mais dans ces conditions aussi difficile, je ne pouvais pas me permettre d'avoir le luxe d'attendre des mois avant de la lui accorder. Heureusement que nous nous sommes tout de suite bien entendu. Même en ces lieux, même si c'est difficile pour tout le monde, je ne me priverais pour remettre quelqu'un à sa place si je ne l'apprécie pas.

Je vida mon second chargeur sur la cible. Parmi la dizaine de balle que je tirai, deux atteignirent la tête. Un bon début pour une première séance, après les conditions à l'extérieur ne seront pas aussi tranquilles qu'aujourd'hui, mais je ferais de mon mieux. Je posa ensuite mon arme sur la banque après avoir retiré le chargeur vide.

- J'espère que l'on s'entendra avec le reste de l'escouade... Sinon ça risquerait d'être délicat... Je veux pas avoir à confier ma vie à quelqu'un que je n'apprécie pas.

Vraiment, la jeune femme était adorable. Nous partagions la même façon de voir les choses... Du moins sur ce point là.

- T'as bien raison... D'ailleurs, si tu es partante, j'aimerais que notre escouade soit vraiment une famille... Que l'on se protège l'un l'autre... C'est le meilleur moyen de réussir nos missions avec brio. Et puis qui sait... On remplacera peut être l'escouade Zulu.

Je lui souris et m'accoudai sur le comptoir.

- Je suis d'accord avec toi pour la première partie. Ce n'est pas tellement de réussir nos missions avec brio qui m'importe mais plutôt que l'on puisse tous rentrer en un morceau... Quand à la seconde partie, je suis certaine que tu aurais pu faire partie de cette escouade ou même la remplacer à toi toute seule mais je doute que ça soit la même chose pour moi.

Lui répondis-je avec une pointe d'humour. Ce n'était pas totalement faux surtout, Elia avait les capacités d'une vraie survivante, ce qui n'était pas mon cas ayant grandis dans la paix et la joie.

- Je préfère attendre de rencontrer ces autres membres avant de dire que l'on forme une famille, mais en tout cas, je sais que toi, je peux te considérer comme tel.

Nous étions maintenant partie pour un bout de temps ensemble, jusqu'à ce que l'une de nous ne trépasse. J'espérais que ce jour arrive dans longtemps. Dans le bunker, rare était les familles réunis. Beaucoup avaient perdu leurs proches ou se sont retrouvé séparés, sans aucunes nouvelles. Ce sont des temps durs pour tout le monde. Mais même si ce n'était qu'une famille de substitution, parfois cela pouvait faire du bien de rencontrer et d'être avec des personnes que l'on pourrait considérer comme de sa propre famille, des personnes a qui l'on pourrait tout dire, se confier... Si j'étais focalisée sur la recherche de mon fiancé, en revanche j'espérais également trouver de genre de personne au sein du bunker.

- - Merci... Merci Énormément...

Elia sauta dans mes bras. Je fus étonnée de ce geste d'affection soudain mais ma surprise ne dura qu'un instant. Je lui rendis son étreinte en passant un bras dans son dos et une main sur sa tête en la caressant doucement. Je l'entendais sangloter doucement, mais niché ainsi au creux de mon épaule, personne n'aurait pu le savoir.

- Tu n'as pas à me remercier tu sais ?

Je lui parlais doucement.
Je n'avais jamais eu de petite soeur, j'étais enfant unique, mais j'en ai toujours demandée une à ma mère. Au début, c'était pour avoir une compagne de jeu et une poupée vivante, comme tout les enfants. Mais c'est aussi que j'ai toujours voulu être grande soeur, m'occuper de ma petite soeur lorsqu'elle ne va pas bien, lui faire découvrir le monde...

Si il y avait du bon dans cette catastrophe c'est qu'elle permettait de refaire sa vie.

- Sache que si tu as un soucis ou que ça ne va pas, tu pourras toujours venir me voir pour me parler ou même, juste pour qu'on se tienne mutuellement compagnie.

Je continuai ensuite de lui gratouiller la tête jusqu'à ce qu'elle se calme. Après tout, elle n'a jamais eu vraiment d'enfance, il était normal que de temps à autre ce temps la rattrape. Et puis, elle était encore jeune et était bien trop mature pour son age.

Elle s'essuya le visage et me dit alors :

- Je.. Je vais y aller.. J'ai besoin de me reposer un peu.. Continue de tirer, tu es douée.. J'espère te revoir vite...

- Oui, merci. J'espère aussi te revoir bientôt !

La jeune fille s'en alla. C'était une petit séance de tir, rapide mais j'avais, non seulement appris un peu plus, mais en plus je m'étais faite une amie au sein du bunker et même de mon escouade. C'était plutôt bon non ? J'espérais sincèrement revoir rapidement la demoiselle, elle était la petite soeur que je n'avais jamais eu. Mais dans un autre sens, je commençais à me demander si c'était bon de s'attacher autant à des camarades d'escouades, les sorties en dehors du bunker sont si dangereuses à ce que l'on m'a raconté.