Quand je vis Lynch revenir vers nous, je poussai un soupir de lassitude et d'assurance mélangées. Il était vivant... On avait entendu aucun coup de feu et il ne semblait pas être inquiet. Mon côté encore innocent me donna l'envie de courir jusqu'à lui, de le serrer dans mes bras ou je ne sais quoi, mais cette idée ridicule sortit de mon esprit et je me contentai d'afficher un sourire quand il s'approcha de nous. Je ne lui posai pas de question, pas de « alors? Alors ? » car je savais que ce n'était ni le moment, ni son envie. La personne qu'il avait vu était une connaissance à lui, il avait peut-être négocié notre survie et ce n'était pas le moment de chipoter. Mais la curiosité était dévorante, car je savais qu'il avait vu quelqu'un à qui j'avais parlé. Un membre du bunker... Peut-être quelqu'un de l'escouade précédente. Mais dans ce cas, pourquoi revenait-il seul ?

« Toute cette merde n'a aucune putin de logique... » me surpris-je à penser tandis qu'il prenait la parole.

Ni une ni deux, je ramassai à nouveau mon sac, glissai mon flingue à ma ceinture et repris avec moi mon arme principale. Ce n'était pas grand chose au vue de mes compétences, mais je me sentais bien plus en sécurité ainsi.
Commençant à fouiller les salles, je ne tardai pas à voir un fusil mitrailleur. Je ne savais absolument pas quelle était l'efficacité de cette arme, mais il valait mieux que je la montre à Lynch au lieu de m'en équiper bêtement. Continuant à fouiller les tiroirs et les meubles, je ne trouvai rien d'intéressant et je retournai dans le couloir pour attendre les autres. Quand je vis que Lynch avait trouvé un gilet pare-balle, je fus de nouveau rassurée. Il était déjà blessé, ça ne pouvait qu'aller mieux pour lui. Quand j'avisai la glacière pleine de médicaments de Lewis, je retins un rire amusé. Il n'y a pas à dire, lui à la chasse aux trésors étant petit, il devait assurer.

Lynch, j'ai...

Je n'avais pas terminé ma phrase que je sentis la glacière me heurter brutalement la jambe, me déséquilibrant sur le coup. Voyant Lynch s'effondrer au sol à côté de moi, je me rattrapai in-extremis à une poignée de porte avant de voir Lewis appuyer sur le bouton.

Putin, Lewis !!

Il ne m'entendit pas, ou m'ignora, et je ne pus que constater les portes se refermer sur son visage déterminé. Mais que faisait-il, bordel de merde ! J'avais senti son impulsivité, je savais qu'il était dans un état de rage... Mais de là à partir tout seul, c'était du suicide !
Appuyant frénétiquement sur le bouton d'appel, je ne pouvais que voir les chiffres défiler sans que rien ne change. Bordel...
Me penchant sur mon leader, je glissai une main sous son bras pour le remettre sur pieds. Voilà, de trois, nous passions à deux... C'était des pronostiques logiques, quand on regardait des films de guerre. Lui glissant l'arme que j'avais trouvée dans les mains, je repris correctement la mienne et me filai vers la fenêtre, espérant au fond de moi que je ne verrai pas un abruti enragé au volant d'un humvee.

Mais... Décidément, je ne comprendrai jamais les hommes.
Je voyais le humvee sortir des décombres avec un grand bruit, grimaçant sur le fait que ça allait sans doute attirer des mutations. Déjà qu'un hélico c'était pas discret, y'avait plus qu'à espérer que tout ce qui était susceptible de rappliquer se jetterait à la poursuivre des véhicules. Oui, c'était égoïste, et je l'avouais avec difficulté, mais nous n'avions pas le temps de se répandre en larmes ou de se replier sur soi, non c'était le moment de profiter de cette chance pour bouger notre cul de cet enfer. Me tournant vers Lynch, je vis qu'il patientait devant les portes d'ascenseur et je me saisis de la glacière avant de le rejoindre. Quand nous pûmes enfin monter dans la cabine, il écrasa le bouton menant au garage et je posai mon fardeau avant de pointer mon arme vers l'ouverture.

« Allez... Juste des bagnoles, rien d'autre... »

Quand nous atteignîmes l'étage inférieur, je poussai un soupir de soulagement en constatant le véhicule militaire, intact. Sans attendre, on balayai la zone rapidement pour vérifier qu'elle était libre, et je jetai notre butin sur la banquette arrière avant de me glisser derrière le volant. Inutile de demander à Lynch si je conduisais ou non, avec sa jambe c'était peine perdue... Je m'en voudrais de mourir dans un accident de voiture quand on avait frôlé la mort avec des chiens et des connards armés.
Plusieurs longues minutes s'étaient écoulées depuis que Lewis avait déserté... Ils devaient être loin, et à moins de jouer au rallye, nous ne risquions pas de les rattraper de sitôt s'ils ne s'arrêtaient pas. C'était un petit con, et je ne le connaissais absolument pas, mais j'étais suffisamment humaniste pour espérer qu'il s'en sortirait et que je le retrouverai à peu près indemne à l'infirmerie.

Ok... Je nous sors de là, dis-je en allumant le contact. On a assez d'essence pour rentrer... Si ça c'est pas de la chance...

Lâchant un rire crispé, j'appuyai alors sur l'accélérateur et nous dirigeai vers la sortie du parking. Elle ne donnait pas sur le même côté de la rue par laquelle nous étions entrés, mais quand la lumière de la lune nous éclaira de sa lueur froide, il ne semblait pas y avoir une âme qui vive. Ne préférant pas allumer les phares de suite, je profitai du fait que les artères étaient larges, suffisamment pour que les rayons nocturnes nous permettent de voir suffisamment tant que je me montrais prudente. Si Lynch souhaitait qu'on s'illumine comme un sapin de noël, il me le dirait... et j'espérai qu'il avait une bonne raison de le faire. Soyons heureux, la tempête s'était calmée et le ciel était de nouveau quasiment dégagé.