Et t'oses appeler ça de la bouffe ?!

ft. Liz Harvey & William L. Blacklock

       
   

Savez-vous pourquoi ne voit-on jamais Big Daddy dans le réfectoire ? Tout simplement parce qu'il a fait abus de son pouvoir pour se faire amener une portion spéciale directement dans son bureau. Rien de bien méchant, bien que cela soit contre les règles. Alors pourquoi s'était-il ramené dans cette salle, vers la fin du service ? Et bien le hasard avait voulu punir quelqu'un. Qui ? Cela n'allait pas tarder à se faire savoir. Le haut-gradé savait déjà qu'il allait encore devoir régler des comptes avec le reste des hautes sphères, mais c'était précisément ce qu'il voulait. Ainsi, il serait bien plus rapide d'exposer un problème dont la gravité s'intensifiait de jour en jour. Car malgré ce que beaucoup de monde pouvait penser, Brian veillait à ce que tout aille pour le mieux au sein du bunker, et c'était précisément pour ça que le Président ne l'avait pas encore expulsé de sa fonction. Comme quoi, malgré ses méthodes, il arrivait à obtenir des résultats plus que convenables.

Mais revenons-en à l'instant présent. Big Daddy était enfin arrivé dans la salle en s'étant déjà fait remarquer par l'immense coup de pied qu'il avait donné dans la double porte battante ainsi que l’assiette à moitié pleine qu'il avait en mains. Bien évidemment, tous les bruits ambiant se turent et le haut-gradé entendait déjà les murmures d'interrogation. Ils n'étaient ni plus ni moins que des témoins inutiles, mais bon, ils voulaient du changement ? Ils allaient être servis. Toujours en plein dans sa mise en scène, Brian avança lentement vers la table centrale avant de monter dessus, puis il domina l'endroit du regard pour violemment jeter les restes de son repas à terre. Bien évidemment, il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin et pour la suite, il se mit à hurler :

C'est qui les responsables de la bouffe ici ? J'ai demandé de la nourriture, pas de la merde assaisonnée pour ce midi !!!

En attendant de pouvoir faire déferler sa rage sur les cuisiniers, le haut-gradé redescendit de son piédestal et continua de lancer des éclairs sur la petite foule présente. Même si personne n'avait encore osé dire un mot, il était évident que cela n'allait pas tarder, que ce soit les concernés par l'invective de Big Daddy ou non.
   

Et t'oses appeler ça de la bouffe ?!

ft. Liz Harvey & William L. Blacklock

       
   

Ah, ça daignait enfin se montrer ! Même si, au final, peu de monde avait réagi, enfin pour être précis, peu de monde avait osé se manifester en présence de Brian, il avait au moins retenu l'attention de deux personnes. Tout d'abord un outsider du nom de... Wiliam ainsi que celle d'une femme plus fine qu'un des bras de Big Daddy semblant travailler en cuisine, ce qui, somme toute, allait de soi. Par contre, son attitude avait eu le mérite de faire sourire le haut-gradé. Elle faisait montre de son caractère et c'était préférable à la vision d'une soumise incapable de faire quoi que ce soit mis à part pleurnicher. Par contre, les pendules avaient besoin d'être remises à l'heure.

On a de la gueule, c'est bien. Par contre, va falloir que tu saches un peu plus comment ça fonctionne par ici. Moi, c'est Brian, directeur du service de sécurité du bunker, alors tu vas baisser d'un ton maintenant et tu vas bien imprimer dans ton cerveau ce que j'vais te dire.

Il ne criait plus, mais ce n'était pas pour autant qu'il avait délaissé son ton intimidant. Certes il n'allait blesser personne, déjà parce qu'il y avait des témoins et aussi parce qu'il n'avait pas envie de frapper une femme au joli visage, pour autant, tout dans son attitude indiquait le contraire. En même temps, ce n'est pas aisé de paraître inoffensif lorsqu'on a la carrure de Brian.

Je sais parfaitement qu'au niveau des ressources, en ce moment, c'est pas joyeux. Je sais aussi que vous faites tout ce que vous pouvez pour que tout le monde soit nourri. Pour autant, il est impératif que les personnes importantes aient le ventre rempli, non ? Que se passerait-il sans nous ? Tu crois vraiment que vous pourriez vivre tranquillement terrés sans un minimum d'autorité et de règles de vie ? Non, non et non ! Alors pour éviter que ça arrive, il faut qu'on soit dans les meilleures conditions possibles.

Et c'était reparti pour un long discours qui, bien que sortant très rarement de la bouche de Big Daddy, avait de quoi rapidement énerver les personnes qui étaient déclarées comme n'étant pas du "bon camps".

J'me casse le cul pour que vous tous, larves écervelées, commença-t-il en désignant tout le monde dans la salle avec un mouvement de bras, puissiez ne pas craindre les menaces extérieures. Grâce à moi, le taux d'incident a baissé de 15% en quelques semaines. Alors le moins que vous puissiez faire, c'est de reconnaître que le personnel gradé se doit d'avoir des privilèges. Et je n'en demande pas beaucoup, mais ça passe par de la bouffe décente et des repas équilibrés. Compris ?

Big Daddy marqua une pause. En avait-il fini ? Apparemment, pas tout à fait.

Alors maintenant, si t'as envie que je te respecte comme il se doit, fais-moi ce que je t'ai demandé. Et à moins que t'aies une bonne raison de ne pas pouvoir le faire, compte sur moi pour revenir tous les jours t'emmerder. Et toi là, dit-il en pointant du doigt William, j'sais que t'es un outsider, j'ai eu ton dossier. Ça fait combien de temps qu'on te file cette merde ?
   

Et t'oses appeler ça de la bouffe ?!

ft. Liz Harvey & William L. Blacklock

       
   

Finalement, le bout de femme était plus fragile qu'il n'y paraissait au premier abord. Pour le coup, Brian aurait presque pu se sentir mal, mais il avait d'autres chats à fouetter et une réputation à tenir. Toutefois, il ne manqua pas de se montrer moins menaçant, si tant est qu'il était possible de le faire. À la remarque de Wiliam, Big Daddy prit une gorgée d'eau, mais ne trouva pas qu'elle avait un goût différent de celui de la flotte qu'il avait l'habitude de boire. Par contre, elle était très rêche.

Elle m'a l'air normale ton eau mon gars. J'demandrai quand même à nos rats de laboratoire d'aller l'examiner.

Puis se tournant vers Liz il ajouta : Je veux bien les examiner, oui. Suivant ce que je verrai, je nettoierai derrière moi ou pas.

Et discrètement, il lui fit un clin d’œil signifiant qu'il avait compris qu'on lui cachait des choses et ce n'était pas étonnant. Depuis qu'il était entré en fonction, Brian découvrait de nouvelles choses chaque jour et en était exaspéré. Il en aurait le cœur net en suivant la cuisinière, là où il y aurait certainement moins d'oreilles et de bouches pour colporter. Malheureusement, suite à l'entrée fracassante du haut-gradé, les rumeurs allaient fuser et Liz risquerait certainement d'avoir des représailles. Autant Big Daddy se fichait des personnes avec lesquelles il n'avait pas à faire, autant dans le cas de la jeune femme, il ne voulait pas qu'elle subisse des conséquences inutiles par sa faute, ce serait le moyen qu'il obtienne de nouveaux problèmes inutiles.

Allons-y dans ce cas.
   

Et t'oses appeler ça de la bouffe ?!

ft. Liz Harvey & William L. Blacklock

       
   

Les premiers mots qui s'échappèrent de la bouche de la cuisinière firent froncer les sourcils de Brian. Bien qu'il ne soit pas au courant de tout ce qu'il se passait, car après tout, il avait son propre département à gérer et les autres hauts-gradés les leurs, il commençait à sérieusement se poser des questions quand à ce qu'ils faisaient durant leurs journées. Il finissait par croire que mis à part Collins, Chester et lui-même, aucune des têtes dirigeante ne se bougeait le cul... Et ça, en plus de l’exaspérer et lui donner du travail supplémentaire, le forçait à s'enquérir de situations qui, si les choses fonctionnaient bien, n'auraient jamais dû être mises en relation avec lui.

Dans l'immédiat, ce qu'il se passait en cuisines aurait normalement dû être géré par le département scientifique uniquement, mais vu que Brian était directement concerné par ce qu'il mangeait... Il finit donc d'écouter Liz tout en réfléchissant à comment il pourrait accélérer le processus. Il y avait bien un magasin plus au nord, peut-être qu'il y restait encore des choses à manger. Y envoyer deux escouades ne serait pas de trop.

Écoute ma jolie, t'as bien fait de venir m'en parler. Pour le coup, je vais aussi te dire quelque chose qui ne doit pas être su : j'ai pas confiance dans les autres haut-gradés. Il n'y a que Collins qui fait son boulot bien qu'il récompense son fils de trop et le Président en qui j'ai une confiance presque aveugle. Pour le reste, plus vite ils seront rétrogradés, mieux j'm'en porterai.

Ça c'était sorti. Pour le coup, Big Daddy s'en sentait plus tranquille, bien que la situation, se dégradant de jour en jour, pesait sur son esprit bien plus qu'il ne se l'avouait.

J'irai forcer la main des scientifiques pour qu'ils passent l'inspection de nos denrées alimentaires en priorité, quitte à ce que je me fasse encore engueuler, autant que ce soit pour la bonne cause. Et pour la viande, c'est très grave et je ne peux rien y faire. Cependant, j'ai une idée qui pourrait nous donner un peu de mou à tous. Et c'est là où toi, William, tu pourras être utile. Considère ça comme un paiement pour la dame.

Brian plaça ensuite la main sur l'épaule de Liz dans un geste purement paternel.

À l'avenir, si t'as encore un problème, passe directement par moi. Et si tes supérieurs essaient de te cacher des choses, envoie-les dans mon bureau, je m'en occuperai personnellement. Sur ce, garde la tête haute et ne flanche pas devant plus grand que toi. T'es encore en vie et en parfaite santé. Si t'as rien d'autre à ajouter, file-moi de quoi nettoyer et je me chargerai de ce que j'ai mis au sol.